Le milliardaire, qui a dépensé 250 millions de dollars pour soutenir la campagne de Donald Trump, a vivement critiqué la "grande et belle loi" promise par Donald Trump.
Quelques jours seulement après le départ d'Elon Musk de l'administration américaine, le divorce avec Donald Trump est définitivement consommé. Mardi 3 juin, le propriétaire de Tesla a qualifié d'"abomination dégoûtante" la "grande et belle loi" du républicain, marquant ainsi une rupture nette avec le président qu'il a contribué à réélire en 2024.
"Je suis désolé, mais je n'en peux plus. Honte à ceux qui ont voté en sa faveur : vous savez que vous avez mal agi. Vous le savez", a-t-il également martelé dans un message posté sur X.
Selon lui, cette loi va "augmenter massivement le déficit budgétaire, déjà gigantesque de 2 500 milliards de dollars et accabler les citoyens américains d'une dette écrasante et insoutenable".
SpaceX et Tesla impactés
Ce projet de loi, tant voulu par Donald Trump, permet au gouvernement américain d'emprunter plus d'argent afin de prolonger les importants crédits d'impôts accordés lors de son premier mandat. Cela permettrait de mettre en place d'autres promesses, notamment l'absence d'impôts sur les pourboires, la rémunération des heures supplémentaires et certains prêts automobiles.
Le projet de loi prévoit ensuite de nouvelles dépenses pour la sécurité aux frontières et pour l'armée. Ce budget, qui comprend une augmentation massive de 350 milliards de dollars (environ 307 milliards de dollars), a été adopté de justesse par la Chambre des représentants le mois dernier.
Dans sa forme actuelle, le Congressional Budget Office (CBO) prévoit que le projet de loi ajoutera près de 3,8 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros) au déficit fédéral.
Pour compenser ces dépenses, des coupes budgétaires sont prévues, notamment dans le programme d'assurance-maladie Medicaid ou dans les bons alimentaires, ce qui pénaliserait les plus pauvres. Certains bénéficiaires de Medicaid devront travailler 80 heures par mois pour recevoir des soins de santé.
Afin de pouvoir bénéficier de l'aide alimentaire dans le cadre du programme d'assistance nutritionnelle supplémentaire (Supplemental Nutrition Assistance Program, SNAP) l'obligation de travailler s'étendrait pour les personnes valides sans personne à charge, de 55 à 64 ans. Les États seraient également tenus d'assumer une plus grande part du coût du programme. Le CBO estime qu'avec ces changements, il y aurait au moins 7,6 millions de personnes en moins bénéficiant d'une assurance-maladie et environ 3 millions de bénéficiaires du SNAP en moins par mois.
Le projet de loi prévoit également de réduire le financement des véhicules électriques et des technologies connexes, y compris Tesla et SpaceX, les sociétés d'Elon Musk.
Musk dépensera moins en politique
Il s'agit donc d'un changement radical pour l'homme le plus riche du monde, qui a dépensé au moins 250 millions de dollars (219 millions d'euros) pour soutenir la campagne de Donald Trump l'année dernière. Ce soutien lui a valu la nomination, pendant 130 jours, au Doge, l'organisme chargé de réduire les dépenses du gouvernement et de supprimer des emplois fédéraux.
Il a assuré qu'il dépenserait "beaucoup moins" pour les prochaines campagnes politiques, préférant consacrer son temps à ses entreprises et à son rôle de PDG de Tesla et SpaceX. Cependant, il laisse toujours la porte ouverte à un engagement politique, "si je vois une raison".
Ses commentaires constituent ainsi sa critique la plus virulente des politiques de Donald Trump. Il avait déjà qualifié le projet de loi de "décevant". Elon Musk a donc poursuivi ses critiques et a même lancé un avertissement aux républicains : "En novembre de l'année prochaine, nous virerons tous les politiciens qui ont trahi le peuple américain", a-t-il assuré.
Trump pas perturbé par Musk
Certains législateurs républicains ont assuré être en accord avec lui, à l'instar du sénateur du Kentucky Rand Paul. "Nous pouvons et devons faire mieux", a-t-il déclaré. De son côté, le sénateur de l'Utah Mike Lee a affirmé que "les dépenses fédérales sont devenues excessives", ajoutant qu'elles provoquent l'inflation et "militarisent le gouvernement".
D'autres ont suggéré qu'Elon Musk avait eu un impact minime sur leur décision de voter la législation. "Peu importe ce que dit Elon Musk ou qui que ce soit d'autre", a assuré la sénatrice républicaine de Virginie-Occidentale Shelley Moore Capito.
Les démocrates, quant à eux, ont accueilli favorablement les critiques du milliardaire.
En revanche, il y en a un qui n'a pas du tout été perturbé par ces déclarations. "Le président connaissait déjà la position d'Elon Musk sur ce projet de loi", a déclaré Karoline Leavitt, secrétaire de presse de la Maison Blanche, précisant que cette sortie "ne change pas l'opinion de Donald Trump", qui a qualifié ce projet de loi de "législation sans doute la plus importante qui sera jamais signée dans l'histoire de notre pays".