Le journal italien Il Foglio a lancé une expérience journalistique qui va durer un mois : un quotidien entièrement produit par IA. Selon le rédacteur en chef Claudio Serras, le journal a pris cette mesure pour comprendre l'impact potentiel des technologies de l'IA sur les mécanismes du journalisme.
La première page s'ouvre sur un article critiquant le président américain Donald Trump, abordant ce qu'il décrit comme le "paradoxe des Italiens" qui s'opposent à la "culture de l'anéantissement" mais "ferment les yeux et parfois même applaudissent" lorsque "leur idole aux États-Unis se comporte comme un tyran de république bananière".
Sur la même page, un article intitulé "Poutine, les dix trahisons" énumère deux décennies de "promesses non tenues" attribuées au président russe.
Dans le domaine économique, un autre article reflète un ton optimiste sur la situation intérieure de l'Italie, citant un rapport de l'agence nationale de statistiques Istat, qui indique une amélioration de la distribution des revenus et une augmentation des salaires de quelque 750 000 travailleurs à la suite des récentes réformes fiscales.
La deuxième page traite de la question des relations amoureuses chez les jeunes Européens, soulignant le déclin de la popularité des engagements fixes au profit de modèles plus libéraux.
Sur la dernière page, des lettres de lecteurs à la rédaction ont été publiées, toutes produites par l' intelligence artificielle. Dans l'une de ces lettres, un lecteur demandait si l'IA allait transformer les humains en "êtres inutiles".
Bien que les articles soient clairs et organisés, sans erreurs grammaticales évidentes, ils ne contiennent aucune citation directe de personnes réelles.
En pratique, les journalistes du quotidien demandent à une version de ChatGPT de rédiger un article avec des tons différents, en s'appuyant sur des informations trouvées en ligne. Après vérification, le choix final est fait par la rédaction.
M. Serras a souligné que ce numéro était un "vrai journal", mêlant information, débat et provocation, et qu'il s'agissait d'un terrain pratique pour tester si l'IA peut prendre en charge tout un processus éditorial, et si elle peut ouvrir la porte à des questions qui vont au-delà de la technologie et dans les profondeurs du journalisme lui-même.
Il a conclu sa déclaration en disant "Il s'agit simplement d'une autre version d'Il Foglio, réalisée avec l'IA, mais ne l'appelez pas artificielle".
Cette expérience intervient à un moment où les organisations médiatiques du monde entier débattent des limites de l'utilisation de l'IA dans le journalisme. Le Guardian a rapporté au début du mois que BBC News allait utiliser l'IA pour proposer un contenu plus personnalisé à son public, tandis que le Los Angeles Times a annoncé son intention de proposer des classements politiques générés par l'IA pour les articles d'opinion.
L’intelligence artificielle: un défi majeur pour le métier de journaliste
l'IA risque d'un part de précariser la profession en réduisant les opportunités d’emploi et en remplaçant certaines tâches humaines.
Autre danger, elle peut propager des informations biaisées ou erronées si elle s’appuie sur des sources non vérifiées, compromettant ainsi la qualité et la fiabilité de l’information.
Enfin, l’utilisation abusive de l’IA menace la diversité des voix et le rôle fondamental du journaliste : enquêter, vérifier et apporter un regard critique et analytique sur l’actualité.