Harvard a attaqué en justice le gouvernement américain, affirmant que l'interdiction d'accueillir les étudiants étrangers était une mesure de représailles politiques et qu'elle entraînerait le déclassement international de l'université.
Une magistrate a empêché vendredi l'administration Trump d'interdire les inscriptions d'étudiants étrangers à Harvard, ce que la prestigieuse université a qualifiée de "représailles inconstitutionnelles" pour avoir défié les exigences politiques de la Maison Blanche.
Dans une action en justice déposée à Boston quelques heures plus tôt, l'université de l'Ivy League affirme que la décision du gouvernement américain viole le premier amendement de la Constitution et aurait un "effet immédiat et dévastateur pour Harvard et plus de 7 000 détenteurs de visas".
La juge fédérale Allison Burroughs, nommée par l'ancien président démocrate Barack Obama, a prévu des audiences mardi et jeudi prochains pour examiner les prochaines étapes de l'affaire.
Harvard dénonce des représailles politiques
Depuis le début du second mandat du président américain Donald Trump, Washington mène une vaste offensive contre les universités privées, accusées d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur leurs campus.
"D'un trait de plume, le gouvernement a cherché à effacer un quart du corps étudiant de Harvard, des étudiants internationaux qui contribuent de manière significative à l'université et à sa mission", a déclaré la célèbre université, plus vieille que les États-Unis. "Sans ses étudiants étrangers, Harvard n'est pas Harvard", peut-on lire dans le communiqué.
L'ordonnance restrictive temporaire prononcée vendredi par la juge Allison Burroughs empêche temporairement le gouvernement fédéral de retirer à Harvard sa certification dans le cadre du Student and Exchange Visitor Program, qui permet à l'établissement d'accueillir des étudiants étrangers titulaires d'un visa pour étudier aux États-Unis.
Si la perte est maintenue, l'université ne pourra pas proposer l'admission de nouveaux étudiants internationaux pendant au moins les deux prochaines années universitaires.
Les écoles supérieures comme la Harvard Kennedy School, dont près de la moitié des étudiants viennent de l'étranger, seraient les plus touchées.
Cette suspension vise à lutter contre l'"antisémitisme", selon Washington
Harvard affirme que la décision de la Maison Blanche, prise jeudi, désavantage immédiatement l'université dans sa compétition pour attirer les meilleurs étudiants du monde.
Même si la perte de l'habilitation à accueillir des étudiants d'autres pays est finalement annulée, "les futurs candidats pourraient hésiter à postuler par crainte de nouvelles représailles de la part du gouvernement", selon l'action en justice", explique Harvard.
Le département américain de la Sécurité intérieure prétend avoir pris cette décision parce que l'université aurait créé un environnement dangereux pour les étudiants juifs en autorisant des "agitateurs anti-américains et pro-terroristes" sur le campus.
Le 16 avril, la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a exigé que Harvard fournisse des informations sur les étudiants étrangers susceptibles de les impliquer dans des actes de violence ou des manifestations pouvant conduire à leur expulsion.
Kristi Noem indique que l'université pourrait être de nouveau autorisée à accueillir des étudiants étrangers si elle produisait des dossiers sur ces derniers dans un délai de 72 heures.