Première élection municipale en 12 ans à Mostar, ville divisée de Bosnie

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Par Laurence Alexandrowicz
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Pour la première fois en 12 ans les habitants croates et bosniaques de Mostar en Bosnie sont appelés à changer ou pas l'équipe municipale, et tourner peut-être la page d'un nationalisme qui empêche les communautés de se réunifier.

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25 ans après la fin de la guerre dans les Balkans, Mostar en Bosnie-Herzégovine incarne les divisions d'un pays accablé par les dysfonctionnements, et les nationalismes. Pour la première fois en 12 ans, des élections municipales vont se tenir à Mostar, car jusque là les deux partis nationalistes bosniaque SDA et croate HDZ qui se partagent le pouvoir n'arrivaient pas à s'entendre sur l'organisation d'un vote. 

L'individu est important et peut apporter des changements

C'est grâce à la politilogue de 36 ans, Irma Baralija, que le scrutin aura lieu dans cinq jours. Irma a poursuivi son pays devant la Cour européenne des droits de l'Homme parce qu'elle ne pouvait pas voter.

"Ils nous ont maintenus pendant des décennies dans la croyance qu'un individu ne peut rien faire, que l'on ne peut changer les choses qu'en étant membre d'un groupe ethnique et d'un parti. Non ! Le verdict (de la CEDH) a montré que n'importe qui, dans ce cas, c'était moi, pouvait gagner au tribunal et apporter un changement. L'individu est important et peut apporter des changements".

Forte de son triomphe en justice, Irma Baralija est tête de liste d'une des rares formations multiethniques dans cette ville où Bosniaques et Croates vivent quasiment séparés, chacun du côté du fameux pont historique de Mostar. Deux compagnies de téléphone, deux postes, deux clubs de foot, deux universités, des écoles séparées, dans ce qui était l'une des villes les plus cosmopolites de l'ex-Yougoslavie avant la guerre.

Des bâtiments détruits pendant la guerre ont été laissés en souvenir de ce qui pourrait arriver si vous ne votez pas pour votre camp

Le système sert les intérêts des partis nationalistes au pouvoir, croates comme bosniaques, selon Amna Popovac, candidate aussi d'un petit parti :

"À Mostar, il y a beaucoup de gens normaux qui sont traités anormalement, qui sont dirigés par la peur. Ici, personne n'offre d'espoir aux gens, personne n'offre de solutions pour améliorer leurs conditions de vie. Ils ne font que les menacer. Des bâtiments détruits pendant la guerre ont été laissés en souvenir de ce qui pourrait arriver si vous ne votez pas pour votre camp."

Les 100.000 habitants de Mostar auront le choix dimanche entre une trentaine de partis, et l'opportunité ou non de réunifier leur ville.

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