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Israël restreint le travail de l'UNRWA, agence de l'ONU d'aide aux Palestiniens

UNRWA, 2023.
UNRWA, 2023. Tous droits réservés  Hassan Eslaiah/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par Serge Duchêne avec AP
Publié le Mis à jour
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Les législateurs israéliens ont adopté deux lois qui pourraient menacer le travail de la principale agence de l'ONU fournissant une aide à la population de Gaza en lui interdisant d'opérer sur le sol israélien.

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Ces lois, qui n'entrent pas immédiatement en vigueur, marquent un nouveau recul dans les relations longtemps difficiles entre Israël et les Nations unies.

Les alliés internationaux d'Israël se sont déclarés très inquiets de l'impact potentiel de ces lois sur les Palestiniens, alors que le bilan humanitaire de la guerre ne cesse de s'alourdir.

En vertu de la première loi, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, ou UNRWA, se verrait interdire de mener « toute activité » ou de fournir tout service à l'intérieur d'Israël, tandis que la seconde loi romprait les liens diplomatiques avec elle. La législation risque de faire échouer le processus déjà fragile de distribution de l'aide à Gaza, à un moment où Israël est soumis à une pression accrue de la part des États-Unis pour augmenter l'aide.

L'UNRWA n'a pas tardé à réagir en relevant que le vote du Knesset va à l'encontre de la Charte des Nations Unies et viole les obligations de l’État hébreu en vertu des lois internationales.

Accusations de complicité avec le Hamas

Israël a affirmé que certains des milliers de membres du personnel de l'UNRWA ont participé aux attaques du Hamas l'année dernière, qui ont déclenché la guerre à Gaza. Il a également déclaré que des centaines d'employés de l'UNRWA avaient des liens avec des militants et qu'il avait trouvé des équipements militaires du Hamas à proximité ou sous les installations de l'agence.

L'Office a licencié neuf employés à la suite d'une enquête, mais il nie aider sciemment des groupes armés et affirme agir rapidement pour purger ses rangs de tout militant présumé. Certaines des allégations d'Israël ont incité les principaux donateurs internationaux à interrompre le financement de l'agence, bien qu'une partie de celui-ci ait été rétablie.

« La loi que nous venons d'adopter n'est pas un simple projet de loi. Il s'agit d'un appel à la justice et d'un signal d'alarme », a déclaré le député Boaz Bismuth, qui a coparrainé l'un des projets de loi. « L'UNRWA n'est pas une agence d'aide aux réfugiés. C'est une agence d'aide pour le Hamas ».

Le premier vote a été adopté par 92 voix contre 10, à l'issue d'un débat enflammé entre les partisans de la loi et ses opposants, pour la plupart membres de partis parlementaires arabes. La seconde loi a été approuvée par 87 voix contre 9.

Yuli Edelstein, un législateur qui a présidé les discussions en commission sur les projets de loi, a déclaré au cours du débat que les lois n'étaient pas censées affecter ce qu'il a dit être l'engagement d'Israël à garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza. Mais il n'a pas été possible de savoir ce qu'il adviendrait une fois que ces lois entreraient en vigueur.

Les relations entre Israël et l'ONU menacées, ainsi que l'aide aux millions de Palestiniens

Ensemble, ces lois auraient pour effet de rompre les liens avec l'agence des Nations unies, de la priver de ses immunités juridiques et de restreindre sa capacité à soutenir les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. La législation ne prévoit pas d'organisations alternatives pour superviser son travail.

Ces changements porteraient également un coup sérieux à l'agence et aux Palestiniens de Gaza. Plus de 1,9 million de Palestiniens sont déplacés de leurs maisons et Gaza est confrontée à des pénuries généralisées de nourriture, d'eau et de médicaments.

Les groupes d'aide internationale et une poignée d'alliés occidentaux d'Israël, dont les États-Unis, ont exprimé leur vive opposition.

Le porte-parole du département d'État américain, Matthew Miller, s'adressant à des journalistes à Washington, a déclaré que l'administration américaine était « profondément préoccupée » par la législation. « Personne ne peut les remplacer en ce moment, au milieu de la crise », a-t-il déclaré.

L'UNRWA fournit des services d'éducation, de santé et d'autres services de base à des millions de réfugiés palestiniens dans toute la région, y compris en Cisjordanie occupée par Israël.

Les lois entreraient en vigueur 60 à 90 jours après que le ministère israélien des Affaires étrangères a notifié l'ONU, selon le porte-parole du législateur Dan Illouz, l'un des coparrains de l'une des lois.

