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Réarmement et Pacte vert : les eurodéputés divisés sur les positions de Donald Tusk

Donald Tusk est le Premier ministre de la Pologne depuis 2023
Donald Tusk est le Premier ministre de la Pologne depuis 2023 Tous droits réservés  Mathieu CUGNOT/ Union européenne 2025 - Source : EP
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Par Vincenzo Genovese & Maria Psara
Publié le
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S'exprimant devant le Parlement européen mercredi, le Premier ministre polonais a appelé mercredi à un réarmement massif de l’Europe et a fustigé le Pacte vert.

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Le discours du Premier ministre polonais Donald Tusk devant le Parlement européen mercredi a suscité de chaleureux applaudissements pour sa position sur la défense, mais des critiques ont rapidement émergé concernant son attaque sur le Pacte vert européen et son bilan en matière d'immigration.

Les Socialistes et Démocrates (S&D), par exemple, ont condamné l'appel de Donald Tusk à déréglementer pour stimuler la compétitivité européenne ainsi que sa politique migratoire.

"Nous nous opposons fermement à cette approche régressive de la migration, qui est biaisée en faveur de la sécurité au lieu de trouver un juste équilibre entre la responsabilité partagée et la solidarité avec ceux qui fuient le désespoir", a déclaré Juan Fernando López Aguilar, un éminent eurodéputé socialiste espagnol, à Euronews après le débat.

La politique migratoire polonaise fait débat

Plusieurs députés européens de gauche ont critiqué le refus du Premier ministre polonais de mettre en œuvre le Pacte sur la migration et l'asile, qui a été adopté par l'UE en 2024 et devrait être pleinement mis en œuvre d'ici la mi-2026.

La Pologne prévoit d'introduire une suspension temporaire du droit d'asile et fait partie des pays qui ont raté la première échéance pour présenter leurs plans nationaux de mise en œuvre.

"La sécurité signifie également s'en tenir à la législation que nous avons adoptée", a raillé Juan Fernando López Aguilar, qui a également critiqué la stratégie de la Pologne visant à ériger des murs et des clôtures à la frontière avec le Bélarus, financés par l'UE.

"Nous nous opposons fermement au financement par l'UE de clôtures aux frontières extérieures de l'Union européenne. Il y a des frontières à protéger, mais de manière équitable et équilibrée, non seulement en renforçant les frontières extérieures, mais aussi en coopérant équitablement avec les pays de transit ou d'origine, en ouvrant des voies légales et, bien sûr, en comprenant l'engagement de l'UE en faveur des droits de l'Homme".

Un garde-frontière polonais regarde en direction du Bélarus au point de passage Połowce-Pieszczatka à Polowce, en Pologne, le jeudi 16 janvier 2025.
Un garde-frontière polonais regarde en direction du Bélarus au point de passage Połowce-Pieszczatka à Polowce, en Pologne, le jeudi 16 janvier 2025. AP Photo/Lorne Cooke

Les franchissements illégaux des frontières de la Pologne et de la Lituanie par des migrants en provenance du Bélarus ont augmenté de 192 % l'année dernière par rapport à 2023.

Elle ne représentent toutefois qu'une petite fraction du total des entrées irrégulières dans l'UE : 17 001 sur plus de 239 000 détections, soit bien moins que les arrivées clandestines par les routes méditerranéennes ou les îles Canaries.

Donald Tusk accuse le Pacte vert d'entraîner une hausse des prix de l'énergie

Certains eurodéputés ont également réagi négativement à l'appel du Premier ministre polonais à une "révision complète et très critique" du Pacte vert européen.

"La ligne de Donald Tusk, qui est également celle du Parti populaire européen, fait un pas en arrière sur le Pacte vert. Pour nous, s'il est nécessaire de lutter contre la pauvreté énergétique [comme l'a affirmé Donald Tusk], nous devons aussi apporter une plus grande contribution au Pacte vert", a déclaré à Euronews l'eurodéputé italien Danilo Della Valle du groupe de la Gauche.

Comme plusieurs de ses collègues, Danilo Della Valle considère qu'une augmentation des énergies renouvelables est le meilleur moyen de réduire la dépendance de l'Europe vis-à-vis des autres pays.

"Nous parlons toujours d'indépendance énergétique, mais comment pouvons-nous être indépendants du gaz russe ou du GNL américain si nous n'investissons pas dans les énergies renouvelables ?", questionne-t-il.

Les partis nationalistes ne font pas confiance à Donald Tusk

Des critiques acerbes ont également été formulées par des groupes de droite tels que les Conservateurs et réformistes européens (ECR), les Patriotes pour l'Europe (PfE) et l'Europe des nations souveraines (ESN), au sein desquels se trouvent plusieurs eurodéputés polonais.

Ils l'ont attaqué sur des questions intérieures, affirmant que son gouvernement reculait en matière de démocratie et d'État de droit, ainsi que sur certaines de ses politiques phares.

"Bien qu'ils se soient engagés à renforcer l'indépendance de l'Union vis-à-vis de la Russie, les collaborateurs de Donald Tusk ont récemment approuvé un accord gazier avec des fournisseurs russes et ont retiré une entreprise liée à Gazprom de la liste des sanctions", a déclaré Patryk Jaki, coprésident du groupe ECR, estimant qu'il serait naïf de la part des institutions de l'UE de faire confiance au leadership du dirigeant polonais.

Donald Tusk accueille le président du Conseil de l'UE, Antonio Costa, lors du gala célébrant la présidence polonaise de l'UE, à Varsovie, en Pologne, vendredi 3 janvier 2025.
Donald Tusk accueille le président du Conseil de l'UE, Antonio Costa, lors du gala célébrant la présidence polonaise de l'UE, à Varsovie, en Pologne, vendredi 3 janvier 2025. Czarek Sokolowski/Copyright 2025 The AP. Tous droits réservés

L'eurodéputée Anna Bryłka, du parti polonais d'extrême droite Konfederacja, a également exprimé son incrédulité quant aux promesses de Donald Tusk.

"Lorsqu'il dit qu'il est contre la migration massive et incontrôlée, qu'il veut bloquer nos frontières extérieures de l'UE, c'est un menteur", affirme-t-elle.

Selon elle, Donald Tusk et son parti ont voté il y a deux ans contre la construction d'une clôture à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. "Je suis très heureuse qu'il ait changé d'avis sur les frontières extérieures de l'Union européenne. Mais il n'est pas la bonne personne pour faire bouger les choses".

Video editor • Dominika Cosic

Sources additionnelles • Adaptation : Vincent Reynier

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