Les procureurs suspectent l'organisation SOS Donbass, qui se présente comme une association humanitaire, d'être une couverture pour des activités de renseignement au profit des services de sécurité russes.
Trois personnes soupçonnées de travailler pour les services de sécurité russes ont été arrêtées mi-novembre à Paris pour suspicion d'espionnage économique et d'actions de déstabilisation sur le territoire français dans l'intérêt de la Russie.
Selon les médias français, dont le Parisien, qui a révélé l'affaire mardi, trois membres de l'organisation humanitaire franco-russe SOS Donbass sont en garde à vue. Une autre personne a été placée sous contrôle judiciaire dans le cadre de cette affaire.
Accusations de "collusion avec un État étranger"
Parmi les personnes détenues figure Anna Novikova, 40 ans, fondatrice et vice-présidente de SOS Donbass, qui possède la double nationalité française et russe.
Selon les médias locaux, elle a été la première à attirer l'attention de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le service spécial ayant identifié "des actions susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation".
Selon les enquêteurs, Anna Novikova aurait approché les dirigeants de plusieurs entreprises françaises afin d'obtenir des informations relatives aux intérêts économiques français.
Un autre suspect est le Russe Vyacheslav P., âgé de 40 ans. Il a été identifié grâce à des images de vidéosurveillance le montrant en train de coller des affiches pro-russes sur l'Arc de Triomphe au début du mois de septembre. L'homme avait ensuite contacté Anna Novikova par la suite pour rendre compte de son travail.
Selon le bureau du procureur, tous deux sont accusés de "dégradation de biens publics dans l'intérêt d'un État étranger" et de "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre une infraction".
En outre, Anna Novikova est accusée d'avoir "mené des activités de collecte d'informations sur les intérêts de l'État en faveur d'un État étranger" et de "collusion avec un État étranger". Ce dernier chef d'accusation prévoit à lui seul une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.
Le troisième détenu, selon des publications locales, est le Français Vincent P., 63 ans, né à Saint-Saint-Denis. Il serait également un dirigeant de l'organisation SOS Donbass.
Enfin, un autre prévenu dans l'affaire - Bernard F., 58 ans, originaire de Paris - n'a pas été placé en détention provisoire, mais il est soumis à contrôle judiciaire et doit se présenter régulièrement au commissariat.
SOS Donbass : de quel type d'organisation s'agit-il ?
SOS Donbass a été enregistrée à la préfecture des Pyrénées Atlantiques en septembre 2022 sous le statut d'"association".
D'après les informations figurant sur son site web, elle se positionne comme une organisation humanitaire, disant apporter "un soutien aux victimes de la guerre civile dans le Donbass". L'organisation organise régulièrement des collectes de fonds pour les habitants de la région, partiellement occupée par l'armée russe.
L'association cite comme missions, entre autres : "la condamnation des bombardements de civils dans le Donbass depuis 2014", un "appel à la paix et à la raison", des "solutions diplomatiques à l'initiative de la France et de l'Europe" et "la fin des livraisons incontrôlées d'armes à l'Ukraine".
Les comptes de réseaux sociaux de l'organisation publient régulièrement des contenus pro-russes, en particulier des extraits de discours de Vladimir Poutine et du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ainsi que des documents provenant de médias d'État russes interdits dans l'UE.