L'artiste russe Pyotr Pavlensky a défendu la publication d'images explicites du candidat à la mairie de Paris Benjamin Griveaux en invoquant la "liberté artistique".
Le très controversé artiste russe Pyotr Pavlensky et sa compagne Alexandra de Taddeo comparaissent au tribunal pour avoir posté des images intimes de Benjamin Griveaux. Pyotr Pavlensky s'est défendu en invoquant sa "liberté artistique".
En 2018, Alexandra de Taddeo, étudiante aujourd'hui âgée de 32 ans, a eu une relation avec Benjamin Griveaux, alors membre du parti d'Emmanuel Macron La République En Marche ! (LREM). Lorsque Griveaux s'est présenté à la mairie de Paris, deux ans plus tard, Pavlensky a posté sur un site appelé Pornopolitique des messages explicites envoyés à la jeune femme et une vidéo de lui se masturbant.
La controverse suscitée par ces images a poussé Benjamin Griveaux à renoncer à sa candidature à la mairie de Paris. Le site a été supprimé trois jours plus tard et les deux complices ont été arrêtés. Le procès, qui s'est ouvert le mardi 27 juin, expose Pyotr Pavlensky à une peine de six mois d'emprisonnement.
L'un des artistes russes les plus controversés
Pyotr Pavlensky est un performer connu et controversé, notamment pour ses actes politiques qui impliquent des automutilations. En 2012, il s'est cousu la bouche pour protester contre l'emprisonnement du groupe punk Pussy Riot. En 2013, il a cloué ses testicules au mausolée de Lénine à Moscou, pour protester contre la répression dans son pays.
Le projet artistique Pornopolitique est une tentative, selon lui, de faire la lumière sur les politiciens qui "imposent le puritanisme à la société tout en la méprisant". Lorsqu'il a publié les images de Benjamin Griveaux sur le site, il a dénoncé l'homme politique de LREM pour son "hypocrisie dégoûtante" et pour avoir fait la "propagande des valeurs familiales traditionnelles".
En arrivant au tribunal de Paris hier, Pyotr Pavlensky a déclaré que la "liberté artistique" devrait être "la plus grande valeur", avant de s'exclamer : "Aujourd'hui sera rendu le jugement de mon huitième événement artistique sujet-objet, l'événement pornopolitique..."
Alexandra de Taddeo, aujourd'hui étudiante en histoire de l'art, a déclaré que pendant "40 mois", ses propos avaient été "manipulés et ridiculisés". Déclarant avoir "tout exprimé" dans son roman autobiographique, elle a ajouté qu'elle n'avait "à aucun moment voulu piéger" Benjamin Griveaux. Les juges d'instruction ont de leur côté conclu qu'elle était directement impliqué dans la publication des vidéos.
Au cours de la première journée du procès, trois acteurs ont joué des extraits de la pièce de Molière Tartuffe, tandis qu'une conservatrice a expliqué qu'elle exposait le travail de Pyotr Pavlensky à Amsterdam parce qu'il "remet en question les codes normatifs, ce qui est l'une des forces et des fonctions de l'art contemporain".
L'avocat de Benjamin Griveaux a lui fait valoir qu'il appelait à "protéger" la vie privée en tant que "pilier de notre civilisation" et qu' "en réalité, le modèle qu'ils demandent, c'est la terreur 2.0 entre les mains des plus violents. L'art n'a jamais été un instrument de dénonciation pour détruire des vies, un instrument de totalitarisme, de puritanisme."