Les coupes proposées dans les prestations sociales pour financer les allègements fiscaux comptent parmi les aspects les plus controversés du projet de loi dont Donald Trump a fait la clef de voute de l'application de son programme.
Les sénateurs républicains ont voté samedi en fin de journée l'ouverture de l'examen du grand projet budgétaire du président américain. Adoptée de justesse à 51 voix pour, 49 contre, la motion consitute une première étape au Sénat, après son adoption à la Chambre des représentants.
Le vice-président JD Vance s'étant rendu au Capitole pour briser une égalité potentielle. Des scènes tendues se sont déroulées dans l'hémicycle lorsque le vote a été interrompu pendant plus de trois heures, alors que des sénateurs récalcitrants se réunissaient pour négocier en se réunissant en privé en dehors de l'hémicycle. Finalement, seuls deux républicains se sont opposés à la motion de procédure, rejoignant ainsi tous les démocrates.
Le projet prévoit environ 3 800 milliards de dollars d'allégements fiscaux, l'augmentation des fonds dédiés à la lutte contre l'immigration et à l'expulsion des migrants illégaux, ainsi que des coupes dans les budget de l'aide alimentaire et de la santé.
Si les sénateurs républicains utilisent leur majorité au Congrès pour écarter l'opposition des démocrates, le texte divisent les législateurs. Les coupes prévues dans l'assurance santé Medicaid, les banques alimentaires et d'autres programmes d'aide sociale pour financer les allègements fiscaux ne font pas consensus.
Les dirigeants républicains se montrent déterminés malgré les critiques
Samedi à la tombée de la nuit, Donald Trump s'en est pris aux récalcitrants, menaçant de faire campagne contre un républicain, le sénateur Thom Tillis de Caroline du Nord, qui avait annoncé qu'il ne pouvait pas soutenir le projet de loi en raison des coupes massives prévues dans de Medicaid. Selon lui, ces coupes priveraient de nombreux habitants de son État de soins de santé. Thom Tillis et le sénateur Rand Paul du Kentucky ont voté contre. Selon un rapport du bureau du budget du Congrès, le projet pourrait priver 11,8 millions d'Américains supplémentaires sans assurance maladie d'ici à 2034.
Le président était au téléphone dans le bureau ovale tard samedi soir, selon une personne au fait des discussions, qui n'a pas été autorisée à s'exprimer publiquement et qui a parlé sous le couvert de l'anonymat.
Alors qu'il avait vivement attaqué le projet budgétaire début juin avant de présenter ses excuses, Elon Musk a renouvelé ses critiques, qualifiant le projet de "complètement insensé et destructeur".
Si le Sénat parvient à l'adopter, le projet de loi retournera à la Chambre des représentants pour une dernière série de votes, avant d'être transmis à la Maison-Blanche.
Un moment clef pour le camp républicain
Chef de file des démocrates au Sénat, l'élu de New York Chuck Schumer a déclaré que les républicains avaient dévoilé leur projet de loi vendredi "au milieu de la nuit" et qu'ils s'empressaient de l'achever avant que le public n'en connaisse le contenu. Il a immédiatement exigé une lecture complète du texte samedi en fin de journée au Sénat, ce qui prendrait des heures.
La séance du week-end pourrait être décisive pour le parti de Donald Trump, qui a investi une grande partie de son capital politique dans son projet phare de politique intérieure. Donald Trump fait pression sur le Congrès pour qu'il achève rapidement ses travaux.
Le président a célébré le vote de samedi sur sa plateforme de médias sociaux. "Ce soir, nous avons assisté à une GRANDE VICTOIRE au Sénat avec la GRANDE ET BELLE LOI", remerciant nommément les principaux sénateurs républicains.
Un week-end de garde
Le projet de loi résume à lui seul les grandes priorités du camp républicain. Il vise essentiellement à rendre permanents de nombreux allégements fiscaux accordés au cours du premier mandat de Donald Trump, qui expireraient à la fin de l'année si le Congrès n'agissait pas, ce qui pourrait entraîner une hausse des impôts pour les Américains. Le projet de loi ajouterait de nouveaux avantages, notamment l'absence d'impôts sur les pourboires, et consacrerait 350 milliards de dollars à la sécurité nationale, notamment pour le programme d'expulsions massives de l'administration actuelle.
Mais les coupes dans Medicaid, les banques alimentaires et les investissements dans les énergies vertes, dont un démocrate de premier plan, le sénateur Ron Wyden de l'Oregon, a déclaré qu'elles constitueraient une "condamnation à mort" pour les industries éolienne et solaire américaines, suscitent également des dissensions dans les rangs du parti démocrate américain.
Les républicains comptent de leur côté sur ces réductions pour compenser les pertes de recettes fiscales. Mais certains législateurs estiment qu'elles vont trop loin, en particulier pour les personnes bénéficiant de soins de santé dans le cadre de Medicaid. De leur côté, les conservateurs, inquiets de l'endettement du pays, réclament des réductions plus importantes.
Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a renvoyé ses collègues chez eux pour le week-end, en leur demandant de se tenir prêts à revenir à Washington.