"Je suis une babouchka âgée" : en Ukraine, le calvaire des plus vieux

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Par Laurence Alexandrowicz
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L'invasion russe de l'Ukraine a forcé des millions de personnes à quitter leur foyer. Parmi elles, des personnes âgées, vulnérables et oubliées.

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L'invasion russe de l'Ukraine a forcé des millions de personnes à quitter leur foyer. Parmi elles, des personnes âgées, vulnérables et oubliées. Ioulia, 83 ans, a trouvé refuge dans l'ancienne maternité de Dnipro, elle vient de Lysychansk, dans le Donbass.

L'ancienne professeure d'économie, désormais malentendante, a été "très effrayée" par le bruit des tirs dans sa ville et par les trois obus qui sont passés assez près de sa maison pour faire sauter ses fenêtres.

"C'est ma troisième guerre", a-t-elle dit, faisant d'abord référence à la Seconde Guerre mondiale, puis au déclenchement des combats en 2014 entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-Kremlin.

_"Lysychansk a été libérée des nazis en 1943. Je me souviens comment nous sommes rentrés chez nous. Bien sûr, j'ai des souvenirs à ce sujet. C'était des nazis. Puis notre pays a été envahi, et maintenant notre pays a été envahi par un État étranger. _Si j'avais eu un proche parent vivant avec moi, je serais restée. Mais j'étais seule dans mon appartement et c'était très difficile pour moi. C'est pourquoi j'ai dû partir."

Je suis cette babouchka âgée

 Zoïa, 85 ans, venue de Sloviansk, n'a que son fils Vitaly, qui s'occupe d'elle. Perchée sur un lit, les mains agrippées à un déambulateur, elle se considère comme une chanceuse, malgré son rein unique, son équilibre précaire, son diabète et sa mauvaise vue.

Et ce, parce que son fils, musicien de rock, a abandonné sa carrière dans le "show business" il y a vingt ans pour s'occuper d'elle.

"Je suis cette babouchka âgée", dit-elle. "_Mon fils est mes yeux, mes mains et mes jambes. Je n'ai rien par moi-même." _

Elle avait d'abord hésité à partir : 

"Avec qui pouvait-il me laisser ? Tout le monde était parti, tous mes voisins. Même ma voisine de 93 ans était partie. Avec sa fille. Alors j'y ai pensé aussi et j'ai décidé de partir. J'ai décidé de m'en aller pour sauver mon fils."

 Chez Handicap International, on le confirme, les personnes âgées sont "souvent oubliées, très vulnérables" en temps de guerre. L'ONG fournit des équipements et aide financièrement le foyer de Dnipro.

"Quand elles arrivent dans les centres d'hébergement, explique Federico Dessi, chef de mission pour Handicap International en Ukraine, il n'y a souvent pas de services médicaux ou sociaux et donc elles se retrouvent sans leurs médicaments pour leurs maladies chroniques, et donc elles ont vraiment besoin d'une assistance supplémentaire et spécialisée qui n'est souvent pas disponible."

 Citant les chiffres du gouvernement ukrainien, Handicap International estime que 13 000 Ukrainiens âgés ou handicapés sont arrivés dans la grande région de Dnipro depuis l'invasion de la Russie fin février.

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