Covid-19 à Madrid : la double peine pour les plus précaires

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Tous droits réservés Bernat Armangue/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Jaime Velazquez avec AFP
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Près d'un million d'habitants de la capitale espagnole et de sa périphérie sont de nouveau soumis depuis lundi, pour une durée de deux semaines, à de sévères restrictions dans leurs déplacements. Reportage de notre correspondant dans le district de Puente de Vallecas.

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Le ministre espagnol de la Santé a appelé mardi tous les Madrilènes à limiter leurs mouvements et leurs contacts à "l'essentiel" afin de freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19, au lendemain de l'entrée en vigueur de sévères restrictions dans une partie de la région de Madrid.

Près d'un million d'habitants de la capitale espagnole et de sa périphérie sont de nouveau soumis depuis lundi, pour une durée de deux semaines, à de sévères restrictions dans leurs déplacements.

Les plus de 850 000 personnes concernées (sur 6,6 millions d'habitants au total dans la région) ont interdiction de quitter leur quartier, sauf pour des raisons bien précises : aller travailler ou étudier, se rendre chez un médecin, répondre à une convocation d'ordre légal ou encore s'occuper de personnes dépendantes.

Elles ont en revanche le droit de se déplacer au sein de leur quartier et ne sont donc pas forcées de rester chez elles.

"Nous avons été abandonnés par les services publics"

Notre correspondant Jaime Velázquez s'est rendu dans le district de Puente de Vallecas, l'une des 37 zones de forte propagation du Covid-19 qui a été confinées pour tenter d'arrêter la propagation du virus.

"Aux points de contrôle, la police s'assure que personne ne quitte le quartier, sauf pour des activités essentielles comme aller travailler. Les zones de forte contamination se trouvent dans les quartiers les plus pauvres de Madrid. Ceux qui vivent à l'intérieur ont l'impression d'avoir été enfermés dans un ghetto du Covid", explique Jaime Velázquez.

Maria José Berral, infirmière retraitée de Vallecas, fait partie d'un groupe de leaders communautaires qui essaie d'amener les citoyens à s'engager auprès des travailleurs de la santé et à défendre les services publics de santé. Les habitants du district disent que les autorités qui les ont abandonnés les désignent aujourd'hui comme propagateurs du virus.

"Ce n'est certainement pas à cause de notre "style de vie", comme l'a dit la présidente de la région. C'est à cause de nos conditions de vie, tient à rectifier María José Berral. Nous sommes un quartier ouvrier, mais nous avons été abandonnés par les services publics depuis de nombreuses années".

Selon elle, le confinement n'arrêtera pas la propagation du virus. "Je pense que ces mesures sont discriminatoires. Nous, les gens du sud, nous allons servir à boire, nettoyer les maisons et travailler dans l'industrie des quartiers nord, donc le virus ne va pas s'arrêter là... Que veulent-ils que nous fassions, que nous laissions le virus à la maison ? ", interroge l'infirmière à la retraite.

Des "files d'attente de la faim"

Les appartements surpeuplés et la très grande instabilité économique sont en grande partie responsables de la transmission de la maladie dans les quartiers populaires du sud de Madrid.

Julio Antonio Gutierrez est originaire du Nicaragua. Cuisinier de profession, il a eu la chance d'être mis au chômage technique par son employeur, mais beaucoup de ses voisins ne peuvent pas se permettre de risquer leur emploi."D'une manière ou d'une autre, un parent doit trouver de quoi faire vivre sa famille. C'est pour ça qu'il y a tant de parents qui prennent des risques ici... Ou je fais tout pour trouver de la nourriture pour ma famille, ou je tombe malade avec le coronavirus", explique-t-il.

A Vallecas où des centaines de personnes vivent dans la précarité, des "files d'attente de la faim" se sont formées dans tout le district. Pour certains, l'aide apportée par une association ou un voisin est la seule garantie d'avoir un repas quotidien.

"Le plus déchirant, c'est de voir des personnes de plus de 50 ans qui ont très peu d'opportunités sur le marché du travail aujourd'hui, ou des petites retraites, ou qui paient encore un prêt bancaire ou un loyer, et qui n'ont pas assez d'argent" , souligne Rafel Palet qui fait partie du groupe d'aide "Somos Tribu".

Ce quartier du sud restera confiné pendant un certain temps encore, mais déjà 16 autres zones de Madrid ont atteint le taux alarmant de 1000 cas pour cent mille personnes.

Si le Covid-19 se répand encore, l'ensemble de la région de Madrid pourrait bientôt être totalement bloquée.

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