Art contemporain : la Biennale de Lyon questionne la fragilité du monde

Cult
Cult Tous droits réservés euronews
Tous droits réservés euronews
Par Frédéric Ponsard
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Coup d'envoi de la Biennale d'art contemporain de Lyon. Cette édition intitulée "manifesto of fragility" convoque tous les arts et toutes les époques et expose à travers de nombreux lieux emblématiques de la ville, des artistes de toutes origines qui interrogent sur la fragilité du monde.

PUBLICITÉ

Événement majeur de l'agenda culturel européen, la Biennale d'art contemporain de Lyon 2022 a ouvert ses portes. Placée sous le signe de la fragilité du monde, cette édition intitulée "manifesto of fragility" investit de nombreux lieux emblématiques de la ville, des sites archéologiques romains aux friches industrielles, du musée religieux à celui d'histoire naturelle... Tous les arts et toutes les époques ont été convoquées, avec l'aide de la plupart des institutions culturelles de la ville. Objectif : décloisonner et désacraliser l'art contemporain.

"On a la chance à Lyon, d'avoir une visibilité de l'histoire à travers son architecture, ses musées," fait remarquer Isabelle Bertolotti, codirectrice de la Biennale de Lyon. "Donc on a vraiment mené une importante collaboration," poursuit-elle, "avec des collections de l'Antiquité à nos jours qui ont permis de faire ce lien entre art contemporain - comme on l'imagine actuellement - et art ancien et de voir tous les liens qui peuvent se tisser entre ces deux temporalités et ces artistes."

"C'est une leçon très importante de comprendre que nous sommes une seule et même humanité"

Deux commissaires de renommée mondiale, Sam Bardaouil et Till Fellrath, sont aux commandes de cette biennale qui accueille 88 artistes venus de 39 pays. "Ils sont originaires de partout dans le monde et c'est l'un des fils conducteurs qui nous a guidés, Till et moi," explique Sam Bardaouil. "Il s'agissait de penser à des artistes qui réfléchissent à la fragilité, aux matériaux qu'ils utilisent, aux histoires qu'ils abordent, aux problèmes qu'ils soulèvent et aux questions qu'ils posent," énumère-t-il.

Till Fellrath renchérit : "Ce sont des artistes du monde entier et ils ont évoqué différentes choses, mais pour nous, il est tout aussi important d'avoir cet accès vertical au temps pour montrer qu'il y a un retour des choses. Peut-être qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas si différents de ceux que nous étions il y a 2000 ans ; la technologie peut évoluer, mais fondamentalement, nous sommes peut-être toujours les mêmes individus et c'est une leçon très importante de comprendre que nous sommes une seule et même humanité à bien des égards," souligne-t-il.

Un monde monochrome apocalyptique aux anciennes Usines Fagor

La friche des ex-Usines Fagor est le plus grand des lieux d'exposition de la Biennale. Toutes les formes artistiques sont présentes, de la peinture au multimédia en passant par la sculpture ou la photo. L'une des installations marquantes sur place est certainement celle de l'artiste belge Hans Op de Beeck dans un immense hangar, une ville ou un campement post-apocalyptique intitulée "We Were the Last to Stay" (en français : "Nous fûmes les derniers à rester").

"Comme la couleur est éliminée et que vous en tant que spectateur, vous êtes le seul élément coloré qui se déplace à travers l'installation, on se regarde les uns les autres dans ce décor gris," indique Hans Op de Beeck. "On se détache très fortement parce que nous sommes totalement colorés et ainsi, on fait la distinction entre la vie réelle telle qu'elle est - en couleurs - et une sorte de "post-image" ou d'abstraction de la réalité - comme le fait, par exemple, la photographie en noir et blanc qui est aussi une abstraction du temps et de l'espace -," précise-t-il.

euronews
L'installation "We Were the Last to Stay" ("Nous fûmes les derniers à rester") d'Hans Op de Beeckeuronews

Une réflexion sur la technologie et la violence

Autre lieu d'exposition : l'ancien Museum d'histoire naturelle Guimet de Lyon avec, là aussi, une exposition monumentale signée du français Ugo Schiavi intitulée "Grafted Memory System" ("Système de mémoire greffée").

Il nous décrit son installation : _"_Ce musée d'histoire naturelle se mue en data center, mais un data center déjà abandonné. C'est un futur qui est déjà à l'abandon, où les câbles se comportent comme des racines et où les plantes ont remplacé toutes les données qui transitent par tous ces câbles et toutes ces data," nous montre-t-il.

euronews
L'ancien Museum d'histoire naturelle Guimet de Lyon transformé en "Système de mémoire greffée" par Ugo Schiavieuronews

Le Musée d'art contemporain (MAC) de Lyon accueille quant à lui, une grande exposition sur "Beyrouth et les Golden Sixties". Elle réunit des œuvres d'hier et d'aujourd'hui, avec de nombreux artistes contemporains libanais et notamment, un duo de cinéastes plasticiens Joana Hadjithomas et Khalil Joreige qui a réalisé une installation multimédia d'une force incroyable autour de l'explosion du 4 août 2020 titrée "Where is My Mind".

"Notre studio à Beyrouth et beaucoup de nos œuvres ont été détruits et cela nous a fait beaucoup réfléchir à la fois, sur la fragilité de l'art et la fragilité des institutions qui doivent protéger l'art," confie Joana Hadjithomas. "Comme c'était vraiment dans la thématique, on a travaillé autour de cela, c'est un peu comme un symbole de la violence de cette explosion," dit-elle.

"manifesto of fragility" est à découvrir à Lyon jusqu'au 31 décembre.

Journaliste • Frédéric Ponsard

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Prishtina, la capitale du Kosovo, accueille la Biennale d'art contemporain Manifesta 14

Art Paris 2024 : La diversité de la scène artistique française et ses jeunes talents à l'honneur

Andrey Gugnin remporte le premier prix de 150 000 € au concours international Classic Piano 2024