Le cinéaste iranien Jafar Panahi libéré sous caution après sept mois de prison

Jafar Panahi, le 17 février 2006, festival de Berlin
Jafar Panahi, le 17 février 2006, festival de Berlin Tous droits réservés Hermann J. Knippertz/AP2006
Par Euronews avec AFP
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Iran : le cinéaste Jafar Panahi libéré sous caution après sept mois de prison.

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**Le réalisateur iranien renommé Jafar Panahi a été libéré sous caution vendredi après avoir entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention de près de sept mois en Iran, ont indiqué une ONG et des proches.
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Jafar Panahi, âgé de 62 ans et dont les films ont été primés dans des festivals de cinéma européens, a été arrêté le 11 juillet avant le début en septembre du mouvement de contestation en Iran. Il devait purger une peine de six ans de prison prononcée en 2010 pour "propagande contre le système".

Il a été libéré "deux jours après avoir entamé une grève de la faim", a indiqué sur Twitter l'ONG Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basée à New York.

Le journal réformateur iranien Shargh a confirmé sa libération "sous caution" et publié une photo du cinéaste étreignant l'un de ses soutiens à sa sortie de la prison d'Evine à Téhéran.

Son épouse Tahereh Saeedi a posté sur Instagram une photo de lui en train d'être transporté de prison à bord d'un véhicule.

"M. Panahi a été temporairement libéré de la prison d'Evine grâce aux efforts de sa famille, d'avocats et de représentants du cinéma", a indiqué dans un communiqué la Maison du cinéma, qui regroupe les professionnels de l'industrie en Iran.

Dans une déclaration publiée par sa femme jeudi, le réalisateur avait annoncé avoir entamé une grève de la faim le 1er février pour protester contre ses conditions de détention.

"Je resterai dans cet état jusqu'à ce que, peut-être, mon corps sans vie soit libéré de prison", avait-il dit.

"Immense soulagement"

"C'est avec un immense soulagement que nous apprenons la libération ce jour du cinéaste Jafar Panahi. Nous n'oublions pas toutes celles et tous ceux qui, en Iran et à travers le monde, subissent la violence et la répression (...)", a indiqué à l'AFP Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.

Le 15 octobre, la Cour suprême en Iran avait annulé la condamnation de M. Panahi prononcée en 2010 et ordonné un nouveau procès, suscitant l'espoir qu'il pourrait être aussitôt libéré, mais il était resté en prison.

Jafar Panahi a gagné un Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour son film "Le Cercle". En 2015, il a été récompensé d'un Ours d'or à Berlin pour "Taxi Téhéran" et, en 2018, il a remporté le prix du meilleur scénario pour "Trois Visages" au Festival de Cannes.

Le dernier film de Jafar Panahi, "Aucun Ours", qui, comme la plupart de ses oeuvres récentes, le met directement en scène, avait été projeté en 2022 à la Mostra de Venise alors qu'il était déjà emprisonné. Il avait remporté le prix spécial du jury.

"C'est extraordinaire, un soulagement, une joie totale", a dit à l'AFP la productrice française Michèle Halberstadt, qui distribue ses films. "Son prochain combat est de faire reconnaître officiellement l'annulation de sa peine. Il est dehors, il est libre, c'est déjà formidable."

Répression

L'arrestation de Panahi en juillet était intervenue après qu'il eut assisté à une audience du tribunal pour son collègue réalisateur Mohammad Rasoulof, arrêté quelques jours plus tôt.

M. Rasoulof a été libéré le 7 janvier après avoir obtenu une permission de sortie pendant deux semaines pour des raisons de santé et il est possible qu'il soit toujours hors de prison.

Des personnalités du cinéma font partie des milliers de personnes arrêtées par les autorités durant la répression des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, 22 ans, après son interpellation par la police des moeurs qui l'accusait d'enfreindre le code vestimentaire strict pour les femmes en Iran, dont le port obligatoire du voile en public.

L'actrice vedette Taraneh Alidoosti, qui avait publié des images d'elle-même sans voile, a été libérée début janvier après près de trois semaines de détention.

Selon Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, les forces de sécurité ont tué au moins 488 personnes pendant la répression des manifestations depuis le 16 septembre.

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