Alors que l'objectif des accords de Paris semble de plus en plus inatteignable, des acteurs de la cause climatique s'interroge sur les leviers réels pouvant être actionnés lors des conférences sur le Climat.
En signant l'accord de Paris lors de la COP21 en 2015, les dirigeants du monde se fixaient l'objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°. À l'aube de la COP29, soit près de 10 ans plus tard, cet objectif semble de plus en plus abstrait pour certains acteurs de la cause climatique, la limite fixée de température ayant été dépassée pendant une durée de douze mois entre 2023 et 2024.
Soulignant le fossé entre l'espoir que représentait l'accord de Paris et la réalité actuelle, ceux-ci expriment leur scepticisme quant au pouvoir d'action des COPs successives, mettant notamment en cause le mode de prise de décisions lors de ces conférences.
Les COPS , d'une utilité relative selon Greta Thunberg
En amont de la COP 27 en 2022, la militante écologiste Greta Thunberg relativisait déjà l'utilité réelle de telles conférences sur X : "Les personnes au pouvoir n'ont pas besoin de conférences, de traités ou d'accords pour commencer à prendre des mesures concrètes en faveur du climat. Ils peuvent commencer dès aujourd'hui. "
La prise de décision ralentie par l'approche multilatérale
Pour qu'une décision soit actée lors d'une COP, les 197 pays participants doivent tous être signataires du traité de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. De même, les mises à jour de l'Accord de Paris ne peuvent se faire qu'avec l'adhésion de toutes les parties.
Si l'approche multilatérale des COPs confère une légitimité aux décisions qui y sont prises, celle-ci ralentit toutefois le processus décisionnaire, selon Michai Robertson, négociateur principal en matière de finances pour l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) en 2023."C'est généralement frustrant parce que vous devez vraiment aller au rythme de votre personne la plus lente", reconnaît-il.
Le nombre record des lobbyistes aux COPs
Robin Wells, directeur de l'association britannique Fossil Free London, pointe quant à lui le nombre record de lobbyistes des énergies fossiles à la COP28, des acteurs susceptibles d'entraver les avancées en matière de politique climatique, selon lui.
"La COP est polluée par l'argent sale. Pourquoi sinon ce processus serait-il jamais parvenu à bloquer un seul projet relatif aux combustibles fossiles ? ", fait-il remarquer avant d'ajouter : "La COP doit changer de toute urgence afin de ne plus jamais être accueillie par des États pétroliers, fréquentée par des lobbyistes de l'industrie ou coupable d'exclure ceux qui ont le plus à perdre. "
Des leviers pour une action climatique effective
En vertu de l'Accord de Paris, les États doivent se soumettre à un bilan mondial tous les cinq ans, et rendre compte de leur progrès en matière de de réduction des émissions. Selon Anthony Burke, professeur de politique environnementale, l'obligation de rendre des comptes pourrait constituer un moyen de pression pour les contraindre à agir.
Le professeur plaide par ailleurs pour une approche plus tactique de l'action climatique, axée sur des secteurs d'émission particuliers, en faisant voter des traités à l'Assemblée générale des Nations unies, laquelle n'a besoin que d'une majorité des deux tiers des électeurs.
"L'initiative du traité de non-prolifération des combustibles fossiles, aujourd'hui approuvée par 14 pays, est d'une portée impressionnante, selon Anthony Burke, en faveur d'un traité sur l'élimination du charbon, qui pourrait ensuite être étendu au pétrole et au gaz.
Le professeur avance également le recours à la Justice Internationale comme levier d'action climatique. En 2023, Le Vanuatu a appelé la Cour internationale de justice de se prononcer sur les obligations légales des États en matière de lutte contre le changement climatique. L'État insulaire du Pacifique Sud a également fait pression pour que la CPI reconnaisse l'écocide comme le cinquième crime international prévu par le statut de Rome.