Procès des attentats du 13 novembre : après le choc des propos d'Abdeslam, les enregistrements

Dessin du principal accusé du procès des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam, 15 septembre 2021
Dessin du principal accusé du procès des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam, 15 septembre 2021 Tous droits réservés BENOIT PEYRUCQ/AFP or licensors
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Au procès des attentats du 13 novembre, les parties civiles qui le peuvent doivent supporter les sons, les images, et les propos outrageusement froids et inacceptables de Salah Abdeslam.

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Une autre journée difficile s'annonce à la Cour d'assises spéciale de Paris, aménagée pour l'occasion dans la salle des pas perdus dans l'ancien palais de Justice de la capitale française.

Pour la première fois, des images et des sons du soir des attentats du 13 novembre 2015 sont diffusés à l'audience, trente secondes qui seront douloureuses pour les parties civiles, après ce moment choquant de la prise de parole mercredi du principal accusé du procès, le Franco-marocain Salah Abdeslam.

Le seul membre encore vivant du commando qui a fait 130 morts et des centaines de blessés a parlé pendant cinq longues minutes. Masque noir baissé sur sa barbe fournie, il a donné sa définition des "terroristes, djihadistes, ou radicalisés", ce sont "des musulmans" qui représentent "l'islam authentique".

S'en prenant à la politique française au Moyen-Orient, il a déclaré : "François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'Etat islamique en Syrie".

Ce qui a bouleversé de différentes manières les parties civiles, c'est la justification froide des ses actes : "on a attaqué la France, visé la population, des civils, mais il n'y avait rien de personnel".

Des propos qui ne passent pas, "inacceptables", "incohérents", "sales", "ce n'est entendable," clament les associations de familles de victimes, les survivants, les avocats.

Certains ont réagi avec colère, comme Sophie Parra, 37 ans, rescapée du Bataclan, qui "refuse de prononcer le nom" de Salah Abdeslam :

"Au lieu de dire qu'il était désolé, il a juste justifié ce qu'il avait fait. (...) Je pense qu'il a fait le show, qu'il sait que ses propos vont être relayés", déplore-t-elle.

"J'attends de lui répondre, de lui raconter ce qu'a été mon 13 novembre, ce qu'a été de voir des gens de mon âge mourir... sur moi notamment... tous les jours, c'est le 13 novembre pour moi en fait."

Manoue Sahbi, père de Kheireddine Sahbi, victime de 29 ans, était consterné :

"C’est des personnes, les gens qui sont là ont été touchés et il est arrivé à détruire la vie des gens, et à détruire des familles, voilà ce que je pense de ça. Mais dire que 'je me suis attaqué à la France', c’est un moyen de fuir ses responsabilités, c’est tout."

Son fils, violoniste algérien, qui habitait dans le 10e arrondissement, rentrait chez lui après une répétition et a été tué rue de la Fontaine-au-Roi, près de la pizzeria Casa Nostra. Il était étudiant en musicologie et également assistant d'éducation dans un collège.

Pour l'avocat de 70 plaignants, Mehana Mouhou, ce n'est ni plus ni moins qu'"une justification de meurtre", il met en garde le président de la Cour d'assises :

"Il ne faut pas que la cour soit une tribune pour son fanatisme. Il ne faut pas que la cour soit une tribune pour sa propagande, ça il faut vraiment faire attention. Et je pense que c'est ce qu'il va essayer de dérouler, il a commencé à le faire en trois minutes, et il va le faire sur neuf mois, et ça c'est la vraie difficulté. C'est à la présidence du procès, c'est-à-dire au président de savoir où et quand il répond aux questions légitimes et quand, effectivement, il fait de la propagande."

Les trois jours d'audience qui viennent sont consacrés aux constatations des scènes de crimes au Stade de France, au Bataclan et sur les terrasses. Même si ce n'est que trente secondes de sons et d'images, certaines parties civiles ont déjà dit qu'elles préfèrent ne rien voir, ne rien entendre.

Sources additionnelles • AP, AFP

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