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Fitch dégrade la note de la France sur fond de crise politique

Fitch dégrade la note de la France.
Fitch dégrade la note de la France. Tous droits réservés  AP Photo
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Par Alexander Kazakevich & Sophia Khatsenkova
Publié le Mis à jour
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Une conséquence de l'instabilité politique dans laquelle s'enfonce le pays : la France perd son double A auprès de l'agence de notation Fitch, ce qui peut augmenter les coûts d'emprunt pour l'État.

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Pas de cadeau au nouveau Premier ministre français. Comme attendu, l'agence Fitch a abaissé la note souveraine de la France de "AA-" à "A+", mettant en cause "la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure" de la deuxième économie de l'UE.

L'agence américaine a indiqué dans son rapport que les bouleversements liés aux chutes successives des gouvernements, depuis les élections législatives anticipées de 2024, ont affaibli la capacité du système politique à mettre en œuvre une "consolidation budgétaire d'ampleur", estimant peu probable de ramener le déficit public sous 3 % du PIB en 2029, comme l'ambitionnait l'exécutif sortant.

Fitch prévoit d'ailleurs une augmentation de la dette, qui passerait de 113,2 % du PIB en 2024 à 121 % en 2027, "sans perspective claire de stabilisation dans les années suivantes".

Une période de turbulence qui peut durer

"L'endettement public croissant de la France limite sa capacité à faire face à de nouveaux chocs sans détériorer davantage ses finances publiques", affirme l'agence qui se montre sceptique quant à une sortie de crise politique rapide.

"Nous nous attendons à ce que la période précédant l'élection présidentielle de 2027 limite encore davantage la marge de manœuvre pour la consolidation budgétaire à court terme et estimons qu'il est très probable que l'impasse politique se poursuive au-delà de l'élection", prévient Fitch.

Un signal pour les investisseurs, non sans conséquences pour les Français, avec une hausse potentielle des taux d'intérêts sur les prêts immobiliers. Même si les experts interrogés par Euronews disent que cette baisse de la note était attendue par le marché, ajoutant que l'impact sur les taux devrait rester limitée.

"Sortir de la paralysie politique"

À Bercy, on accuse le coup, tout en mettant en avant la "solidité de l'économie française". Le ministre de l'Économie démissionnaire, Éric Lombard, a dit "prendre acte" de la décision de Fitch, motivée, selon ses termes, par "la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique".

"Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la consultation des forces politiques représentées au Parlement, en vue d’adopter un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques", a-t-il voulu rassurer sur X.

Le prédécesseur de Sébastien Lecornu, François Bayrou, a été largement désavoué lundi lors d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale pour sa volonté de réaliser quelque 44 milliards d'euros d'économies dans le cadre du budget 2026.

La situation reste préoccupante, explique Hadrien Camatte, économiste senior France, Belgique zone euro chez Natixis CIB, "car le déficit est un des plus élevés de l'UE avec 5,8 % en 2024 alors que le déficit stabilisant est de l'ordre de 2,8 %".

"Il est difficile de faire de la consolidation budgétaire dans un contexte de fragmentation politique et de risques sociaux. La France dispose néanmoins de nombreux atouts pour s'en sortir : une économie diversifiée, une démographie plus favorable que ses voisins, une épargne forte des ménages, une situation solide des entreprises," déclare-t-il dans une interview accordée à Euronews.

Selon Sylvain Bersinger, économiste et fondateur du cabinet Bersingéco, des marges de manœuvre existent, "mais elles se réduisent".

"La situation peut devenir critique dans quelques années si le déficit n'est pas réduit. Il faudrait avant tout sortir de la paralysie politique et parvenir à voter un budget qui réduise le déficit," souligne l'expert.

La demande sera le moteur de l'économie tricolore, selon Fitch

Même si la note de la France, troisième pays de la zone euro le plus endetté après la Grèce et l'Italie, n'a cessé de descendre depuis 2012, plusieurs indicateurs économiques sont au vert, avec une inflation parmi les plus faibles de l'UE et un taux de chômage stable à 7,5 % (+0,1 % sur l'année).

Contrairement à l'Insee, qui a révisé à la hausse ses prévisions de croissance (+0,8 % contre 0,6 % anticipé), Fitch n'a pas suivi, tablant sur une croissance du PIB réel de 0,6 % en 2025, 0,9 % en 2026 et 1,2 % en 2027.

"La France n'est que modérément exposée au commerce américain, mais l'impact indirect des droits de douane de 15 % imposés par les États-Unis à l'ensemble de l'UE pèsera sur la croissance", indique l'agence, pour qui le salut économique pourra venir de la demande intérieure :

"L'incertitude politique et stratégique actuelle pourrait peser sur le climat économique, mais le taux d'épargne élevé des ménages français et la solidité des bilans des entreprises devraient soutenir la consommation et l'investissement, en particulier dans le contexte actuel de faible inflation".

Quid des voisins de la France ?

Selon Hadrien Camatte, l'Allemagne et les Pays-Bas sont les pays les mieux notés.

"Les pays du sud de l'Europe restent dans l'ensemble moins bien notés, surtout l'Italie compte tenu du niveau de sa dette et du fait de l'héritage de la crise des dettes souveraines. Mais la dynamique de agence de notations sont plus positives contrairement à celle de la France," explique l'économiste.

Après Fitch, qui a ouvert le bal des revues d'automne des agences de notation, ses principaux concurrents rendront également leur avis : le 24 octobre pour Moody's, puis le 28 novembre pour Standard & Poor's.

Il n'existe pas d'agence européenne agréée pour noter la dette des pays membres de l'UE, faute de consensus parmi les Vingt-Sept sur les critères d'évaluation.

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