Guerre en Ukraine : "La société russe est prête pour une guerre longue"

Euronews
Euronews Tous droits réservés Alexander Zemlianichenko/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Alexander Zemlianichenko/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
Par Valeriy Nozhin
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Un an et demi après l'invasion russe en Ukraine, une écrasante majorité de la population russe continue de soutenir l'action des forces armées, selon un sondage du Levada Center.

PUBLICITÉ

Près d'un an et demi après l'invasion massive de l'Ukraine, dans les sondages l'opinion publique russe reste stable - et elle n'est globalement pas anti-guerre. Selon le Levada Center*, en mai 2023, trois quarts de la population russe soutient les forces armées. Malgré les difficultés, les Russes font bloc derrière leurs soldats, la légitimité de la guerre leur importerait finalement assez peu. 

"Même ceux qui étaient initialement contre se disent aujourd'hui : "Nous sommes allés au combat, d'autant plus qu'une contre-offensive ukrainienne est en cours, nous ne pouvons pas perdre maintenant. Ce sont nos hommes, nos garçons, nos maris. Même si la cause pour laquelle ils se battent est mauvaise, ils sont toujours les nôtres", explique Anna Matveeva, chercheuse associée au King's College de Londres. 

Le nombre de Russes opposés à la guerre est estimé à 20 %, proportion inchangée en un an et demi. Les manifestations contre la guerre ne se sont pas généralisées en Russie, et pas seulement en raison du risque de persécution.

"C'est à la fois la peur et le sentiment qu'il est impossible de changer quoi que ce soit avec les manifestations, c'est-à-dire que l'on s'expose soi-même et sa famille à un danger énorme, mais que l'on ne peut rien obtenir de toute façon", nuance Anna Matveeva.

Dans le même temps, un nombre important de citoyens russes ne s'intéressent pas à ce qui se passe en Ukraine - ou, plutôt, prennent délibérément leurs distances par rapport à ce qui s'y déroule, quelle que soit l'opinion qu'ils expriment dans les sondages.

"Pour la majorité, le plus important est de pouvoir vivre une vie normale, une vie de tous les jours. On peut se couper des mauvaises nouvelles, on peut faire comme si de rien n'était. Même si, secrètement, les gens sont au courant, surveillent la situation d'une manière ou d'une autre et s'en inquiètent. C'est l'un des mécanismes d'adaptation à ce qui se passe - se fermer aux nouvelles traumatisantes parce que cela a été très traumatisant et continue de l'être pour beaucoup de gens, même ceux qui soutiennent", juge Denis Volkov, directeur du Centre Levada

L'économie est également l'un des principaux facteurs qui empêche les Russes de manifester activement. Les dirigeants ont réussi à assurer une relative stabilité financière et économique à la suite des sanctions - ou du moins, le Kremlin en a convaincu ses concitoyens.

Selon Anna Matveeva, "la société est prête pour une guerre assez longue. Elle y est déjà habituée, elle ne perçoit pas cette situation comme absolument anormale".

*Le Centre Levada est une agence russe de sondage et d'analyse, déclarée "agent étranger" par le Kremlin. Elle continue malgré tout de travailler en Russie

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Guerre en Ukraine : une frappe russe à Kramatorsk a fait au moins 8 morts

Un haut responsable militaire russe comparaît devant le tribunal pour corruption

Images impressionnantes des inondations en Russie et au Kazakhstan, animaux secourus