Chine : mais que font des bateaux de guerre en plein désert ?

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Par Vincent Coste  avec AFP
 Photo satellite prise dans le désert du Taklamakan, en Chine, le 30 octobre dernier
Photo satellite prise dans le désert du Taklamakan, en Chine, le 30 octobre dernier   -  Tous droits réservés  Photo satellite ©2021 MAXAR TECHNOLOGIES / AFP

Qu'ils soient de plaisance, de commerce ou de guerre, l'élément naturel de tout bon navire qui se respecte est l'eau... et non le sable. Du sable ? Comme dans les déserts ? Oui, justement. Les satellites de la société américaine Maxar Technologies ont capturé le mois dernier dans le désert de Taklamakan, dans la région du Xinjiang (ouest de la Chine), des formes qui rappellent étrangement des bateaux de l'US Navy, la narine des Etats-Unis, selon l'institut naval américaine (USNI).

Les structures repérées vont de la simple silhouette en deux dimensions, celle d'un porte-avions, à des constructions beaucoup plus élaborées, certaines se déplaçant même sur rails, singeant un destroyer de classe Arleigh Burke, toujours selon l'USNI.

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Photo satellite prise dans le désert du Taklamakan, en Chine, le 30 octobre dernier©2021 MAXAR TECHNOLOGIES / AFP

Se pose donc la question de la finalité de ces répliques. D'autant que les bateaux reproduits font partie de la flotte américaine qui croise justement dans le Pacifique. Autre élément d'importance avancé par l'USNI, la zone où ces structures ont été détectées se trouve non loin d'un ancien champ de tir où Pékin aurait testé, il y a quelques années, son missile balistique DF-21D. Ce missile, d'une portée supérieure à 1 500 kilomètres, est "capable de mener des frappes longue distance de précision contre des vaisseaux, y compris des porte-avions navigant dans l'ouest du Pacifique, depuis la Chine continentale", selon un rapport du Pentagone publié début novembre.

Pékin travaille actuellement, selon ce même rapport du Pentagone, à un important effort de modernisation de son armement, avec des armes capables de neutraliser les navires de guerre américains en cas de conflit régional. Le Pentagone cite, par exemple, un autre missile chinois, le DF-26, conçu pour porter aussi bien des ogives conventionnelles que nucléaires et capable de frapper des objectifs terrestres et maritimes.

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Photo satellite prise dans le désert du Taklamakan, en Chine, le 30 octobre dernier©2021 MAXAR TECHNOLOGIES / AFP

Ainsi, ces structures en plein désert pourraient servir de cible d'entraînement à l'Armée populaire de libération, dans un contexte où la tension ne cesse de monter en mer de Chine orientale, comme autour de Taïwan, où la marine américaine mène régulièrement des opérations. Ces manœuvres irritent Pékin qui revendique la souveraineté sur l'île. Reste à savoir si ces maquettes, du moins celles sur rail, sont capables de se mouvoir à des vitesses proches de leur modèle, soit de l'ordre d'une trentaine de nœuds en mer.

Côté chinois, ces images ne font l'objet d'aucun commentaire. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, interrogé sur la question, a ainsi laconiquement répondu ce lundi qu'il n'était "pas au courant de la situation".