L'équipe du président républicain a réagi en indiquant son intention de déposer "un recours immédiat" devant les tribunaux.
Des membres de l'administration Trump pourraient être accusés d'outrage criminel pour avoir violé l'ordonnance d'un juge fédéral américain mettant fin aux déportations de membres présumés d'un gang vénézuélien qui n'ont pas eu la possibilité de contester leur expulsion, a déclaré, mercredi, le magistrat James Boasberg.
Le juge à la Cour fédérale du district de Washington a estimé qu'il y avait une "raison plausible" de poursuivre les membres de l'administration Trump pour "outrage au tribunal", après avoir enfreint les directives qu'il avait établies à la mi-mars mettant fin à l'application de la loi sur les "ennemis étrangers" pour l'expulsion des membres présumés de gangs vénézuéliens.
L'homme de loi a averti qu'il pourrait renvoyer l'affaire pour des poursuites si l'administration ne "purgeait" pas son outrage.
Pour ce faire, l'administration pourrait par exemple renvoyer sous la garde des États-Unis les personnes qui ont été envoyées dans une méga-prison au Salvador en violation de son ordonnance, afin qu'elles puissent "se prévaloir de leur droit de contester leur expulsion".
Cette décision très attendue d'un juge nommé par Barack Obama, que le président Donald Trump et ses alliés ont attaqué à plusieurs reprises, expose l'administration à une sanction.
De surcroît, le magistrat a organisé une audience d'urgence, exigeant que les autorités suspendent les déportations de migrants et ordonnent le rapatriement des vols d'expulsion vers les États-Unis.
Si le ministère de la Justice refuse d'engager des poursuites, le juge James Boasberg a fait savoir qu'il désignerait un autre avocat pour poursuivre l'outrage.
"La Constitution ne tolère pas la désobéissance délibérée aux ordres judiciaires, en particulier de la part de fonctionnaires d'une branche coordonnée qui ont prêté serment de la respecter", a-t-il dit.
L'équipe Trump a déclaré qu'elle ferait appel.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, a écrit :
"Le président s'engage à 100 % à faire en sorte que les terroristes et les migrants illégaux criminels ne soient plus une menace pour les Américains et leurs communautés dans tout le pays".
Un sénateur démocrate vient exiger la libération d'un Salvadorien déporté "par erreur"
Cette affaire constitue un enjeu juridique et politique crucial pour l'administration Trump, dans le cadre de ses tentatives de réaliser une campagne d'expulsion sans précédent. Cela s'est notamment illustré à la mi-mars lorsqu'elle a dépêché trois avions remplis de migrants vers une prison au Salvador.
Cela intervient alors que le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, s'est rendu au Salvador mercredi, où il a rencontré le vice-président du pays pour plaider en faveur de la libération de Kilmar Abrego Garcia - un homme déporté par l'administration Trump en mars malgré une ordonnance du tribunal bloquant son expulsion.
Lors d'une conférence de presse à San Salvador à l'issue de la rencontre, Van Hollen, membre de la commission sénatoriale des affaires étrangères, a déclaré que le vice-président Félix Ulloa lui avait dit que le gouvernement salvadorien ne renverrait pas Kilmar Abrego Garcia aux États-Unis et qu'il avait rejeté la demande du sénateur de lui rendre visite dans la prison de haute sécurité où il est détenu.
Les autorités américaines prétendent qu'Abrego Garcia, un ressortissant salvadorien qui vivait dans le Maryland, est lié au gang MS-13. Toutefois, ses avocats affirment qu'aucune preuve n'a été présentée pour étayer ces allégations, qu'Abrego Garcia a toujours niées. Ce dernier n'a été inculpé d'aucun crime lié à l'activité d'un gang.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a critiqué la décision du sénateur de se rendre au Salvador pour plaider en faveur du retour d'Abrego Garcia.
"Il est consternant et triste de constater que le sénateur Van Hollen et les démocrates qui applaudissent son voyage au Salvador aujourd'hui sont incapables de faire preuve d'un minimum de bon sens ou de se soucier de leurs propres électeurs. Et pour nos concitoyens", a-t-elle dit.