Espace : c'est parti pour la mission DART de la Nasa, censée dévier un astéroïde

Vue d'artiste représentant les deux engins de la mission Dart, "l'impacteur" à gauche et le nano-satellite LICIACube à droite, et l'astéroïde Didymos et sa lune Dimorphos,
Vue d'artiste représentant les deux engins de la mission Dart, "l'impacteur" à gauche et le nano-satellite LICIACube à droite, et l'astéroïde Didymos et sa lune Dimorphos, Tous droits réservés NASA/Johns Hopkins, APL/Steve Gribben
Tous droits réservés NASA/Johns Hopkins, APL/Steve Gribben
Par Vincent Coste avec AFP
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Appelée DART, cette mission consiste à faire s'écraser un engin spatial sur la lune d'un astéroïde pour tenter de très légèrement changer sa trajectoire.

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Dans un peu moins d'un an, un vaisseau de la Nasa s'écrasera volontairement à la surface d'un astéroïde. Le but ? Dévier sa trajectoire. Qualifiée de "défense planétaire", cette mission doit permettre à l'humanité d'être parée en cas de menace d'impact à l'avenir.

C'est un scénario digne des productions hollywoodiennes. Le top départ la mission baptisée DART (fléchette en anglais et acronyme de Double Asteroid Redirection Test) a été donné. L'engin spatial mis au point par l'agence spatiale américaine a, en effet, décollé depuis la Californie à bord d'une fusée Falcon 9 de SpaceX à 6h21 GMT ce mercredi 24 novembre (soit 22h21 locales le 23 novembre).

Et 55 minutes après son décollage, le vaisseau "impacteur" s'est a bien séparé, dans le vide de l'espace, de son lanceur. La manœuvre s'est bien déroulée, la Nasa indiquant avoir reçu les premiers signaux de l'engin spatial de la mission DART. 

Mais avant de se lancer pour son aller simple vers l'astéroïde Dimorphos, qui durera 10 mois, le vaisseau devait d'abord déployer ses panneaux solaires. C'est désormais chose faite. 

Une mission scientifique loin de la fiction

Dix mois plus tard, ce vaisseau, pesant quelques 600 kg, frappera sa cible, alors située à onze millions de kilomètres de la Terre, en fait le moment où sa distance sera la plus proche de la Terre.

Le scénario fait penser à celui du film "Armageddon", dans lequel Bruce Willis et Ben Affleck sauvent la planète d'un énorme astéroïde fonçant vers la Terre.

Mais c'est une expérience bien réelle que l'agence spatiale américaine mène ici. Bien qu'aucun gros astéroïde connu ne soit actuellement sur une trajectoire de collision, il s'agit de se préparer à cette éventualité.

"Nous ne voulons pas nous retrouver dans une position où un astéroïde se dirigerait vers la Terre, et où nous devrions tester cette technique" pour la première fois, a expliqué jeudi dernier lors d'une conférence de presse Lindley Johnson, du département de Défense planétaire de la Nasa.

Pas de destruction, mais un "petit coup" pour dévier l'astéroïde

En réalité, la cible est double : d'abord un gros astéroïde, Didymos, qui mesure 780 mètres de diamètre, soit deux fois plus que la hauteur de la tour Eiffel. Et, en orbite autour de lui, une lune, Dimorphos, de 160 mètres de diamètre - plus haut que la statue de la Liberté.

C'est sur cette lune que le vaisseau, environ cent fois plus petit qu'elle, viendra finir sa course, projeté à une vitesse de 24 000 km/h. L'impact projettera des tonnes et des tonnes de matière.

"La technique de déflexion (modification de l'orbite d'un astéroïde) est beaucoup plus sûre que la destruction que l'on voit souvent dans les films de science-fiction. Mais pour cela, il faut prévoir son arrivée des années à l'avance, connaître sa taille et sa composition"
Elisabetta Dotto
chercheuse à l'Observatoire astronomique INAF de Rome, interrogée par la Radio3 Scienza de la RAI, l'audiovisuel public italien

Mais "cela ne va pas détruire l'astéroïde, cela va juste lui donner un petit coup", analyse Nancy Chabot, du laboratoire de physique appliquée de l'université Johns Hopkins, qui conduit la mission en partenariat avec la Nasa. Ainsi, l'orbite du petit astéroïde autour du gros sera réduite de seulement "environ 1%", a-t-elle expliqué.

Avant de se "fracasser" sur cet objet interstellaire, le vaisseau larguera un nano-satellite (CubeSat) qu'il embarquait, LICIACube mis au point par l'agence spatiale italienne (ASI) dont la mission sera de prendre des photos de l'impact.   

Le LICIACube fixé sur le vaisseau de la mission DART

Grâce aux observations réalisées par des télescopes sur la Terre depuis des décennies, on sait que Dimorphos fait actuellement le tour de Didymos en 11 heures et 55 minutes exactement. A l'aide de ces mêmes télescopes, cette période sera de nouveau mesurée après la collision. Elle sera alors peut-être "de 11 heures et 45 minutes, ou quelque chose comme ça", explique la chercheuse.

Boîte à outils

Le coût total de la mission est de 330 millions de dollars. Si le test est concluant, "nous pensons que cette technique pourra faire partie d'une boîte à outils, que nous commençons à remplir, de manière à dévier un astéroïde", a, elle, expliqué Lindley Johnson.

Selon lui, la clé est d'abord d'identifier les menaces potentielles. "La stratégie est de trouver ces objets non seulement des années, mais des décennies avant tout danger de collision avec la Terre", souligne-t-il.

Environ 27 000 astéroïdes proches de notre planète bleue sont connus à l'heure actuelle. L'astéroïde Bennu, qui mesure 500 mètres de diamètre, est l'un des deux astéroïdes identifiés de notre système solaire posant le plus de risque pour la Terre, selon la Nasa. Mais d'ici 2300, le risque d'une collision n'est que de 0,057%.

L'agence spatiale européenne également sur le pont

Dès le lancement de la mission DART, l'ESA a apporté son soutien à la Nasa en mettant à contribution l'une de ses antennes, installée à New Norcia en Australie, pour aider à capter les premiers signaux émis par l"'impacteur" après sa séparation avec la fusée Falcon 9. 

Mais l'Agence spatiale européenne fera bien plus dans quelques mois. En effet l'ESA enverra, in situ sa propre mission, baptisée Hera. Cette dernière devait être lancée en novembre 2024 pour arriver à la fin de 2026 dans la zone où gravite les deux astéroïdes.

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L'objectif de cette mission sera d'observer le résultat du "crash" sur Dimorphos, en analysant notamment la taille et la forme du cratère laissé par le vaisseau de la Nasa. Ces relevés seront possibles grâce aux deux CubeSats transportés par le vaisseau spatial principal : Milani sera ainsi chargé de faire des observations spectrales de surface du corps céleste, tandis que Juventas entreprendra les premiers sondages radar jamais réalisés à l'intérieur d'un astéroïde.

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