Le prix des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe attribué au Turc Osman Kavala, en prison

Osman Kavala
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"Il est inacceptable que le Prix des droits de l'homme Vaclav Havel ait été décerné à une personne qui a été définitivement condamnée par la justice de notre pays", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères.

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Osman Kavala, mécène emprisonné en Turquie et bête noire d'Ankara, a reçu le Prix des droits de l'Homme Vaclav Havel du Conseil de l'Europe, un récompense qui a déclenché la colère de la Turquie.

L'homme d'affaires et philanthrope de 66 ans a été arrêté en 2017 et condamné à la perpétuité pour "tentative de renversement du gouvernement" via le financement des manifestations en 2013.  

 Lors de son procès, il avait dénoncé un "assassinat judiciaire" ainsi que l'influence du chef de l'Etat sur la justice.

Sa condamnation a été confirmée fin septembre par la Cour de cassation turque, en dépit d'un arrêt de 2019 de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), bras judiciaire du Conseil de l'Europe, qui a jugé la détention de M. Kavala contraire à la Convention européenne des droits de l'homme et demandé sa libération.

Sa condamnation à la "perpétuité aggravée" est assortie d'un placement à l'isolement et sans possibilité de remise de peine.

"Je suis très triste qu'il ne soit pas avec nous pour recevoir ce prix, ce prix si important", a déclaré son épouse, Ayse Bugra Kavala, en recevant la récompense du président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Tiny Kox. Elle a précisé que son mari dédiait son prix à "ses concitoyens maintenus en prison".

"Emprisonnement illégal"

Le refus de la Turquie de libérer Osman Kavala lui vaut une procédure d'infraction pouvant aller jusqu'à son expulsion de l'organisation internationale, qui ne réunit plus que 46 pays depuis l'exclusion l'an dernier de la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine.

Pour le Conseil de l'Europe, les mesures prises à son encontre "visaient à le réduire au silence et à dissuader d'autres défenseurs des droits de l'homme".

Depuis sa prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, Osman Kavala avait estimé fin septembre que la confirmation de sa sentence ne valorisait "ni le droit, ni la vie humaine", selon des propos rapportés par un visiteur.

Il a reçu la semaine dernière la visite, pour la première fois, du chef du principal parti d'opposition turque, Kemal Kiliçdaroglu, candidat malheureux à l'élection présidentielle en mai dernier.

"Il n'y a pas de justice dans ce pays", a déclaré M. Kiliçdaroglu, dénonçant un "emprisonnement illégal".

La récompense attribuée à Osman Kavala a toutes les chances de susciter la colère du pouvoir turc.

"Dernière goutte"

La semaine dernière, le président Erdogan a dénoncé un autre arrêt récent de la CEDH qui a épinglé son pays: elle lui reproche d'avoir condamné un homme pour appartenance à une organisation terroriste armée en se fondant sur sa simple utilisation de l'application de messagerie cryptée ByLock.

ByLock est considérée par Ankara comme l'outil de communication privilégié des responsables présumés du putsch manqué de 2016, qui a fait 250 morts et a été suivi d'arrestations et de purges sans précédent dans l'histoire moderne de la Turquie.

"La décision de la CEDH est la dernière goutte qui a fait déborder le vase", a martelé M. Erdogan.

L'homme fort d'Ankara avait au passage déclaré que "la Turquie n'attend plus rien de l'Union européenne, qui nous a fait patienter à sa porte depuis 40 ans".

Osman Kavala était en lice pour le Prix Havel, du nom du dissident puis président tchécoslovaque mort en 2011, aux côtés de deux autres candidats: la Polonaise Justyna Wydrzynska, qui défend le droit à l'avortement dans son pays, et l'Ukrainien Evguen Zakharov, fondateur du "Tribunal pour Poutine", qui collecte des preuves de crimes de guerre commises depuis le début de l'agression russe.

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