Navalny, principale figure de l'opposition au président Vladimir Poutine, est hospitalisé en Allemagne après avoir été rapatrié de Russie.
Le gouvernement allemand jette un énorme pavé dans la mare : il affirme avoir "la preuve sans équivoque" que l'opposant russe Alexeï Navalny, accueilli sur son territoire pour être hospitalisé, a été empoisonné par "un agent chimique neurotoxique de type Novitchok", autrement dit un produit innervant extrêmement dangereux fabriqué au temps de l'Union soviétique à partir des années 1970. Et l'exécutif de Berlin n'en reste pas là, il réclame à la Russie des éclaircissements "urgents", le terme utilisé dans son communiqué.
Le précédent anglais de Salisbury
Il faut dire que la suspicion est lourde, c'est déjà du Novitchok qui avait été utilisé pour tenter d'éliminer un ex-agent double russe, Sergueï Skripal, et sa fille Ioulia, alors qu'ils se trouvaient dans la ville de Salisbury, en Angleterre. L'affaire qui avait éclaté en 2018 avait provoqué une grave crise diplomatique entre les autorités britanniques et russes.
"Seul l'Etat a pu avoir recours au Novitchok"
Le 20 août dernier, Alexeï Navalny s'était soudainement effondré dans un avion qui survolait la Sibérie à destination de Moscou. Après un atterrissage d'urgence, il avait été transféré dans un hôpital de la ville sibérienne d'Omsk ; cependant, son épouse et son entourage, persuadés qu'il avait été empoisonné en buvant du thé mais n'ayant aucune confiance en l'équipe médicale, avaient accepté la proposition allemande de le rapatrier à Berlin.
C'est dans cette capitale que "l'ennemi juré" du président russe Vladimir Poutine a été admis dans le grand hôpital de la Charité où il se remet lentement mais sûrement. Un laboratoire spécialisé des forces armées allemandes a ainsi pu effectuer des examens sur le patient, examens dont les résultats retentissants viennent donc d'être révélés.
Dans un tweet qu'il vient de publier, Ivan Jdanov, le directeur du Fonds contre la corruption fondé par Navalny, accuse directement l'Etat russe :
Un agent chimique strictement interdit
La chancelière allemande Angela Merkel a pris la parole mercredi après-midi pour dénoncer fermement l'attaque criminelle, selon elle, dont le principal opposant russe a été victime :
La dirigeante a indiqué qu'elle allait informer "ses partenaires de l'Union européenne et de l'Otan des résultats de l'enquête", et discuter "d'une réponse commune appropriée à la lumière de la déclaration russe". Le gouvernement allemand prévient également qu'il va en référer à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, sachant que les agents chimiques de type Novitchok sont strictement interdits par cet organisme.