« C'est un désastre », a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l'agence. « L'UNRWA est la plus grande organisation humanitaire à Gaza... Qui peut faire son travail ? Qui peut faire son travail ? »

Alors que la guerre n'est pas près de s'achever, les autorités de Gaza ont annoncé lundi que le nombre de victimes des combats, qui durent depuis un an, dépassait les 43 000. Le ministère palestinien de la Santé ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants, mais indique que plus de la moitié des morts sont des femmes et des enfants.

L'offensive à Gaza continue, doublée de frappes au Liban

L'augmentation du nombre de morts intervient alors qu'Israël recentre son offensive sur le nord de la bande de Gaza, durement touchée, et notamment sur un hôpital où, selon l'armée, des militants opéraient.

Les forces israéliennes ont effectué un raid sur l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, vendredi. Un responsable militaire israélien, s'exprimant lundi sous le couvert de l'anonymat conformément au règlement, a déclaré que de violents combats avaient eu lieu autour de l'hôpital, mais pas à l'intérieur, et que des armes avaient été trouvées à l'intérieur de l'établissement. L'armée a déclaré lundi que le raid avait pris fin.

Israël a effectué des descentes dans plusieurs hôpitaux de Gaza au cours de l'année de guerre, affirmant que le Hamas et d'autres militants les utilisaient à des fins militaires. Les responsables médicaux palestiniens nient ces allégations et accusent l'armée de mettre imprudemment en danger les civils.

L'armée israélienne a déclaré avoir arrêté 100 militants présumés du Hamas lors du dernier raid. Le responsable israélien a déclaré que le personnel médical avait été arrêté et fouillé parce que certains des militants s'étaient déguisés en médecins.

L'Organisation mondiale de la Santé a accusé Israël d'avoir arrêté 44 membres masculins du personnel hospitalier. La raison de cette divergence de chiffres n'a pas été immédiatement précisée. Les responsables médicaux palestiniens ont déclaré que l'hôpital, qui traitait quelque 200 patients, avait été fortement endommagé lors du raid.

L'armée israélienne a appelé les Palestiniens à évacuer le nord de la bande de Gaza, où elle mène une vaste offensive depuis plus de trois semaines. Le responsable a déclaré que l'opération dans la ville de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, durerait encore « plusieurs semaines ».

L'ONU a déclaré au début du mois qu'au moins 400 000 personnes se trouvaient dans le nord de la bande de Gaza, une zone qui a été la première cible de la guerre de représailles d'Israël. La faim y est endémique, la quantité d'aide humanitaire parvenant au nord ayant chuté au cours du mois dernier.

La guerre entre Israël et le Hamas a commencé après que des militants du Hamas et d'autres groupes ont pris d'assaut Israël, tuant quelque 1 200 personnes - pour la plupart des civils - et en enlevant 250 autres. Cette guerre a bouleversé le Moyen-Orient, déclenchant des combats entre Israël et le Hezbollah, ainsi qu'entre Israël et l'Iran, des ennemis jurés qui ont longtemps maintenu leur conflit dans l'ombre, mais qui s'engagent désormais dans une lutte ouverte.

Au Liban, des frappes aériennes israéliennes successives ont frappé la ville portuaire de Tyr, dans le sud du pays, à la suite d'un ordre d'évacuation donné par l'armée israélienne pour certaines parties de la ville, a rapporté lundi l'agence de presse nationale. Aucune victime n'a été signalée dans l'immédiat.

Les négociations piétinent

Après avoir échoué à la fin de l'été, les médiateurs internationaux ont tenté de relancer les efforts de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Israël a déclaré qu'il poursuivrait les discussions sur l'arrêt des combats après le retour du chef du Mossad, David Barnea, d'une réunion au Qatar avec le chef de la CIA, David Burns, et le premier ministre qatari.

Les médiateurs tentent diverses propositions pour essayer d'amener Israël et le Hamas à un accord. Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi a suggéré un cessez-le-feu de deux jours en échange de la libération de quatre otages.

Israël semble sensible à cette idée. Un responsable israélien a déclaré qu'Israël discutait de la proposition à la fois en interne et avec des responsables égyptiens. Un second responsable a déclaré que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait exprimé son enthousiasme pour la proposition lors d'une réunion avec son parti, le Likoud, lundi.

Les deux responsables ont parlé sous le couvert de l'anonymat, car ils n'étaient pas autorisés à discuter avec les médias des délibérations internes relatives à la proposition.

Le Hamas n'a pas encore répondu officiellement au plan et ses responsables n'étaient pas joignables pour un commentaire lundi.

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