Trois détenus de la prison de la Santé à Paris ont été placés en garde à vue pour leur implication dans les railleries et les menaces à l'encontre de Nicolas Sarkozy, qui y purge sa peine d'emprisonnement. La présence de ses gardes du corps armés, a aussi irrité les syndicats pénitentiaires.
Trois détenus de la prison de La Santé ont été placés en garde à vue, après la diffusion sur Internet, depuis mardi, d'images montrant des railleries et des menaces proférées à l'encontre de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, qui purge actuellement une peine d'emprisonnement pour détournement de fonds provenant de Libye.
Dans l'une des vidéos visionnées par Euronews, la personne qui filme rit des railleries proférées à l'encontre de l'ancien dirigeant français, notamment : " Oh Sarko, réveille-toi" et "Tu as tué Kadhafi".
Dans une autre vidéo, un détenu déclare que Nicolas Sarkozy "vient d'arriver... il va en baver".
"On sait tout, on va venger Kadhafi", dit cette personne.
Selon le parquet de Paris, une perquisition a été effectuée dans les locaux et deux téléphones portables ont été saisis.
Les images "montrent qu'il y a un danger, bien sûr, pour le détenu, le président Nicolas Sarkozy, et qu'il faut être particulièrement attentif à ses conditions de détention", a déclaré mercredi soir le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, à la chaîne CNews.
Les trois détenus interpellés pour ces faits doivent comparaître devant la justice, selon Gérald Darmanin. Ils resteront en quartier disciplinaire ou seront transférés dans une autre prison, a-t-il ajouté.
" Nous ne prendrons aucun risque", a-t-il conclu.
Polémique autour de la présence de ses gardes du corps à la prison de la Santé
La présence de deux gardes du corps, membres du SDLP (Le service de la protection) dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy, provoque une vive controverse. Selon les autorités, cette mesure exceptionnelle vise à garantir la sécurité de l’ancien président, considéré comme une cible potentielle en prison.
Mais dans les rangs pénitentiaires, la décision passe mal. Plusieurs syndicats dénoncent un "traitement de faveur" et un dispositif "hors cadre", inédit dans l’histoire carcérale française. Certains surveillants pointent également un paradoxe : alors que les établissements manquent de personnel et de place, deux policiers sont mobilisés en permanence pour le protéger.
Les syndicats pénitentiaires montent aussi au créneau sur un point jugé particulièrement sensible : la présence d’armes au sein même de la prison. Selon eux, les policiers chargés de la protection de Nicolas Sarkozy en sont équipés, alors qu'aucune arme à feu ne doit franchir les murs d’un établissement pénitentiaire, pour des raisons évidentes de sécurité.
"La vérité l'emportera"
Nicolas Sarkozy, qui est arrivé à Le Santé mardi matin pour purger une peine de cinq ans d'emprisonnement pour avoir conspiré en vue de financer sa campagne de 2007 à l'aide de fonds provenant du dictateur libyen déchu Mouammar Kadhafi.
Ce dernier a été tué par des militants libyens en 2011, après le déclenchement d'une guerre civile et une intervention de l'OTAN. Toutefois, une théorie du complot attribue à Nicolas Sarkozy la responsabilité de la mort de Kadhafi dans le cadre d'une opération de dissimulation de cette affaire de corruption.
Nicolas Sarkozy a contesté la condamnation et la décision d'un juge de l'incarcérer en attendant l'appel. Ses avocats ont déclaré mardi qu'ils avaient déposé une demande immédiate de remise en liberté.
En signe de défi et alors qu'il se rendait à la prison, Nicolas Sarkozy a publié une déclaration sur les réseaux sociaux dans laquelle il affirmait qu'un "innocent" était enfermé.
" Je continuerai à dénoncer ce scandale judiciaire", a-t-il écrit. "La vérité triomphera".
Il a déclaré au journal Le Figaro qu'il apporterait trois livres en prison - le maximum autorisé - dont deux tomes du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, dans lequel le héros est emprisonné suite à une erreur judiciaire, et s'évade avant de se venger. Il a également choisi une biographie de Jésus-Christ.
"Je n'ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute, y compris devant les portes de La Santé", a-t-il déclaré au journal La Tribune Dimanche la semaine dernière. "Je me battrai jusqu'au bout."
Nicolas Sarkozy a déclaré à plusieurs reprises qu'il était victime d'un "complot" monté par des personnes liées au gouvernement libyen et a dénoncé le verdict du 25 septembre comme un "scandale".