Le ministre allemand de l’Intérieur annonce l’évolution législative qui précise le droit de la police fédérale à abattre des drones. La décision intervient après le survol de sites sensibles en Allemagne et dans plusieurs pays européens.
Après que le ministre-président bavarois Markus Söder (CSU) ait déjà voulu mardi ancrer dans la loi sur la police du Land de nouvelles règles pour autoriser la police à abattre des drones, le ministre de l'Intérieur Alexander Dobrindt (CSU) lui emboîte le pas au niveau fédéral afin de "répondre aux exigences de sécurité".
Une réforme doit permettre de redéfinir les compétences et de faciliter la défense contre les drones. Les récents incidents au-dessus de l'aéroport de Munich ont mis en évidence les conséquences que peuvent avoir les vols de drones inconnus. Le trafic aérien a été suspendu pendant plusieurs heures et près de 3.000 passagers ont été directement touchés.
Les trois piliers de Dobrindt pour la défense contre les drones
Selon Dobrindt, trois piliers pour la défense contre les drones doivent être ancrés dans la nouvelle loi sur la police fédérale afin de réagir à "l'apparition d'observations accrues de drones".
Premièrement, un centre commun de défense contre les drones de l'État fédéral et des Länder doit assurer une meilleure mise en réseau. Il doit y avoir des images communes de la situation sur la sécurité ainsi que des contre-mesures communes de la police fédérale et des Länder.
Un deuxième pilier est constitué par une nouvelle unité de défense contre les drones prévue au sein de la police fédérale. "La mise en place devrait avoir lieu prochainement", a déclaré Dobrindt après la réunion du cabinet et a précisé, en réponse aux questions des journalistes, que l'unité devrait être mise en place "cette année encore". La question de savoir quelles techniques supplémentaires seront disponibles et à quel moment doit encore être clarifiée.
Un troisième pilier doit être constitué par la recherche et le développement de la défense contre les drones. Pour cela, l'Allemagne est en train d'échanger avec des pays ayant beaucoup plus d'expérience, comme Israël et l'Ukraine. Les cycles d'innovation des drones de défense, en particulier, ne durent souvent pas plus de quelques semaines. Le ministre de l'Intérieur veut réagir à cela en créant sa propre unité de recherche.
En ce qui concerne la question des coûts, Dobrindt renvoie aux études de marché actuelles, mais laisse entrevoir un montant à trois chiffres en millions.
Les drones seront-ils abattus à l'avenir ?
La réforme de la loi sur la police fédérale inclut le fait que la police fédérale peut désormais prendre des mesures pour repousser les drones. "De notre point de vue, cela n'était pas suffisamment réglementé dans le passé", a commenté le ministre de l'Intérieur.
Il a envisagé par exemple de perturber les drones par des ondes électromagnétiques ou de les intercepter et de les abattre "même si les conditions sont peu exigeantes", selon Dobrindt. La présence d'un simple danger suffit désormais pour l'utilisation.
Selon la qualité des drones, la police fédérale peut prendre des mesures en coopération avec les polices des Länder. Dobrindt a ainsi évoqué le fait que "les drones à la cime des arbres doivent être combattus par la police".
Les drones militaires restent clairement du ressort de l'armée allemande.
Dobrindt : "Détecter, repousser, intercepter - voire abattre".
Avant la réunion, Dobrindt avait déjà demandé, en ce qui concerne les drones suspects, de "détecter, repousser, intercepter - et même abattre".
La décision de moderniser la loi sur la police fédérale est "en discussion depuis des années, voire des décennies" et n'a pas abouti lors des législatures précédentes. La dernière fois qu'une nouvelle version a été adoptée, c'était en 1994. Le critère du ministère de l'Intérieur suit désormais l'intention que la police mérite "soutien, respect et lois fortes". "Aujourd'hui, nous créons une loi forte pour la police fédérale", a déclaré Dobrindt en introduction de la réforme. "Nous réagissons de manière déterminée, efficace et techniquement à la pointe du progrès".
Mercredi matin, le cabinet fédéral a discuté d'une modification de la loi sur la police fédérale. Outre la question actuelle de la défense contre les drones, il a également été question de mesures contre la violence au couteau. Après la mise en place de zones d'interdiction des armes et des couteaux, la police fédérale serait désormais autorisée à imposer des contrôles indépendants de tout soupçon dans ces zones.
La Bavière a déjà présenté une décision du cabinet
Le ministre-président bavarois Markus Söder (CSU) avait déjà annoncé que l'abattage des drones serait décidé par une loi rapide en Bavière. Désormais, en l'espace d'une semaine environ, la décision du cabinet est prête.
La Bavière est ainsi le premier Land à présenter sa propre loi sur l'abattage des drones.
Selon Söder, des drones de chasse et de capture doivent être utilisés à cet effet. Les drones de chasse, également connus sous le nom de drones d'interception, peuvent neutraliser les drones "ennemis" soit en les capturant avec un filet, soit en leur infligeant un impact cinétique ciblé.