?? Un rapport de la Cour des comptes accuse le ministre d'avoir fermé les yeux sur le dispositif et des milliers d'abus. Jusqu'en 2020, avant sa suppression, il permettait d'obtenir la nationalité chypriote en échange d'investissements dans le pays.
Les "passeports" dorés n'ont pas fini de faire parler d'eux. Un rapport accablant de la Cour des comptes chypriote indique que des milliers de passeports auraient été cédés illégalement et avec l'appui du ministre de l'Intérieur.
Avant sa suppression en 2020 en raison d'abus, le dispositif permettait d'obtenir la nationalité chypriote. Moyennant un investissement dans le pays allant de 2 à 2,5 millions d'euros, il était possible de s'offrir un passeport chypriote et donc obtenir la citoyenneté européenne.
Peu avant sa suppression, un reportage de la chaîne d’information qatari Al-Jazeera avait démontré que des criminels pouvaient relativement facilement profiter du programme.
La cour des comptes accuse le ministre de l'Intérieur chypriote d'avoir été mis au courant des dérives, sans réagir. Odysseas Michaelides, en charge du rapport, détaille les conclusions du rapport à Euronews.
"Parfois il [le ministre de l'Intérieur ndlr] recevait des observations du ministère de l'Economie et décidait de lui-même, d'après nous illégalement, que cette information ne remettait pas en cause la naturalisation. Ensuite il envoyait une note au Conseil des ministres, toujours la même, qui appelait celui-ci à approuver la naturalisation".
Sept milliards d'euros en 13 ans
Le dispositif a servi la prospérité de Chypre, embourbée dans une crise grave financière, en rapportant près de sept milliards en 13 ans. Toutefois, le rapport de la cour des compte estime que les nombreux abus ont fait perdre des millions au trésor public.
"Parmi les 7 000 naturalisation qui ont été accordées, plus de la moitié ont été cédées à des proches des investisseurs ce qui est complètement illégal", complète Odysseas Michaelides.
Sous pression de la part de la Commission européenne, Chypre a révoqué la citoyenneté de 39 investisseurs depuis un an, parmi eux, plusieurs oligarques russes.
Malte et la Bulgarie disposaient également d’un système de "passeports dorés", ils y ont, eux aussi, mis un terme sur demande de Bruxelles.