Les tirailleurs sénégalais autorisés à rester chez eux pour toucher leur minimum vieillesse

Tirailleurs sénégalais à Dakar en 2014 lors d'une cérémonie d'hommage a ceux morts pour la France en 14-18
Tirailleurs sénégalais à Dakar en 2014 lors d'une cérémonie d'hommage a ceux morts pour la France en 14-18 Tous droits réservés SEYLLOU/AFP
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Par Heloise Urvoy
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Les tirailleurs sénégalais s'étant battus pour la France autorisés à rester chez eux pour toucher leur minimum vieillesse. Ils avaient jusqu'ici l'obligation de résider 6 mois/an en métropole.

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Les tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France au siècle dernier peuvent désormais résider dans leur pays d’origine toute l’année, tout en percevant le minimum vieillesse français.

Jusqu’à présent, ces derniers devaient résider en France au moins six mois par an. La décision des autorités françaises coïncide avec la date de sortie de Tirailleurs, un film de Mathieu Vadepied avec Omar Sy sur le sort des tirailleurs sénégalais qui ont combattu pendant la Première guerre mondiale.

Les vétérans de guerre et leurs familles ont salué la décision, qui fait suite à des années de pourparlers avec les autorités françaises. Désormais à la retraite, les Sénégalais, Mauritaniens ou encore Maliens concernés sont nés sous colonisation française. Leurs pays étaient toujours sous domination tricolore lorsqu’environ 220 000 d’entre eux ont été recrutés pour se battre sous drapeau français durant la Deuxième guerre mondiale, ainsi que les guerres d’Indochine et d’Algérie.

La plupart des anciens territoires et pays colonisés ayant gagné leur indépendance dans les années 1960, les autorités françaises ont depuis lors tranché : ces anciens soldats sont étrangers– -même s’ils sont nés quand la France dirigeait leur pays, et ont été envoyés au front pour la France. Dès lors, l’obligation de résider en métropole six mois par an pour toucher le minimum vieillesse s’appliquait.

Au micro de Franceinfo, le Sénégalais Yoro Diao a affirmé avoir ''servi l'armée française avec cœur.'' Mais cet ancien soldat de 91 ans qui vit six mois par an dans une chambre en région parisienne se réjouit de retourner dans son pays d’origine de manière permanente, pour finir ses jours auprès des siens.

Tirailleurs dépeint les traitements subits par les soldats africains

Bande annonce officielle de Tirailleurs, film de Mathieu Vadepied avec Omar Sy, Alassane Diong et Jonas Bloquet

Les injustices vécues par les tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France est le sujet principal de Tirailleurs.

Omar Sy y joue un père sénégalais qui se porte volontaire pour se battre en uniforme français après que son fils ait été recruté de force par l’armée française en 1917. Le duo est envoyé dans l’enfer des tranchées, ou racisme et xénophobie rendent leur condition encore plus rude que celles de leurs frères d’armes français.

Comme eux, 200 000 furent envoyés au front en 1914-1918. Une exception française, alors qu’aucune autre puissance européenne n’a recruté avec une telle ampleur des soldats issus de leurs colonies pendant la Grande guerre.

Jusqu’au processus de décolonisation, tous les Africains se battant sous drapeau français étaient appelés tirailleurs sénégalais, car c’est ainsi qu’a été nomme le premier régiment de tirailleurs africains, créé sous Napoléon III.

Le racisme enduré par ces derniers ne manque pas d’exemples : envoyés sur le front en première ligne ; ‘’Honte noire’’, une propagande allemande d’entre-deux-guerres, accusant les hommes noirs de crimes sexuels, ayant donné lieux a de nombreuses humiliations et exactions ; le massacre de Thiaroye, où des douzaines de Sénégalais furent assassinés par l’armée française en 1944 pour avoir réclamé le paiement de leur indemnité de guerre.

La France n’était cependant pas la seule à recruter parmi ses colonies : dès le début du 19e siècle, les Pays-Bas créent l’Armée royale des Indes néerlandaises, plus connue sous le nom de KNIL. Le plus grand empire colonial d’Europe, la Grande Bretagne, a de son côté recruté des soldats au Népal dès 1816 et la fin de la guerre anglo-népalaise. Ils sont connus sous le nom de Gurkhas, et se battent encore pour les britanniques à l’heure actuelle, malgré la fin de l’empire colonial.

Comme les tirailleurs sénégalais, les Gurkhas se sont battus pour obtenir les mêmes droits que leurs homologues britanniques. En dépit de quelques victoires dans les années 2010, des négociations sont encore en cours au sujet de leurs pensions de retraite.

La récente décision historique pour les tirailleurs sénégalais illustre ce traitement inégal subit par les soldats des anciennes colonies européennes – le même que celui dénoncé dans Tirailleurs. Pour le moment, la décision concerne 20 des 40 vétérans africains encore en vie. Le restant des dossiers devrait être approuvé prochainement.

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