Comment les efforts européens ont permis de sauver le merlu de l'extinction

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Par Denis Loctier
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Au début du siècle, les populations de merlus avaient atteint un niveau critique dans l'Atlantique Nord, avant de se rétablir de manière spectaculaire grâce à des mesures ambitieuses de conservation.

Le merlu européen est un poisson emblématique des eaux de l'Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée, mais la surpêche massive dont il a été victime à la fin du XXe siècle a amené l'espèce au bord de l'extinction.

En 2001, l'Union européenne a mis en place une série de mesures pour inverser cette tendance, et les populations de merlu ont aujourd'hui rebondi de façon impressionnante.

Comment expliquer ce rétablissement remarquable ? Et pourquoi les réussites de ce genre sont-elles si rares ?

Une ressource indispensable pour toute une économie locale

Pour Javier López, directeur de campagne pour la pêche durable à Oceana, une organisation de défense de la nature marine, les niveaux critiques des stocks de merlu étaient alarmants non seulement pour l'environnement et pour la population de poissons, mais également pour les nombreux pêcheurs et communautés côtières.

"Si la pêche au merlu était arrêtée, nous serions tous au chômage. Nous dépendons tous du merlu", déclare José Luis Fernández Louzao, second du navire de pêche espagnol Eixil.

En réaction aux avertissements des scientifiques, l'Union européenne a pris des mesures décisives au début des années 2000 pour éviter l'extinction du merlu du nord

Elle a fixé des limites de pêche strictes, augmenté la taille des mailles des filets pour permettre aux jeunes merlus de s'échapper et créé deux grandes zones protégées pour leur permettre de grandir. 

Ces efforts ont porté leurs fruits : la population de merlus du nord a rebondi pour atteindre des niveaux sans précédent. Cela a permis à l'UE d'augmenter progressivement les quotas de pêche, de sorte que l'espèce puisse continuer à être prélevée de manière durable. 

"Atteindre ce rétablissement et avoir actuellement une abondance de merlu du nord dans l'Atlantique n'est pas un accident", explique Javier López. "C'est le résultat d'une gestion prudente, de mesures de contrôle et de conditions océaniques favorables. Mais le mérite en revient également au secteur de la pêche qui a supporté ces mesures"

La situation reste critique en Méditerranée

Si le merlu de l'Atlantique fait désormais l'objet d'une pêche durable, les populations méditerranéennes de l'espèce sont dans un état bien plus précaire.

Un récent rapport de la Commission européenne préconise de multiplier par 10 le nombre de merlus en Méditerranée pour atteindre un seuil qui permettrait une gestion durable de l'espèce.

Pour Beatriz Guijarro González, chercheuse en pêche méditerranéenne, qui dirige les évaluations des stocks halieutiques dans cette région, la situation du merlu est "intenable” à long terme. 

Les mesures de conservation actuelles - telles que des fermetures de zones, l'utilisation d'engins de pêche plus sélectifs et la limitation des jours de pêche - ont été mises en œuvre en Méditerranée 20 ans plus tard que dans l'Atlantique, et il est encore trop tôt pour en évaluer les résultats.

La mer est généreuse. Avec les mesures adéquates, elle peut reconstituer ses ressources. Il y a des limites à ne pas franchir, mais si nous agissons avec sagesse, nous pouvons être sûrs que le poisson reviendra.
Javier López
Directeur de campagne pour la pêche durable à Oceana

Mais la situation semble s'améliorer.

"Le merlu est surexploité, mais d'après nos données, il ne risque plus de disparaître", explique Beatriz Guijarro González. "Une partie importante de la population, les femelles de grande taille, vit dans des zones généralement inaccessibles à la pêche. Cela permet de maintenir la population au fil des ans, malgré la surexploitation en cours".

Comment réagissent les pêcheurs ?

Au port d'Alcúdia, le capitaine du navire de pêche Punta des Vent, Joan Jesús Vaquero Enseñat, admet que le secteur de la pêche s'est d'abord opposé aux restrictions, mais qu’il les considère aujourd'hui comme justifiées, même si la pêche est désormais limitée à quatre jours par semaine.

"La plupart d'entre nous, les capitaines de pêche, ne sont pas contre, nous soutenons cette approche. Après tout, il s'agit de nos ressources. Nous dépendons des richesses de la mer et nous nous engageons à les protéger et à les conserver", déclare-t-il.

Aujourd'hui, le nombre de merlus de Méditerranée commence à se rétablir lentement.

Selon Javier López, il faut toutefois rester prudent. L'espèce reste vulnérable et pourrait encore décliner. Mais si les mesures adéquates sont mises en place, les chances de rétablissement de l'espèce sont bonnes.

"La leçon à retenir est qu'il ne faut pas attendre une crise pour agir. Une action précoce permet d'éviter des problèmes plus complexes et des répercussions socio-économiques", explique-t-il.

"La mer est généreuse. Avec les mesures adéquates, elle peut reconstituer ses ressources. Il y a des limites à ne pas franchir, mais si nous agissons avec sagesse, nous pouvons être sûrs que le poisson reviendra".

Journaliste • Vincent Reynier

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