Après moult reports, le lancement de la petite sœur d’Ariane a été couronné de succès. La cinquantaine de micro-satellites que Vega embarquait à son bord sont dorénavant au dessus de nos têtes.
Mission réussie pour Vega. Après de nombreux reports en raison de la météo, le plus léger des lanceurs d’Arianespace a en effet placé sur orbite dans la nuit de mercredi à jeudi sa cargaison de 53 satellites.
Quarante minutes après le décollage, dans une séquence d’une dizaine de minutes, Vega a effectué, comme prévu, une première série de mises sur orbite, pour les sept micro-satellites à son bord, laissant apparaître les premiers sourires sous les masques des ingénieurs du Centre de contrôle Jupiter à Kourou en Guyane.
Une heure plus tard, à deux minutes d’intervalle, Vega, développé par le constructeur italien Avio sous l'égide de l'Agence spatiale européenne (ESA), s'est séparé des deux Cubesats pour un total de 46 nano-satellites. Cette mission, baptisée VV16, est un vol de validation du nouveau service européen de lancements partagés de petits satellites.
Jan Wörner, directeur général de l’ESA n’a pas caché son soulagement. Revenant sur le projet de lancement groupé, baptisé SSMS pour Small Spacecraft Mission Service, il a évoqué "un projet extrêmement important", près d’un an après l’échec du vol 15.
"C’est véritablement le retour en vol de Vega", a souligné Jan Wörner. Un succès d’autant plus important pour Arianespace que la mission concernait 21 clients, issus de 13 pays différents.
Les applications des nano et micro-satellites vont de l'observation de la Terre, à la communication, en passant par le développement technologique ou encore la recherche scientifique.
Dans le détail, Vega a placé sur orbite sept micro-satellites d'un poids allant de 25 à 145kg et 46 nano-satellites d'une masse de 250g à 7kg.
Parmi ces 53 satellites, certains seront dédiés à l'observation de la Terre, comme GHGSAT-C1, un satellite canadien au service de la qualité de l'air ou encore ION Satellite Carrier Lucas de la société Planet.
Le lanceur européen a aussi embarqué le micro-satellite ESAIL développé par l'ESA pour le suivi des navires sur les mers et océans. Enfin, plusieurs engins expérimentaux ont été également placés sur orbite, comme TARS, développé par la société Kepler, consacré à l'Internet des objets, ainsi que 14 satellites de la start-up américaine Swarm Technology, dédiés au développement de l'intelligence artificielle pour la robotique et l'informatique.
Avec cette nouvelle plateforme SSMS mise au point pour permettre le lancement de petits satellites, Arianespace compte bien marquer des points sur ce marché en plein essor des nano et micro-satellites.
Le même prototype modulable de lancement partagé est prévu pour Vega C, l’autre configuration du lanceur, et une architecture adaptée à la future Ariane 6 est également prévue.
Vega représente un enjeu crucial pour l'Europe spatiale, qui va faire son entrée sur un marché en plein essor, où la concurrence – notamment celle de l'américain SpaceX – fait rage : la mission "VV16" est son premier lancement partagé (ou "rideshare").
Le dernier report du lancement, mardi, était dû au passage d'un typhon au-dessus d'une station de suivi en Corée du Sud. Avant cela il y a eu la crise du Covid-19, puis des conditions météorologiques particulièrement défavorables (forts vents d'altitude) cet été au-dessus de la Guyane.