Le secteur bancaire mondial a-t-il vraiment entamé sa transition verte ?

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Par Guy Shone & Ryan Capperauld
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Dans un contexte de transformation de nos sociétés pour protéger le climat, nous suivons la piste de l'argent et voyons comment les banques se comportent dans la course vers le "zéro net".

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La transition vers une économie à faibles émissions de carbone nécessite l'un des plus grands remaniements de l'histoire économique mondiale. Les entreprises se préoccupent de plus en plus d'environnement sous la pression exercée par les gouvernements pour atteindre les objectifs "zéro émissions" qui imposent des changements sociétaux majeurs.

"Une décennie critique"

Récemment, la conférence des Nations Unies sur le climat a souligné quelques-uns des principaux défis à relever en lançant une sévère mise en garde : nous nous trouvons actuellement dans "une décennie critique" pour les gouvernements et les entreprises qui doivent commencer à prendre des mesures respectueuses de l'environnement. Les Nations Unies ont prévenu qu'il fallait que les industries mettent en œuvre leur plan d'action "maintenant ou jamais".

Les émissions mondiales doivent être réduites de près de 43% d'ici à 2030 pour limiter la hausse de la température de la planète à 2°C. Malgré tout, il est possible de maintenir le réchauffement à 1,5°C si l'on réduit rapidement et fortement les émissions dans tous les secteurs de l'économie mondiale.

Exigences de reporting et de transparence

Mais à l'heure où l'investissement vert se développe, quel rôle les banques jouent-elles ? Nous avons interrogé quelqu'un qui justement, demande des comptes aux dirigeants des établissements financiers dans le monde entier, sur cette question : il s'agit du Champion de haut niveau de l'ONU pour l'action climatique d'Égypte et directeur exécutif au Fonds monétaire international, Mahmoud Mohieldin. Il nous décrit l'activité des Champions de haut niveau pour l'action climatique.

"Nous sommes essentiellement des catalyseurs et nous aidons à la mise en œuvre de l'agenda de l'action climatique dans ses différents axes - les mesures d'atténuation et d'adaptation - en proposant de nouvelles idées et en nous concentrant sur le financement et les partenariats," décrit Mahmoud Mohieldin.

"Pour ce qui est d'évaluer si nous faisons de bonnes choses ou non en matière de finances, nous nous appuyons sur les bonnes pratiques en matière de reporting [ndlr : disclosure en anglais] et sur la transparence dans tout ce que nous faisons," affirme-t-il.

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Mahmoud Mohieldin, Champion de haut niveau de l'ONU pour l'action climatique d'Égypte et directeur exécutif au Fonds monétaire international, répond à The ExchangeEuronews

Le risque climatique, "première priorité" pour le secteur bancaire

Mais en quoi cette prise en compte de la durabilité par l'ensemble du secteur modifie-t-elle le travail des banquiers au quotidien ? Alors que l'an prochain, le gouvernement qatari s'est engagé à consacrer 75 milliards de dollars à la transition durable de son économie, l'un des établissements bancaires du pays, la Qatar Islamic International Bank, mise comme d'autres sur le vert. Mais que signifie précisément le concept de pratique bancaire durable ? Mohammed Azem Hamad, directeur de la gestion des risques à la QIIB, nous éclaire sur le sujet. 

"Le risque lié au changement climatique est aujourd'hui, un risque très important auquel le monde entier et les institutions bancaires et financières sont confrontés," fait-il remarquer. "Quand on parle de durabilité dans le secteur bancaire, on se réfère à la planification stratégique et aux pratiques des sociétés bancaires et des activités commerciales qui prennent en considération les trois principaux piliers de la durabilité : l'environnement, les aspects sociaux et la gouvernance," précise-t-il.

"Dans une enquête menée par EY et The Institute for International Finance, ils ont examiné les priorités en matière de risques des directeurs de la gestion des risques et des membres des conseils d'administration et celui lié au changement climatique a été classé [par ces professionnels] en troisième position pour les douze prochains mois et en premier, pour les cinq prochaines années," explique Mohammed Azem Hamad.

"Notre stratégie en matière de développement durable s'accorde avec la vision du Qatar pour 2030, les Objectifs de développement durable des Nations Unies et les mesures prises dans ce domaine par la Bourse du Qatar," souligne-t-il.

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Mohammed Azem Hamad, directeur de la gestion des risques à la QIIBEuronews

"L'un des avantages est d'être perçu comme légitime"

Quel est le point de vue des universitaires à ce sujet ? Nous avons recueilli celui de Caroline Linhares et de John Grant, tous les deux maîtres de conférence sur le climat à la Sheffield Hallam University au Royaume-Uni. Ils soulignent les principaux avantages pour le secteur bancaire de devenir plus durable."

"L'un des avantages est d'être perçu comme légitime," indique la première. "Bien sûr, on sait que les clients, les clients professionnels par exemple, et certains fonds recherchent des investissements verts dans le cadre d'investissements basés sur la valeur ; il y a ce sentiment d'être perçu comme responsable sur le plan environnemental et le secteur bancaire doit donc pouvoir offrir des options à ces investisseurs," insiste-t-elle.

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Caroline Linhares et John Grant, de la Sheffield Hallam UniversityEuronews

"L'un des objectifs de la transformation durable de notre société, c'est qu'elle devienne beaucoup plus efficace, qu'elle utilise tout avec beaucoup plus d'efficacité qu'aujourd'hui," renchérit son collègue John Grant.

"L'une des possibilités classiques pour les entreprises d'accroître leurs bénéfices est d'améliorer leur efficacité," indique-t-il. "Vous pouvez étendre votre marché, augmenter la valeur de vos produits et votre troisième option, c'est d'accroître l'efficacité de vos activités," énumère-t-il.

En théorie donc, les directeurs financiers peuvent donner la priorité à la fois, à la planète et au profit.

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