Accord EAU-Israël : "La question palestinienne reste centrale, celle de l'Iran est omniprésente"

Accord EAU-Israël : "La question palestinienne reste centrale, celle de l'Iran est omniprésente"
Tous droits réservés Oded Balilty/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Raphaële Tavernier
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L'accord de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël pourrait inciter d'autres pays arabes à faire de même, mais "La question palestinienne reste centrale et celle de l'Iran se pose aussi", estime Didier Billion, géopolitologue et directeur adjoint de l'Iris.

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L’annonce de l’accord de normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël, scellé sous l’égide des Etats-Unis, a fait l’effet d’une bombe au Proche-Orient. D’autant qu’un premier couac s’est invité dans cette entente historique. Les Emirats ont assuré que cet accord prévoyait de "mettre fin à toute annexion supplémentaire de territoires palestiniens en Cisjordanie". Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a immédiatement rectifier, "L'annexion est simplement reportée", a-t-il précisé. La question de l’annexion est très délicate et elle en appelle une autre. Les Emirats, seraient-ils, aujourd’hui, en situation d’entraîner dans leur voie d’autres pays arabes ?

Je crains que Benjamin Netanyahou ne soit pas du tout disposé à lâcher quelque concession réelle que ce soit
Didier Billion
Géopolitologue et directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris)

"**Pour beaucoup de ces Etats arabes, il est clair que la question palestinienne reste assez centrale. Or, si les Israéliens, en réalité, n'acceptent pas de faire de véritables concessions et de réactiver un processus de dialogue digne de ce nom avec les Palestiniens, alors les Émirats arabes unis resteront seuls dans leur tête-à-tête avec Israël. **__L'enjeu est là et je crains fort que Benjamin Netanyahou, connaissant son histoire au cours des dernières années, ne soit pas du tout disposé à lâcher quelque concession réelle que ce soit (...) Donc, les Emirats arabes unis, en acceptant d'ouvrir et d'entretenir des relations diplomatiques avec Israël, jouent un jeu extrêmement dangereux", explique Didier Billion, géopolitologue et directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

- Renforcer les pressions sur l'Iran -

L'accord de jeudi a été un revers pour les Palestiniens, l'Autorité palestinienne le qualifiant de "trahison" et appelant à une "réunion d'urgence" de la Ligue arabe, basée au Caire. Au-delà de ce strict accord bilatéral entre les EAU et Israël et d’une percée diplomatique plutôt profitable à Donald Trump à l’approche de la présidentielle américaine, se profile aussi la question de l’Iran.

"Aujourd'hui, il est tout à fait nécessaire, du point de vue de Donald Trump, de maintenir et de renforcer les pressions sur l'Iran ; ce que l'ouverture de relations diplomatiques entre un Etat arabe et Israël, tous les deux préoccupés par cette question iranienne - pour des raisons différentes - peut permettre de faire. On peut considérer que les intérêts d'Abou Dhabi et de Tel-Aviv sont convergents : il faut tout faire pour affaiblir Téhéran. Et comme nous savons qu'il y a des échéances de quelques semaines avec l'Iran, notamment l'embargo sur les livraisons d'armes, cet accord émirati-israélien peut aussi s'analyser de ce point de vue, à savoir, maintenir, entretenir, accentuer la pression sur l'Iran et continuer par tous les moyens à affaiblir ce pays dont on sait que par ailleurs il se débat, lui aussi, dans les affres de la crise pandémique et des difficultés économiques à cause des sanctions qui ont été prises unilatéralement par l'administration Trump", analyse Didier Billion.  

La Jordanie et l'Egypte sont les deux seuls pays arabes à avoir officiellement reconnu l'Etat hébreu. Le Caire a d'ailleurs salué l'accord passé entre les EAU et Israël, de même que le sultanat d'Oman et Bahreïn, petit Etat du Golfe proche d'Abou Dhabi et particulièrement hostile à l'Iran.

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