Aux JMJ, la jeunesse ukrainienne entre douleur et fête

Le pape François aux JMJ
Le pape François aux JMJ Tous droits réservés Gregorio Borgia/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par AFP
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Jeudi, une quinzaine de membres d'un groupe de quinze ukrainiens ont rencontré le pape en privé.

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Drapeau ukrainien sur le dos, Olena Shevchuk a retrouvé, le temps de quelques jours, le goût de la fête aux Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne. Mais la douleur de la guerre qui ravage son pays ne quitte pas ses pensées.

"C'est très difficile pour nous de comprendre que la vie est normale ici", confie à l'AFP cette étudiante de 24 ans venue participer, comme quelque 500 Ukrainiens, à ce grand rassemblement catholique international autour du pape François.

A l'image des avions de ligne volant bas dans le ciel lisboète, elle avait "perdu l'habitude" des scènes de la vie quotidienne dans une capitale européenne en paix depuis l'invasion des troupes russes en février 2022.

"Ici il y a de la musique partout, les cafés et restaurants sont ouverts la nuit, vous pouvez aller où vous voulez", une réalité qui tranche avec le couvre-feu imposé chaque soir à 23H00 dans sa ville du centre de l'Ukraine, Vinnytsia.

Comme elle, ses camarades - souvent vêtus de la traditionnelle chemise brodée - tentent d'oublier la guerre durant cette semaine de rendez-vous festifs, culturels et spirituels. Une parenthèse au contact des centaines de milliers de pèlerins du monde entier qui ont inondé les rues de Lisbonne, drapeaux à la main et sac sur le dos.

"Malgré la guerre, toutes les difficultés", après un long voyage et quinze heures de blocage à la frontière polonaise, "nous sommes bien là", se réjouit le père Roman Demush, vice-responsable de la pastorale des jeunes ukrainiens grecs-catholiques, qui représentent quelque 8% de la population du pays. 

Les jeunes qu'il accompagne "vivent dans une réalité terrible, avec des bombardements quotidiens (...) Ils sont venus pour retrouver un peu de paix", affirme le prêtre devant l'église qui leur sert de QG dans le quartier de Graça, sur une des collines du vieux Lisbonne. 

"Tout le monde nous dit bonjour, on nous dit qu'on prie pour nous, c'est très émouvant", constate Olena, yeux bleu-vert et cheveux roux. Sur son drapeau, des mots inscrits au feutre noir: "La France vous aime!"

"Pleurer" avec le pape

Un peu plus loin, devant un stand, des bénévoles proposent aux passants des casques de réalité virtuelle plongeant le spectateur dans l'Ukraine en guerre, des scènes de chaos à 360° qui contrastent avec la musique et les couleurs chatoyantes de ce quartier animé avec vue sur le Tage.

Jeudi matin, une quinzaine de membres du groupe ont rencontré le pape en privé.

"Il a écouté les histoires des familles, des massacres causés par la Russie sur notre territoire. Nous avons pleuré ensemble, parlé, prié et à la fin on a partagé symboliquement du pain et de l'eau", raconte le père Demush.

Le jésuite argentin avait évoqué une initiative commune entre jeunes ukrainiens et la poignée de Russes présents à Lisbonne. Mais l'initiative est jusqu'ici restée lettre morte.

Les Russes? "Nous ne les voyons pas, et tant mieux", lâche le père Demush, qui estime qu'une telle rencontre causerait "encore davantage de souffrances" aux jeunes.

"On ne peut pas faire dialoguer un assassin et une victime. Bien sûr, les jeunes ne sont pas coupables, mais ils doivent prendre position contre la politique de leur pays", estime-t-il.

"Ce serait étrange, inconfortable", confirme Olena Syniuha, 19 ans, originaire de Lviv. "Parce que la douleur vit dans notre cœur, nous ne souhaitons aucune forme d'interaction avec eux, c'est vraiment douloureux de voir ce qu'ils font."

Au sein du groupe, une écrasante majorité de filles. Et pour cause: la loi interdit aux hommes de quitter le territoire pour honorer leur service militaire dès leur majorité.

"C'est vraiment très triste, bien sûr il y a beaucoup de garçons qui voulaient venir (...) mais ils ne peuvent pas", déplore Olena Syniuha. A son poignet, un bracelet offert par des pèlerins espagnols.

"Nous ressentons une sorte de mission que nous devons être ici présents en leur nom. Nous devons absorber tout le soutien reçu et le leur donner", glisse-t-elle.

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La jeune femme fait le vœu de "revenir en Ukraine pleins de joie, d'espoir, de soutien afin qu'ils puissent le ressentir". "Et peut-être qu'aux prochaines JMJ, ils pourront venir avec nous."

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