La chanteuse Mayra Andrade ouvre le Cap-Vert à d'autres univers musicaux

Le Cap-Vert occupe aujourd'hui, le devant de la scène des musiques du monde et si le petit État insulaire doit beaucoup à Cesária Évora, sa compatriote Mayra Andrade se fait elle aussi un nom pour son chant créole ou "Crioulo".
Lors d'un concert près de Lyon dans le cadre de sa tournée, elle évoque pour euronews, sa joie de présenter son nouvel album.
"Mon propre son"
"On ne voulait pas faire de la musique traditionnelle cap-verdienne, ni de l'afrobeat : l'idée, c'était de trouver quelque chose qui soit entre les deux et qui pourrait être mon propre son," explique-t-elle avant d'ajouter : "Je crois que nous avons réussi, je suis super contente."
"L'album s'appelle "Manga" [ndlr :la mangue] parce que c'est un fruit solaire, tropical, c'est mon préféré et il symbolise une féminité très sensuelle," estime la jeune femme.
Déracinement et nostalgie
Cap-verdienne native de Cuba, Mayra Andrade s'est aujourd'hui installée à Lisbonne après avoir vécu à Paris, en Angola, au Sénégal et en Allemagne. La migration est pour elle, une source d'inspiration.
"J'ai vécu au Cap-Vert à différentes époques de ma vie, pendant mon enfance, mon adolescence, quand j'étais plus jeune ; ensuite, j'ai déménagé dans plusieurs pays : j'ai eu la chance de vivre dans une famille de diplomates," précise la chanteuse.
"À 17 ans, je suis venue seule à Paris et j'ai compris ces sentiments qui sont présents dans tellement de chansons traditionnelles cap-verdiennes : le déracinement, la distance, la nostalgie, les séparations et l'espoir d'un retour au pays," confie-t-elle.
L'ombre de Cesária Évora
Mayra Andrade a réalisé son rêve en s'installant à Paris à l'époque. Elle a sorti un premier album en 2006 avant de partager la scène, trois ans plus tard, avec Cesária Évora.
"Beaucoup de gens nous comparent ou alors, beaucoup disaient que j'étais l'héritière de Cesária Évora quand elle était encore en vie," raconte-t-elle.
"Même si je prenais toujours cela comme un compliment, cela me gênait parce qu'elle restait une femme qui défendait sa musique et sa notoriété à travers le monde," insiste-t-elle.
"J'espère être capable de faire de mon mieux - peut-être pas autant qu'elle - pour représenter la culture cap-verdienne, la culture africaine et toutes les cultures dans la musique : je veux faire cela, mais je veux aussi associer le nom de mon pays à d'autres univers," assure-t-elle.
Sous le regard du monde et de Madonna
Fin 2019, la morna, pratique musicale et chorégraphique du Cap-Vert, a été inscrite au patrimoine immatériel de l'UNESCO.
Aujourd'hui, Madonna chante en Crioulo lors de sa tournée Madame X et à l'occasion d'un concert à Lisbonne où elle réside, la reine de la pop a invité des artistes cap-verdiens. Mayra Andrade a assisté au concert.
"Madonna a toujours été une grande fan de Cesária Évora et Dino d'Santiago lui a donné l'opportunité de se plonger dans la musique du Cap-Vert par le biais de la communauté cap-verdienne de Lisbonne," déclare la jeune chanteuse. "La présence des chanteuses et percussionnistes cap-verdiennes "Batucadeiras" lors du concert de Madonna, cela a été pour moi, le meilleur moment du spectacle," estime-t-elle.
Dans le cadre de sa tournée, Mayra Andrade se produira notamment en France, Belgique et Luxembourg dans les prochains mois, par exemple à Mulhouse le 21 mars, à Paris le 7 avril (Olympia) et le 9 mai à Bruxelles.