Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe a dénoncé l'arrestation d'Ekrem İmamoğlu et la pression croissante exercée sur les maires de l'opposition en Turquie.
Dans une déclaration adoptée à l'issue d'une session d'urgence à Strasbourg jeudi, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, a appelé la Turquie à cesser de poursuivre et détenir les maires des partis d'opposition.
150 maires démis de leurs fonctions depuis 2016
Rappelant que depuis 2016, près de 150 maires ont été démis de leurs fonctions en Turquie, le Congrès a attiré l'attention sur la dégradation des conditions de travail et l'affaiblissement des droits fondamentaux des élus locaux et régionaux en Turquie.
Les participants ont dénoncé la révocation des maires de l'opposition pour "terrorisme" et "corruption" et souligné que la nomination d'administrateurs pour les remplacer étaient contraires à la Charte européenne de l'autonomie locale.
Le Congrès a également exigé la libération immédiate d'Ekrem Imamoglu, qualifiant l'arrestation du maire d'Istanbul d'"attaque contre la démocratie". Les élus locaux et régionaux ont de plus pointé le risque qu'Istanbul, ville de plus de 16 millions d'habitants, soit gouvernée par un exécutif non élu.
Les responsables politiques présents ont également appelé à la remis en liberté et d'Abdullah Zeydan, maire de Van.
Dénonciation des arrestations de manifestants
Le Congrès a également évoque l'arrestation d'étudiants et de journalistes ayant participé aux manifestations déclenchées par l'arrestation d'Ekrem İmamoğlu et de plus d'une centaine d'autres personnes.
Dénonçant les restrictions imposées par le pouvoir turc sur le droit de réunion et d'expression, les participants ont estimé que ces mesures contredisent les principes fondamentaux de la gouvernance locale.
"La loi fonctionne en Turquie" selon Tahir Büyükakın, élu local turc
Tahir Büyükakın, maire de la ville turque de Kocaeli a vivement critiqué la déclaration du Congrès. "Le fait que les rapporteurs qui critiquent la nomination des administrateurs ignorent la pratique des coprésidents non élus du parti DEM (parti politique pro-kurde en Turquie), qui n'a pas d'équivalent juridique, montre clairement comment la vérité est bloquée. La loi fonctionne en Turquie, le processus judiciaire est en cours et nous ne permettrons pas que des opérations de perception soient créées en déformant la réalité", a observé l'élu turc.
Répondant à la critique de Tahir Büyükakın, le rapporteur suisse David Eray a rappelé avoir réclamé une feuille de route aux dirigeants turcs, demande restée selon lui sans réponse.
Le Congrès s'est engagé à poursuivre le dialogue politique avec Ankara et a annoncé qu'une mission d'enquête serait envoyée en Turquie dès que possible pour évaluer l'état de la démocratie locale.
La délégation prévoit de rencontrer Ekrem Imamoğlu et d'autres maires arrêtés.