Natalia Gavrilița : "La Moldavie veut rejoindre l'UE, mais pas l'OTAN"

Natalia Gavrilița
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Par Sandor Zsiros
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Dans une interview à euronews, la Première ministre moldave Natalia Gavrilița souligne la neutralité de son pays sur fond d'invasion de l'Ukraine par la Russie et espère qu'il se verra rapidement attribuer le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.

Du fait de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, un pays voisin, la Moldavie se retrouve en première ligne de la crise des réfugiés ukrainiens. Une semaine après le début des combats, ce pays qui compte une région séparatiste où stationnent des troupes russes a déposé sa candidature pour intégrer l'Union européenne. Nous avons évoqué ces questions avec la Première ministre de Moldavie, Natalia Gavrilița.

Sandor Zsiros, euronews :

"Comment voyez-vous la situation de votre pays en termes de sécurité avec la guerre en Ukraine ? La Moldavie fait-elle l'objet d'une menace militaire directe de la part de la Russie ?"

Natalia Gavrilița, Première ministre de la Moldavie :

"Ce qui se passe en Ukraine est vraiment malheureux. Nous condamnons la guerre et nous soutenons avec force, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières reconnues au plan international. Nous vivons dans une région complexe où des questions de sécurité se posent pour la Moldavie également, en particulier concernant la Transnistrie, une région séparatiste. Mais à l'heure actuelle, nous ne voyons aucun danger ou risque de débordement du conflit dans cette région de la Transnistrie. Nous poursuivons notre action dans nos formats de négociation actuels. La Moldavie est un pays neutre. Sa neutralité est inscrite dans sa Constitution et nous attendons de chacun qu'il agisse conformément à ce principe."

"Plus de 250 000 personnes ont franchi notre frontière depuis l'Ukraine"

Sandor Zsiros :

"Qu'envisagez-vous de faire si les troupes russes franchissent vos frontières ?"

Natalia Gavrilița :

"C'est un scénario hypothétique. Nous sommes à l'heure actuelle, focalisés sur la gestion de l'afflux important de réfugiés dans notre pays. Plus de 250 000 personnes ont franchi notre frontière depuis l'Ukraine. On estime que 120 000 d'entre elles se trouvent toujours en Moldavie. Ce qui représente la plus grande proportion en Europe par rapport à notre population. Nous avons atteint notre capacité maximale et nous avons besoin d'un soutien important et d'une assistance internationale pour faire face à cette crise humanitaire massive. Nous nous concentrons donc sur les défis auxquels nous sommes confrontés à l'heure actuelle plutôt que de discuter d'un scénario hypothétique."

"Nous demandons de toute urgence, l'ouverture de corridors humanitaires vers d'autres pays"

Sandor Zsiros :

"Comment faites-vous face à cet afflux massif de réfugiés vu que votre pays est relativement petit ? Vous faut-il davantage d'aide internationale à cet égard ?"

Natalia Gavrilița :

"Oui, c'est clair. Comme je l'ai dit, nous faisons face à un afflux de réfugiés jamais vu en Moldavie, mais aussi probablement jamais vu en Europe puisqu'il est soudain et intense et le nombre de réfugiés est supérieur aux estimations faites par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés avant le début de cette intervention militaire. La Moldavie est évidemment, un pays aux ressources très limitées. Il est clair que nous avons besoin d'une aide financière et d'une assistance humanitaire pour être capables de faire face à cet afflux de réfugiés. Et tant que les opérations militaires continuent, nous nous attendons à ce que cet afflux se poursuive. Donc nous demandons de toute urgence, l'ouverture de corridors humanitaires vers d'autres pays, mais aussi une aide financière pour que nous puissions maintenir les dépenses que nous effectuons actuellement et que nous avons effectuées depuis dix jours. Nous commençons tout juste à recevoir de l'aide humanitaire. Ces dépenses sont très lourdes pour les ressources moldaves."

Région séparatiste de la Transnistrie : "Nous ne voyons aucun risque ou plan d'intervention"

Sandor Zsiros :

"Votre pays compte une région séparatiste, la Transnistrie où se trouve une base militaire russe. Constatez-vous des activités militaires inhabituelles sur place ? Et pensez-vous que ces soldats puissent se joindre au conflit ?"

Natalia Gavrilița :

"Effectivement, nous avons une région séparatiste, la Transnistrie. Il y a des troupes russes stationnées sur place. Cela fait trente ans que nous appelons constamment à leur retrait. Nous constatons actuellement qu'il n'y a aucun risque ou plan d'intervention. Mais évidemment, la situation est incertaine et dépend de l'évolution du conflit en Ukraine. Comme je l'ai dit, nous sommes un pays neutre et nous nous attendons à ce que tous les partenaires internationaux agissent en respectant ce principe de neutralité. Pour l'instant, nous poursuivons nos discussions dans nos formats de négociation actuels et nous ne notons aucun signe ou plan d'intervention."

"Accorder le statut de candidat [à l'adhésion à l'UE] enverrait le message que nous sommes bienvenus dans le monde libre"

Sandor Zsiros :

"La Moldavie a officiellement déposé sa candidature pour intégrer l'Union européenne la semaine dernière. Habituellement, le processus d'adhésion prend des décennies. Selon vous, une procédure accélérée est-elle possible dans le contexte actuel ?"

Natalia Gavrilița :

"Nous sommes conscients du fait que le processus d'intégration européenne est une procédure de transformation longue. En même temps, du fait de la situation de cette région en matière de sécurité, nous accorder le statut de candidat enverrait un message très important aux citoyens des pays qui ont demandé à adhérer à l'Union européenne, à savoir qu'ils sont les bienvenus dans le monde libre et dans l'Union européenne où les valeurs démocratiques, l'État de droit et le respect des droits humains et du droit international sont des principes fondamentaux. Évidemment, nous sommes prêts à faire ce qui sera nécessaire pour remplir les critères d'adhésion à l'Union européenne."

Une union avec la Roumanie ? "Ce n'est pas une option"

Sandor Zsiros :

"Des partis politiques roumains estiment qu'un référendum devrait être organisé pour que la Moldavie puisse s'unir à la Roumanie et ainsi, rejoindre l'Union européenne et l'OTAN. Ce scénario est-il sur la table ?"

Natalia Gavrilița :

"À l'heure actuelle, ce n'est pas une option que nous examinons."

"Ce principe de neutralité est inscrit dans notre constitution"

Sandor Zsiros :

"Comment l'intégration occidentale de la Moldavie pourrait-elle se réaliser vu qu'elle compte une région séparatiste pro-russe ? Vladimir Poutine qui essaie de restaurer l'ancienne Union soviétique essaiera certainement de l'empêcher. Comment voyez-vous les choses ?"

Natalia Gavrilița :

"Encore une fois, je pense que c'est une question hypothétique. Nous travaillons actuellement dans les formats de négociation qui ont été convenus et nous travaillerons avec tous les partenaires internationaux en fonction de l'évolution et des changements de circonstances pour aborder les négociations de la meilleure manière et poursuivre les discussions sur l'intégration européenne."

Sandor Zsiros :

"Vous avez parlé un peu plus tôt de la neutralité de votre pays. Cela veut dire qu'une adhésion à l'OTAN est exclue, n'est-ce pas ?

Natalia Gavrilița :

"En effet. Ce principe de neutralité est inscrit dans notre Constitution. Nous aspirons à rejoindre l'Union européenne, mais nous nous ne chercherons pas à devenir membres de l'OTAN."

Journaliste • Sandor Zsiros

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