Si La Niña arrive bel et bien en Europe, elle succédera à un été instable causé par les effets d'El Niño.
D'après le Centre de prévision du climat de la National Oceanic and Atmospheric Administration, il y aurait près de 60 % de chances pour que le phénomène La Niña se produise dès cet automne, et dure potentiellement jusqu'en mars.
La Niña a pour effet d'abaisser la température de l'eau et de l’air dans la zone Pacifique équatoriale. Mais comme El Niño, elle peut provoquer des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier.
Les phénomènes La Niña et El Niño peuvent tous deux avoir des répercussions majeures sur les conditions météorologiques mondiales, y compris en Europe, bien que ceux-ci diffèrent largement selon les zones géographiques, et en fonction des conditions météorologiques locales. Ce qui permet difficilement d'anticiper avec une grande précision leurs effets dans le ciel de l'UE.
Quel pourrait être l'impact de La Niña sur l'hiver cette année en Europe ?
Au début du mois, les experts de l'Organisation météorologique mondiale ont estimé qu'il y avait une forte probabilité pour que La Niña apparaisse entre octobre et février.
Selon les scientifiques, cet hiver sera probablement marqué par un phénomène La Niña dont l'intensité devrait être faible à modérée, et qui pourrait s'étioler début 2025.
Le plus souvent, La Niña entraîne des températures plus froides que la normale en Europe occidentale. Les prévisionnistes s'attendent donc à une baisse des températures sur le continent, à l'approche des mois de novembre et décembre.
La Niña a également tendance à générer des conditions météorologiques plus humides et plus froides dans les Alpes, ce qui peut entraîner des chutes de neige plus fréquentes et plus abondantes. De quoi réjouir un peu les nombreuses stations, qui avaient pâti du manque de neige.
Début octobre, certaines parties d'Europe occidentale et centrale ont été touchées par plusieurs tempêtes qui finissaient leur trajectoire en provenance de l'Atlantique.
La France, le Royaume-Uni et la Scandinavie devraient être les régions les plus froides à partir d'octobre, avec des températures probablement plus basses cet hiver que l'année dernière.
Qu'est-ce que La Niña, et à quelle fréquence intervient-elle ?
La Niña se caractérise par des changements dans les températures des vents et des océans dans le Pacifique, par l'intensification des alizés et par la remontée des eaux froides des profondeurs de l'océan.
Il en résulte des températures océaniques plus fraîches que la moyenne dans l'est du Pacifique, qui influencent la position du courant-jet, une fine couche d'air circulant d'ouest en est autour du globe, et le poussent vers le nord.
Ce courant-jet se trouve alors au-dessus de l'océan et son niveau d'humidité peut avoir pour effet d'accroître les précipitations et d'influencer la trajectoire des tempêtes.
Quel est le lien entre La Niña, El Niño et le dérèglement climatique ?
Si certains chercheurs estiment que le lien entre le dérèglement climatique et les phénomènes La Niña et El Niño n'est pas clairement établi, il est certain qu'il accentue les phénomènes météorologiques extrêmes à l'échelle mondiale.
Ces dernières années, les précipitations sont devenues plus aléatoires, s'écartant davantage des moyennes historiques et des schémas habituels.
Selon un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'augmentation des gaz à effet de serre liée aux combustibles fossiles a également accru la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.
Selon le climatologue Paul Roundy, les algorithmes ont du mal à faire le distinguo entre les variations normales d'El Niño et de La Niña, et l'influence du réchauffement climatique sur les océans et l'atmosphère.
"Je ne dirais pas que le dérèglement climatique ne provoque pas des épisodes plus fréquents d'El Niño", a déclaré Paul Roundy à l'agence de presse AP. "On peut donc avoir plusieurs épisodes de La Niña, et peut-être que dans 40 ou 50 ans, on verra le contraire".