Alors que le président Vučić est à Moscou, les étudiants continuent de se battre pour se faire entendre. Certains terminent un ultra-marathon qui les a amenés de Novi Sad jusqu'à Bruxelles, en passant par Starsbourg.
C'est une visite qui va faire parler. Mercredi 7 mai, le président serbe Aleksandar Vučić est arrivé à Moscou pour assister au défilé militaire commémorant le 80e anniversaire de la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, organisé ce vendredi.
Une visite qui n'est pas du goût de l'Union européenne, qui avait mis en garde le chef d'État contre ce déplacement en Russie, son premier depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022. Ce séjour pourrait compromettre la candidature de la Serbie dans son processus d'adhésion à l'UE.
Afin de joindre le geste à la parole, le Parlement européen a même adopté une résolution critiquant les progrès de la Serbie en matière d'intégration européenne, qui citait le non-alignement de la Serbie sur la politique étrangère de l'UE et ses préoccupations concernant l'État de droit.
À son arrivée à Moscou, Aleksandar Vučić a assuré qu'il n'était pas surpris des critiques de Bruxelles, mais ne s'attendait à ce que l'UE punisse la Serbie.
Le voyage n'a d'ailleurs pas été de tout repos. La Lettonie a d'abord interdit le survol de son territoire par l'avion du gouvernement serbe. L'itinéraire a donc été modifié. Aleksandar Vučić a donc dû passer par la Turquie puis l'Azerbaïdjan, où l'avion a attendu, à Bakou, l'autorisation de poursuivre son voyage.
Les étudiants serbes à Strasbourg et Bruxelles
Dans le même temps, des étudiants serbes ont atteint, après un ultra-marathon, Strasbourg, dans le cadre d'un large mouvement de protestation appelant à la tenue d'élections législatives anticipées. C'est le seul moyen, selon eux, de sortir de la crise politique que traverse le pays.
"Nous espérons vraiment que le gouvernement soutiendra les élections législatives extraordinaires. En ce qui concerne la liste des candidats, nous avons convenu que les étudiants ne figureraient pas sur cette liste. À l'avenir, nous nous mettrons d'accord sur la manière dont cette liste sera formée ", a déclaré Nikola Lončarević, militant étudiant, à Euronews Serbie. Pour le moment, la parti au pouvoir ne soutient pas ce mouvement, contrairement à la majorité de l'opposition.
Les étudiants ont débuté ce périple à Novi Sad, ville où seize personnes ont été tuées en novembre dernier dans l'effondrement d'un auvent en béton de la gare, un accident imputé à la corruption du gouvernement.
"La grande tragédie de Novi Sad a jeté une ombre sur la Serbie et, à partir de ce moment, le pays a semblé s'enliser dans la crise", avait déclaré Miloš Vučević, alors Premier ministre, qui a donné, en janvier dernier, sa démission.
Les étudiants sont notamment allés à la rencontre des habitants des petites villes serbes, traditionnels bastions du parti au pouvoir. Désormais, ils vont prendre la direction de Bruxelles, dernière étape de leur périple, où ils devraient arriver lundi. Ils y rencontreront les membres de Parlement européen et leur exposeront leur point de vue sur la situation politique et sociale en Serbie.
De ce rendez-vous, ils n'attendent qu'une seule chose : "Que nos demandes soient satisfaites, tout simplement", a assuré Filip Marković, étudiant en ingénierie électrique à Belgrade.