La Bulgarie s'achemine vers une sortie de l'impasse politique

Mariya Gabriel, investie par le président bulgare pour former un gouvernement
Mariya Gabriel, investie par le président bulgare pour former un gouvernement Tous droits réservés Vaszil Donev/MTI/MTI
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Par Euronews avec AFP
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La Bulgarie s'achemine vers une sortie de l'impasse politique C'est finalement un partage du pouvoir qui aura lieu, solution inédite pour la Bulgarie qui espère ainsi sortir d'une période d'instabilité sans précédent depuis la fin du communisme en 1989.

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Après cinq élections en deux ans, les principales forces politiques de Bulgarie ont enfin réussi à s'entendre pour former un "gouvernement stable" et mener une réforme très attendue de la justice, dans ce pays gangrené par la corruption.

Les négociations ont été intenses et difficiles, comme l'a reconnu l'ex-commissaire européenne Mariya Gabriel, investie par les conservateurs pour trouver une issue.

"Nous avons tous fait beaucoup de concessions", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Sofia.

C'est finalement un partage du pouvoir qui aura lieu, solution inédite pour la Bulgarie qui espère ainsi sortir d'une période d'instabilité sans précédent depuis la fin du communisme en 1989.

La responsable de 44 ans, qui a démissionné de son poste à Bruxelles pour se consacrer à cette tâche, sera dans un premier temps vice-Premier ministre, sous la houlette du chercheur de 60 ans Nikolay Denkov, choisi par la coalition réformatrice libérale.

Puis au bout de neuf mois, c'est elle qui prendra les rênes de l'exécutif, avec des experts aux postes de ministres plutôt que des personnalités politiques.

Il s'agit "d'éviter le danger qui était réel de nouvelles élections", a souligné M. Denkov, présent aux côtés de Mme Gabriel.

Puissant procureur

Depuis le printemps 2021 et la chute de l'ancien Premier ministre conservateur Boïko Borissov, ce pays des Balkans a vu se succéder les gouvernements intérimaires, à l'exception d'une brève période au pouvoir des libéraux.

Après le scrutin du 2 avril, marqué par une montée des voix pro-russes dans cette nation historiquement et culturellement proche de Moscou, le même scénario semblait devoir se répéter faute de vainqueur disposant d'une majorité claire.

Mais le profil consensuel de l'ex-commissaire à l'Innovation et à la culture semble avoir permis de débloquer la situation. Reste désormais à obtenir l'aval du Parlement, où les deux camps disposent de suffisamment de voix (133 sur 240 sièges).

Outre leur position pro-européenne commune face à la guerre en Ukraine, un autre élément a joué un rôle clé: le ralliement de M. Borissov à la réforme de la justice, réclamée de longue date par son adversaire libéral Kiril Petkov à l'unisson des manifestants anti-corruption descendus dans la rue à l'été 2020.

Objectif: instaurer un mécanisme de contrôle du tout-puissant procureur général, une piste vivement recommandée par la Commission européenne afin de mettre fin à l'impunité dans ce pays de 6,5 millions d'habitants le plus pauvre de l'UE.

"Dernière chance"

En place depuis 2019, le magistrat Ivan Guechev est accusé d'enterrer les enquêtes sur les oligarques soumis à des sanctions américaines et britanniques. Cette figure controversée est également soupçonnée d'avoir dramatisé une explosion contre sa voiture blindée début mai.

Une procédure de destitution doit être lancée à son encontre mais il refuse pour l'heure de quitter ses fonctions. La semaine dernière, il a déchiré une lettre de démission, dans un geste théâtral devant les journalistes.

Il a de nouveau pris la parole lundi, se disant "victime d'une attaque politique coordonnée", tandis que le parquet a annoncé enquêter sur son ancien protecteur Boïko Borissov et Mariya Gabriel, qui a fait de son départ une "priorité".

"La riposte du procureur Guechev a paradoxalement contribué à l'obtention d'un compromis politique", devenu urgent devant "la situation extrêmement difficile du pays", a commenté pour l'AFP Parvan Simeonov, analyste de Gallup International.

Prudente, Evelina Slavkova, du cabinet d'études Trend, a évoqué sur la radio publique BNR "un pas dans la bonne direction, vers un gouvernement de la dernière chance".

Fragilisée par ces turbulences, la Bulgarie a dû renoncer à rejoindre la zone euro en 2024 et a été recalée de la zone de libre circulation Schengen. Elle n'a pu adopter de budget et tarde également à accomplir les démarches nécessaires à l'obtention de la totalité des fonds européens du plan de relance post-Covid.

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