L’Élysée, après avoir annoncé la passation de pouvoir à Matignon "en fin de matinée", maintenant table sur "une nomination avant 13 h".
Emmanuel Macron, même en écourtant sa visite en Pologne, n'a pas tenu le délai de 48 heures qu'il se serait fixé lors des entretiens avec les responsables des partis politiques à l'Élysée plus tôt dans la semaine. Devra-t-on à nouveau patienter 51 jours qui ont précédé la nomination de Barnier ?
Rumeurs et spéculations allaient bon train vendredi matin, l'échéance à laquelle le chef de l'État a repoussé l'annonce du nom du nouveau locataire de Matignon. Les noms circulaient déjà jeudi, quand l'annonce était initialement attendue, au retour d'Emmanuel Macron de sa visite éclair en Pologne.
Mais depuis la Pologne, tout au long de la journée, note Le Monde, Emmanuel Macron a semblé bien loin des préoccupations nationales. Aux côtés du Premier ministre polonais, Donald Tusk, il évoque la guerre, le soutien à l’Ukraine ou le nécessaire sursaut de l’Europe face à la concurrence de la Chine et des États-Unis. Puis, il s’emporte contre le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur que la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a signé le 6 décembre.
Le nom du successeur de Michel Barnier sera annoncé via un communiqué, a annoncé l'entourage du chef de l’État à France Télévisions.
Emmanuel Macron "conclut ses consultations", a répondu l'entourage du président de la République jeudi soir à franceinfo pour expliquer le délai supplémentaire.
Avec l'approche du midi, la nomination "avant la fin de matinée" est vite devenu "avant 13h", et ceci, après une matinée à attendre, n'a pas été du goût de tout le monde :
Pourtant, tout a été fin prêt dès presque le petit matin :
L’ensemble des ministres est convié à cette passation, selon ces sources. Un tapis rouge commençait à être déroulé dans la cour de l’hôtel du 57 rue de Varenne, a constaté l’AFP, pendant que le chef du MoDem François Bayrou était toujours reçu à l’Élysée par le président Emmanuel Macron.
Selon les informations de BFMTV, le président se laisse encore un peu de temps pour consulter, avant de trancher sur le nom du prochain Premier ministre. Le chef de l'État a poursuivi les consultations jeudi soir et de nouvelles sont prévues dans la matinée.
Bayrou pressenti... avant que la piste ne refroidisse
François Bayrou a été reçu par Emmanuel Macron à l'Elysée, à partir des 8 h 30. Les deux hommes se sont téléphonés hier soir.
Le dirigeant centriste François Bayrou a quitté vendredi l’Elysée après 1 h 45 d’entretien avec Emmanuel Macron, qui doit nommer son nouveau Premier ministre dans la matinée, a constaté un journaliste de l’AFP.
Arrivé à 08 h 30 par le perron du palais présidentiel, le patron du MoDem est ressorti par une porte dérobée et s’est engouffré dans sa voiture.
Il n’a en revanche pas fait de commentaires à sa sortie.
Le service politique de France Télévisions a appris d'un "ministre démissionnaire de premier plan" que le chef de l'État avait appelé à 5 heures du matin le maire de Pau pour lui signifier qu'il ne le nommerait pas Premier ministre.
Leur RDV, selon BFMTV, a été "tendu".
Ce que confirme Le Monde : l’échange a été tendu. Le chef de l’Etat lui aurait proposé d’être numéro deux du gouvernement, dont Roland Lescure serait le premier ministre. M. Bayrou a refusé, et proposé le nom de Bernard Cazeneuve pour Matignon. Une alternative repoussée par Emmanuel Macron.
Peu après 12 h 30 les médias ont commencé à affirmer que l nom du futur premier ministre est déjà arrêté.
Pour Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, en nommant "une figure de son camp", comme François Bayrou, le président français "prendrait le risque d'aggraver la crise politique et institutionnelle qu'il a lui-même créée".
Sébastien Chenu, le député RN, a, quant à lui, mis en garde contre une candidature qui ressemblerait trop au premier ministre sortant et promis "les mêmes conséquences" dans ce cas-là (à savoir, la censure du gouvernement).
Le chef de l’État prépare "une surprise", a déclaré un macroniste à franceinfo.
Toutefois, les candidatures de Bayrou, de l'ex-socialiste Bernard Cazeneuve ou même d'un "candidat surprise" comme l’ancien ministre de l'Industrie Roland Lescure étaient les plus souvent évoquées ce vendredi matin.
Comme note Le Figaro, le président semble réticent à se tourner vers la gauche (rappelons, le NFP avec sa candidate Lucie Castets ont été écartés par le locataire de l'Elysée avant que la candidature de Michel Barnier ne soit retenue). Dès lors, les noms de "l’inamovible ministre des Armées" Sébastien Lecornu et de celle des Territoires Catherine Vautrin, tous deux "passés de la droite à la macronie", sont aussi cités comme de possibles Premiers ministres.
L’ancien ministre des Armées, puis des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a refusé le poste de premier ministre, a-t-il affirmé au journal breton La Penthièvre. «On me l’a proposé. Mais j’ai refusé. Dans deux ans et demi, j’aurai 80 ans, ce ne serait pas sérieux».
L'eurodéputée LFI Manon Aubry a, quant à elle, ironisé que le nouveau premier ministre s'appelle... Emmanuel Macron.
Manon Aubry a par la suite appelé à la démission du chef de l’État. "Rendez-vous compte à quel point Emmanuel Macron est détesté dans ce pays, plus personne ne veut de lui". "Il est temps qu'il s'en aille et qu'on organise de nouvelles élections."
Ces consultations provoquent les remue-ménages au sein des forces politiques. Déjà, le PS a fait savoir qu'il exclurait tout socialiste qui entrerait dans un gouvernement qui ne serait pas de gauche. Le parti rappelle que "cela a été le cas historiquement" pour les personnalités socialistes qui ont rejoint un gouvernement de Nicolas Sarkozy en 2007 ou d'Emmanuel Macron depuis 2017.
De même, la cooptation de Roland Lescure fracture le camp Macron et fait bondir Les Républicains, qui auraient menacé de faire sécession. Plusieurs députés du RN, dont les cadres Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy, ont également marqué sur X leur hostilité à une nomination de Lescure.
Le Nouveau Front populaire est aussi en proie aux dissensions internes, La France insoumise n'ayant pas été consultée par l'Élysée sur ce sujet. Avec l'éloignement de la possibilité Bayrou, les ténors du NFP appelaient à l'unité :
Selon le dernier sondage "L'Opinion en direct" piloté par l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi, 41% des Français plaident pour un chef de gouvernement issu de la société civile ou du monde de l'entreprise.