Violences policières à Paris : Michel, roué de coups par 3 agents car il n'avait pas de masque

Une femme proteste contre les violences policières à Bayonne, au Pays basque français, le 21 novembre 2020
Une femme proteste contre les violences policières à Bayonne, au Pays basque français, le 21 novembre 2020 Tous droits réservés Bob Edme/AP
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Par Joël Chatreau
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Nouvelles violences policières à Paris. Michel, un producteur de musique, a été roué de coups de matraque, de poing et de pied, par trois policiers parce qu'il ne portait pas de masque. Les agents ont fait une erreur : toute la scène a été filmée par vidéo-surveillance, et diffusée ce jeudi.

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Levée de boucliers d'une partie de la classe politique en France face aux matraques que certains policiers utilisent apparemment sans retenue. Une nouvelle affaire de violences policières a éclaté jeudi 26 novembre et fait des vagues qui atteignent le haut de l'Etat.

Un producteur de musique a été tabassé par trois agents à coups de matraque, de poing et de pied, samedi dernier à Paris, alors qu'il entrait dans son studio dans le XVIIème arrondissement de la capitale. Parce qu'il a la peau noire, il a aussi subi des insultes racistes. Malheureusement pour les membres des forces de l'ordre impliqués, toute la scène a été filmée par les caméras de vidéo-surveillance du local.

C'est le site Loopsider qui a révélé les images très choquantes :

Des voisins de la victime ont également tourné des vidéos, circulant sur internet, qui montrent les policiers, à l'issue du passage à tabac en règle, pointant leurs armes dans la rue devant le studio et ordonnant au producteur d'en sortir immédiatement ; il faut expliquer que des musiciens qui répétaient dans le sous-sol étaient venus à la rescousse de l'homme violemment frappé et avaient réussi à faire sortir les agents puis à fermer la porte d'entrée.

Tout ça pour l'oubli du port du masque

Celui dont on ne connaît que le prénom, Michel, n'avait qu'une chose à se reprocher : il avait oublié de mettre son masque pour quitter son lieu de travail. Non seulement ses blessures au visage et au crâne sont importantes après un quart d'heure d'acharnement des policiers sur lui mais en plus, il a passé deux jours en garde à vue pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" - mais oui ! - et "rébellion".

Son avocate, Me Hafida El Ali, dénonce une double peine :

Mon client a fait 48 heures de garde à vue de manière injustifiée sur des propos mensongers des services de police qui l'ont outrageusement violenté (...) Si nous n'avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison

Le parquet de Paris a finalement classé cette première enquête mais en a ouvert une deuxième mardi dernier, cette fois à l'encontre des trois fonctionnaires de police accusés de "violences PAR personnes dépositaires de l'autorité publique" mais aussi de "faux en écriture publique" ; ils avaient en effet spécifié dans leur rapport que le producteur les avait frappés, ce que contredisent les images.

Au mauvais moment, en plein débat sur la "Sécurité globale"

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, face à l'évidence des faits enregistrés, a réclamé la suspension des policiers à titre conservatoire.

Et cela n'a pas traîné vu l'émotion et l'indignation que l'affaire suscite en France. Jeudi en milieu d'après-midi, les agents ont bel et bien été suspendus.

Ce nouvel épisode de dérive sécuritaire intervient en plein débat sur le projet de loi controversé intitulé "Sécurité globale", dont l'article 24 vise à restreindre la diffusion d'images captées lors des opérations de police. Quoi qu'il en soit, au sein même de la majorité présidentielle, l'agression qui a eu lieu samedi dernier dans le XVIIème arrondissement de Paris est jugée intolérable.

Notamment par Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, qui s'est dit préoccupé :

Cela sape le lien de confiance indispensable entre les citoyens et ceux qui nous protègent et doit être sanctionné sans faiblesse
Richard Ferrand

Même des personnalités du sport sont intervenues pour dénoncer l'acte de violence raciste.

Comme Antoine Griezmann, attaquant de l'équipe de France de football, sur son compte Twitter :

C'est maintenant à l'IGPN, l'Inspection générale de la police nationale - plus concrètement la police des polices - que revient la tâche sensible d'aller au bout de l'enquête.

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