La caricature du magazine LeMan, qui représenterait le prophète Mahomet et le prophète Moïse se saluant alors que des missiles pleuvent du ciel, a conduit à l'arrestation du dessinateur et à plusieurs manifestations.
La police turque a arrêté un caricaturiste du magazine Leman pour une caricature représentant le prophète Mahomet saluant le prophète Moïse dans une zone de guerre.
Le ministre de l'intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé sur X que le caricaturiste du magazine Leman avait été placé en garde à vue pour être interrogé. Trois membres du personnel éditorial ont aussi été interpelés.
Le ministre a également partagé une vidéo montrant le caricaturiste - identifié uniquement par ses initiales DP - placé en garde à vue dans une cage d'escalier, les mains menottées dans le dos.
"Je condamne une fois de plus ceux qui tentent de semer la discorde en dessinant une caricature de notre Prophète", a écrit Yerlikaya. "La personne nommée D.P. qui a réalisé ce dessin ignoble a été arrêtée et placée en détention".
Il a ajouté : "Je le répète une fois de plus : ces personnes sans vergogne devront répondre de leurs actes devant la justice."
Un peu plus tôt, le ministre de la Justice a déclaré qu'une enquête avait été ouverte sur le magazine, évoquant la possibilité d'une accusation d'"insulte publique aux valeurs religieuses".
La caricature a déclenché des manifestations devant le bureau d'Istanbul du magazine satirique, des groupes de jeunes, qui appartiendraient à un groupe islamiste, ayant jeté des pierres sur le siège de Leman.
La caricature représentant le prophète Mahomet et le prophète Moïse échangeant des salutations en plein ciel alors que des missiles pleuvent sur Gaza a circulé en ligne.
Le rédacteur en chef du magazine LeMan, a de son côté nié toute intention malveillante. "Ce dessin n'est en aucun cas une caricature du prophète Mahomet", a-t-il défendu, ajoutant que le personnage est un musulman appelé Mohammed et qui est tué à Gaza dans les bombardements d'Israël.
Mais Yilmaz Tunc, le ministre de la Justice, a déclaré que les caricatures ou les dessins représentant le Prophète portaient atteinte aux sensibilités religieuses et à l'harmonie sociale.
"Aucune liberté ne donne le droit de faire des valeurs sacrées d'une croyance un sujet d'humour de manière odieuse", a-t-il écrit.
L'incident rappelle la fusillade de janvier 2015 à Charlie Hebdo, lorsque deux hommes armés ont pris d'assaut les bureaux du magazine satirique français connu pour ses caricatures provocantes, notamment des représentations du prophète Mahomet.
Les assaillants ont tué 12 personnes, dont d'éminents caricaturistes.
Le 7 janvier, dix ans après l'attentat islamiste qui a choqué le pays et suscité un vif débat sur la liberté d'expression et de religion, le président Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo ont déposé des gerbes à l'emplacement des anciens bureaux de l'hebdomadaire.
"Nous ne les avons pas oubliés", a écrit E. Macron sur les réseaux sociaux, à côté de photos de l'équipe du journal assassinée, dont les célèbres dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, qui tenaient une réunion de rédaction au moment de l'attentat.