Donald Trump a promis d'imposer des "droits de douane réciproques" pour rétablir "l'équité" entre Washington et le reste du monde. Une annonce de plus, mais sans calendrier précis.
C’est une nouvelle escalade dans la guerre commerciale ouverte contre les partenaires économiques des Etats-Unis. Donald Trump a annoncé, jeudi 13 février,* que les Etats-Unis allaient imposer des "droits de douane réciproques" pour rétablir l’"équité" dans les relations commerciales entre les Etats-Unis et le reste du monde, sans toutefois donner d’échéance précise.
"J'ai décidé, dans un souci d'équité, d'appliquer des droits de douane réciproques", a déclaré M. Trump dans le Bureau Ovale lors de la signature de la proclamation. "C'est juste pour tout le monde. Aucun autre pays ne peut se plaindre." L'administration Trump insiste sur le fait que les nouveaux droits de douane égaliseraient la capacité des États-Unis et des fabricants étrangers à rivaliser.
Les augmentations tarifaires seraient personnalisées pour chaque pays et destinées à lancer de nouvelles négociations commerciales.
Ces nouvelles taxes seraient probablement payées par les consommateurs et les entreprises américains selon les économistes, qui estiment que le plan pourrait facilement se retourner contre Trump si son programme fait grimper l'inflation et ralentit la croissance.
Les États-Unis ont des droits de douane moyens peu élevés, mais les projets de M. Trump, tels qu'ils sont détaillés dans le décret, semblent destinés à augmenter les taxes sur les importations plutôt qu'à rechercher l'équité.
Les États-Unis ont également des restrictions réglementaires qui limitent les produits étrangers, explique Scott Lincicome, expert en commerce à l'Institut Cato.
"Cela se traduira inévitablement par des droits de douane plus élevés, et donc par des taxes plus élevées pour les consommateurs et les fabricants américains", a-t-il déclaré. Le plan tarifaire de M. Trump "reflète une incompréhension fondamentale du fonctionnement de l'économie mondiale".
Le plan de M. Trump vise à identifier les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) - similaires aux taxes sur les ventes courantes dans l'Union européenne - comme une barrière commerciale à inclure dans toute mesure tarifaire réciproque. Les tarifs douaniers, les réglementations et les subventions accordées par d'autres pays à diverses industries figureraient également parmi les facteurs que l'administration Trump évaluerait lors de la détermination des droits de douane.
Un haut fonctionnaire de la Maison-Blanche, qui a requis l'anonymat, a déclaré à l'Associated Press que les recettes tarifaires attendues permettraient d'équilibrer le déficit budgétaire prévu de 1 900 milliards de dollars (1,82 mille milliards d'euros). Il a également ajouté que les examens nécessaires à l'application des droits de douane pourraient être achevés en quelques semaines ou en quelques mois.
Les éventuelles augmentations de taxes sur les importations et les exportations pourraient être significatives par rapport aux droits de douane relativement modestes imposés par M. Trump au cours de son premier mandat.
L'année dernière, le volume des échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Union européenne s'est élevé à près de 1 300 milliards de dollars (1,24 mille milliards d'euros). Washington a toutefois exporté près de 270 milliards de dollars (258 milliards d'euros) de moins vers l'UE qu'elle n'en a importé, selon le Bureau du recensement des États-Unis.
Depuis son entrée en fonction, M. Trump s'est ouvertement mis à dos de nombreux partenaires commerciaux des États-Unis au cours des dernières semaines, menaçant de prélever des droits de douane. Ces mesures ont incité certains pays à riposter en imposant leurs propres taxes à l'importation, ce qui pourrait déclencher une guerre commerciale.
Ces dernières semaines, M. Trump a imposé des droits de douane au Canada et au Mexique, les deux principaux partenaires commerciaux de Washington, qu'il a ensuite suspendus pendant 30 jours après que les deux pays ont accepté de renforcer leurs frontières avec les États-Unis.
Il a également imposé des droits de douane sur les importations chinoises en raison du rôle joué par le pays dans la production de fentanyl, un opioïde, ainsi qu'un droit de douane général de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium dans le pays.
L'UE, le Canada et le Mexique ont préparé des contre-mesures en réponse aux actions de Trump, tandis que la Chine a pris des mesures de rétorsion avec ses propres droits de douane sur l'énergie américaine, les machines agricoles et les automobiles à gros moteurs.
L'équipe Trump a balayé les critiques concernant ses droits de douane, tout en reconnaissant la probabilité d'une certaine pression financière "à domicile". Les analystes de la banque américaine Wells Fargo estiment que les nouveaux plans risquent de nuire à la croissance américaine cette année.
M. Trump a tenté de minimiser les conséquences potentielles de ses plans, affirmant que les politiques ne déclencheraient qu'une "brève poussée d'inflation".
Le président américain a également refusé d'autoriser les agences à analyser les éventuelles répercussions sur les consommateurs, y compris les hausses de prix, en déclarant : "il n'y a rien à étudier. Tout va bien se passer".