Procès du coup d'Etat présumé à Madagascar, deux Français dans le box des accusés

Le président de la République de Madagascar, Andry Nirina Rajoelina, le 2 novembre 2021 à la COP26
Le président de la République de Madagascar, Andry Nirina Rajoelina, le 2 novembre 2021 à la COP26 Tous droits réservés Adrian Dennis/AP
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Par Euronews avec AFP
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Vingt personnes sont accusés d'avoir planifié de renverser et d'assassiner le président de Madagascar Andry Rajoelina.

Le procès de vingt personnes, dont deux Français, accusés d'avoir planifié de renverser et d'assassiner le président de Madagascar Andry Rajoelina, s'est ouvert lundi dans un climat tendu.

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Un important dispositif policier étaient déployé ce lundi aux alentours du tribunal d'Anosy, dans la capitale malgache Antananarivo. C'est là que s'est ouvert le procès, très attendu, du coup d'état présumé et de la tentative d'assassinat présumée du président de Madagascar Andry Rajoelina.

Parmi les 20 accusés se trouvent deux Français, interpellés le 20 juillet dernier. Paul Rafanoharana, 58 ans et Philippe François, 54 ans, tous deux des anciens de Saint Cyr. Le premier en costume bleu nuit, crâne rasé de près et lunettes strictes, s'est montré souriant, saluant dans le public ses proches. Le deuxième front dégarni, regard bleu et traits tirés, en chemise blanche, est visiblement amaigri et éprouvé.

Les accusés dans ce dossier, que la justice malgache a baptisé "Apollo 21", sont poursuivis pour atteinte à la sûreté de l'Etat, association de malfaiteurs et complot en vue d'assassiner le président. Ils auraient "échafaudé un plan d'élimination et de neutralisation de diverses personnalités malgaches dont le chef de l'État", selon la procureur générale.

Le procès est censé durer trois ou quatre jours, d'après les avocats. La presse a été autorisée à assister à l'audience publique depuis un balcon mais aucun enregistrement, photo ou vidéo n'a été autorisé sous peine de poursuites, a mis en garde la procureure.

Dans l'après-midi, les avocats de la défense ont soulevé plusieurs vices de procédure depuis l'arrestation de leurs clients. Ils ont aussi regretté que le principe du secret de l'instruction et de la confidentialité n'aient pas été respectés. Le tribunal devrait statuer mardi matin à ce sujet.

"Procès inéquitable"

Depuis leur arrestation, certains accusés ont été placés sous contrôle judiciaire, et d'autres, dont les deux Français, en prison sous mandat de dépôt.

"C'est un procès inéquitable", avait déploré samedi Arlette Rafanomadio, avocate de Paul Rafanoharana. "Nous n'avons pas eu assez de temps pour préparer la stratégie de défense, avec un accès difficile à nos clients". Seulement trente minutes vendredi pour discuter des 400 pages du dossier, a-t-elle précisé.

Paul Rafanoharana, un Franco-Malgache, connaît bien le président Rajoelina dont il a été le conseiller diplomatique jusqu'en 2011. Il se présente, sur internet, comme un conseiller de l'archevêché d'Antananarivo qui a pris ses distances, affirmant ne pas être "responsable de personnes utilisant son nom sans un mandat exprès".

Philippe François, ancien colonel de l'armée française jusqu'en 2013, dirigeait une société d'investissement à Madagascar. Installé dans l'île depuis début 2020, il prévoyait de rentrer en France, "un déménagement prévu de longue date", selon son avocat français, Etienne de Villepin. Ses anciens camarades de promotion à la prestigieuse école militaire de St-Cyr, dans un communiqué où ils se disent "convaincus de son innocence", ont espéré "la plus grande sérénité des débats et le respect des droits de la défense" lors de ce procès.

Me de Villepin a affirmé que son client était "au-dessus de tout soupçon": il sert de "faire valoir pour le gouvernement malgache, pour lequel il est intéressant d'impliquer un Français dans le contexte d'une situation économique et sanitaire catastrophique, déviant ainsi l'attention des gens", a-t-il avancé.

En août, deux semaines après le démantèlement de cette présumée cellule comploteuse, le président Rajoelina s'était interrogé sur l'éventualité d'une implication de la France. "Il faut attendre les résultats de l'enquête qui révélera s'il s'agit d'un acte isolé ou non", avait-il affirmé à la télévision publique.

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