Un intrus en Antarctique. Sur une immense péninsule de près de 1400 kilomètres de long, une plateforme glaciaire s'étend depuis une vingtaine d'années. Les scientifiques ont enquêté pour comprendre.
La banquise fond à vitesse grand V, c'est connu, documenté, prouvé. Pourtant une étude, publiée le 13 mai dernier, révèle qu'une plateforme glaciaire, en Antarctique, progresse. Les scientifiques ont fait la lumière sur le phénomène.
Un glacier qui s'étend depuis vingt ans. La nouvelle a de quoi surprendre. Des chercheurs de l'Université de Cambridge et de Newcastle, au Royaume-Uni, et de celle de Canterbury, en Nouvelle-Zélande, travaillent depuis plusieurs mois pour comprendre cette anomalie.
Les résultats de l'étude publiés dans la revue Nature Geoscience indiquent que c'est l'évolution des vents et celle de la banquise qui explique la stabilisation et même la progression de la plateforme glaciaire.
Les glaciologues se sont plongés dans les archives satellite et ont estimé que 85% du périmètre de cette plateforme de près de 1400 kilomètres de long s'étaient étendus depuis le début des années 2000.
Cette expansion fait suite à des années de fonte dans la seconde moitié du 20ième siècle. Le phénomène est mondial. Il entraîne une élévation du niveau des océans et d'importants risques d'inondation des côtes. Depuis 1880, le niveau moyen des mers a augmenté d'environ 23 centimètres. Et la planète pourrait bien ressembler à ça si la glace continentale venait à fondre.
Un phénomène, deux conséquences
"Nous avons découvert que la modification de la banquise peut soit prévenir, soit déclencher la désagrégation des icebergs des grandes plateformes de glace de l'Antarctique", explique le docteur Frazer Christie, du Scott Polar Research Institute de Cambridge, principal auteur de l'étude.
Autrement dit, un même phénomène peut avoir deux conséquences contraires : la progression ou le recul de la plateforme glaciaire.
Un avenir incertain pour la glace polaire
C'est net. La diminution de la zone Antarctique a presque quadruplé, passant de 51 milliards à 199 milliards de tonnes par an entre 1992 et 2016.
Si la tendance est bien à la fonte des calottes glaciaires, les scientifiques ne savent pas avec certitude comment la glace de l'Antarctique sera affectée par le changement climatique, couplé à l'action des vents.
La prudence reste de mise. Le phénomène faisant progresser la calotte glaciaire pourrait déjà avoir cessé en 2020. Au cours des 18 derniers mois, les observateurs ont constaté une augmentation du nombre d'icebergs se détachant de la péninsule.