AstraZeneca : les injections suspendues dans une quinzaine de pays européens

C'est un brusque coup de frein que viennent de donner quatre poids lourds européens pour l'emploi du vaccin AstraZeneca sur leurs territoires. Tour à tour ce lundi, l'Allemagne, la France, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne, le Portugal et la Lettonie ont annoncé qu'elles suspendaient l'utilisation du produit mis au point par le laboratoire suédo-britannique, par mesure de précaution à la suite de soupçons d'effets secondaires dans plusieurs pays.
Des cas de thromboses en Allemagne
Les autorités allemandes ont notamment dit qu'elles s'interrogeaient sur des cas de formation de caillots sanguins chez des personnes qui ont été vaccinées avec AstraZeneca. L'institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement, estime alors que "d'autres examens sont nécessaires".
Un porte-parole du ministère allemand de la Santé a déclaré que Berlin s'en remettait à un avis de l'Agence européenne des médicaments, tout en justifiant une suspension préventive pour le moment :
France et Italie dans l'expectative
La France est plus précise en indiquant qu'elle stoppe l'utilisation du vaccin anglo-suédois contre le Covid-19 jusqu'à ce qu'un avis européen soit rendu cette semaine. L'Agence européenne des médicaments (EMA) a convoqué une réunion extraordinaire pour jeudi.
L'Italie a annoncé la mesure par la voix de son Agence du médicament :
Le gouvernement espagnol a fait également l'annonce d'un arrêt momentané de la vaccination en fin de journée.
Une quinzaine de pays, la liste s'allonge
Aucun lien ne peut être fait pour le moment entre l'administration du sérum suspecté et les problèmes de santé décelés chez quelques personnes en Europe. Mais l'effet "boule de neige" suffit à semer le doute et amplifier la méfiance.
Au moins dix pays ont décidé désormais de prévenir plutôt que guérir. C'est l'Autriche qui a fait le premier pas le 8 mars dernier en suspendant un lot de vaccins du laboratoire AstraZeneca après la mort d'une infirmière qui avait reçu seulement la première dose. Puis le Danemark, la Norvège et l'Islande ont carrément interrompu leurs campagnes avec ce vaccin le 11 mars. Un jour plus tard, la Bulgarie a annoncé aussi la suspension "par précaution" des injections d'AstraZeneca. Les Pays-Bas et l'Irlandeont ensuite emboîté le pas ce dimanche**.** L'Allemagne, la France, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne, le Portugal et la Lettonie ont donc fait la même chose lundi. Et ce mardi, c'est la Suède qui a décidé de suspendre les injections.
De plus, quatre autres pays membres de l'UE ont choisi de suspendre l'utilisation de certains lots de vaccins AstraZeneca. Comme l'Autriche, l'Estonie, la Lituanie et le Luxembourg ont ainsi suspendu l'utilisation des vaccins provenant du lot ABV5300, qui représente un million de doses envoyé dans 17 pays européens. La Roumanie a elle suspendu les vaccins provenant d'un autre lot, le ABV2856.
Au 15 mars, plus de 14 millions de doses du vaccin AstraZenaca avaient été distribuées dans les pays de l'Espace Economique Européen, sur un total de 62 millions de doses tous vaccins confondus, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
De la modération, prône l'OMS
Pour éviter qu'un vent de panique ne souffle encore plus fort, l'Organisation mondiale de la santé réunit ce mardi ses experts en vaccination ; ils doivent débattre de la sûreté du vaccin mis au point par le laboratoire anglo-suédois.
D'ici leur conclusion, l'OMS affirme qu'il faut néanmoins poursuivre la vaccination AstraZeneca contre le Covid-19. La cheffe scientifique de l'OMS, Soumya Swaminathan, l'a déclaré à Genève, en Suisse :
Un "vaccin sûr" pour Boris Johnson
Au Royaume-Uni, où 11 millions de doses d'AstraZeneca ont été administrées – sur un total de 26 millions –, le Premier ministre Boris Johnson a assuré ce mardi que ce vaccin est "sûr" et "extrêmement" efficace, en ajoutant dans une tribune publiée dans le quotidien The Times, qu'il était aussi "relativement facile à distribuer" et "dispensé à prix coûtant".
En outre, le professeur Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group qui a développé le vaccin avec AstraZeneca, avait assuré ce lundi qu'il y a "des preuves très rassurantes qu'il n'y a pas d'augmentation du phénomène de caillot sanguin ici au Royaume-Uni".
Si la vaccination a du mal à accélérer sa cadence dans pas mal de pays, la pandémie, elle, continue de broyer les habitants de notre planète comme un bulldozer : elle a déjà fait à ce jour environ 2,65 millions de morts à travers le monde.