Catastrophe du barrage de Kakhovka : le bilan dépasse les 25 morts

Evacuation d'un homme sous les tirs russes dans l'ouest de Kherson, Ukraine, 11 juin 2023
Evacuation d'un homme sous les tirs russes dans l'ouest de Kherson, Ukraine, 11 juin 2023 Tous droits réservés stringer /Copyright 2020 The AP. All rights reserved
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Par euronews avec AFP
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Une semaine après la destruction du barrage de Kakhovka sur le Dniepr, la Russie annonce 17 morts dans les zones de la région de Kherson qu'elle occupe, Kiev évoque plus de 10 morts et 41 disparus.

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Plus de 25 morts dans la région ukrainienne de Kherson... Le bilan des inondations engendrées par la destruction du barrage de Kakhovka la semaine dernière, a été revu à la hausse, et ce n'est sans doute pas terminé. Kiev affirme qu'une quarantaine de personnes sont portées disparues.

 Ce matin, la Russie a porté à 17 le nombres de personnes retrouvées décédées dans les zones qu'elle contrôle dans la région de Kherson, alors que le dernier bilan des autorités ukrainiennes faisaient état de 10 morts dans les zones sous contrôle de Kiev. 

Le barrage hydro-électrique de Kakhovka, situé dans une zone sous contrôle russe, a été détruit le 6 juin, inondant des centaines de kilomètres carrés en aval. L'évacuation d'au moins 6 000 habitants et l'inondation de milliers d'hectares de cultures agricoles laissent présager une catastrophe tant humanitaire qu'environnementale.

L'Ukraine a accusé la Russie d'avoir miné et dynamité le barrage à dessein, pour barrer la route dans cette région du sud à ses troupes qui ont engagé une contre-offensive. La Russie assure que le barrage a cédé à la suite de bombardements ukrainiens. 

Deux versions des faits qui ne change rien à la donne, la vie de milliers d'habitants est menacée. 

Alors que les alliés occidentaux de l'Ukraine soupçonnent la Russie d'avoir fait exploser le barrage, Vladimir Poutine a ordonné la création d'une commission chargée de lutter contre les conséquences des inondations.

D'après l'institut de sismologie norvégien Norsar, une "explosion" provenant de la région du barrage de Kakhovka a été détecté au moment de sa destruction mardi, l'institut se gardant d'attribuer une origine à cette déflagration de magnitude comprise entre 1 et 2.

Les agriculteurs pleurent animaux et récoltes emportés par les eaux

Dans son village d'Afanassiïvka, Iouriï regarde autour de lui avec perplexité, l'eau lui arrivant à la poitrine. Cet agriculteur ukrainien a vu ses terres dévastées par les inondations.

Il y a encore une semaine, cet homme de 56 ans cultivait des fruits et des légumes et faisait paître ses vaches. Aujourd'hui, son exploitation de la région de Mykolaïv, dans le sud de l'Ukraine, est plongée dans une eau vaseuse.

La destruction par des explosions la semaine dernière du barrage de Kakhovka, en amont sur le fleuve, a provoqué d'importantes inondations dans la partie méridionale du territoire ukrainien, une région-clé pour le secteur primaire de l'économie déjà ravagé par le conflit avec la Russie.

Ces inondations sont un nouveau coup dur pour les agriculteurs de ces régions, qui ont déjà du mal à cultiver leurs terres en raison des bombardements fréquents et de la nécessité de déminer.

"Ce qui est sous l'eau ici aurait pu nourrir plusieurs familles nombreuses pendant un an", déplore Iouriï, en regardant flotter de petits canetons morts noyés.

"Poutine nous a tout pris", vocifère-t-il.

Selon le ministère ukrainien de l'Agriculture, plusieurs millions de tonnes de récoltes pourraient être perdues.

Sur la rive droite du Dniepr, sous contrôle ukrainien, 10 000 hectares de terres agricoles ont été inondées, estime le ministère. La zone touchée sur la rive gauche, occupée par les Russes, est encore plus vaste.

Si l'eau a commencé à se retirer dans certains quartiers de la ville de Kherson, le petit village d'Afanassiïvka est encore à moitié sous les eaux en raison de la crue d'une rivière, l'Ingoulets.

Le torrent qui s'est déversé a surtout ravagé les cultures de pommes de terre et les zones de pâturage, noyant également de petits animaux de ferme.

Le village n'a ni électricité, ni réseau téléphonique, ni eau potable. Isolé, il n'est accessible qu'avec l'aide des militaires ukrainiens.

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Olena Gouliouk, une agricultrice de 59 ans, s'est rendue au point de passage pour obtenir des bouteilles d'eau auprès de bénévoles. Ses mains et sa robe sont couvertes de boue après qu'elle est allée tenter de récupérer ses affaires.

"Notre foin est trempé. Nous avions des céréales pour nourrir les animaux, elles ont aussi été gâchées. Nos cabanes ont été emportées par les flots avec les animaux à l'intérieur. Nos lapins sont morts, c'est très douloureux", explique Olena, qui a été agricultrice toute sa vie.

"Nous avions planté des pommes de terre, des betteraves, des carottes, tout ce qu'il faut", énumère-t-elle. "Aujourd'hui, il ne reste plus rien".

Avant les inondations, 470 000 hectares de terres agricoles en Ukraine étaient déjà parsemés de munitions n'ayant pas explosé et de mines, selon le ministère de l'Agriculture.

"Les Russes veulent tout simplement détruire l'Ukraine (...) Ils ont mis le feu à nos maisons, des roquettes ont volé au-dessus de nos têtes mais nous avons survécu (...) Maintenant, nous ne nous laisserons pas noyer", jure Olena.

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D'autres ne sont pas optimistes.

"Ces salauds ont détruit nos terres agricoles. Rien ne poussera pendant une décennie, c'est un désastre écologique", lance Vassyl Palamartchouk, 71 ans, qui exploite une ferme dans le village.

Torse nu, il empile des épis de maïs trempés, guère utilisables pour nourrir hommes ou animaux.

Tandis que les plants de fraise pourrissent sous l'eau, les prix ont commencé à augmenter sur les marchés locaux.

"Toute la récolte a été inondée (...) Comment les gens vont-ils gagner de l'argent ? Comment vont-ils vivre ?", s'interroge Olga Markova, une commerçante de 63 ans.

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"Cette année, il y aura très probablement la faim. Kherson nourrissait toute l'Ukraine et la Russie. Regardez ce qu'ils nous ont fait", se lamente-t-elle.

Iouriï, quant à lui, continue d'enlever les débris flottants dans sa ferme de Mykolaïv, faisant un geste de colère en direction de l'eau et exigeant que la Russie indemnise les agriculteurs.

"Ce crétin assis au Kremlin est responsable de tout ça", assène-t-il.

Avec AFP

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