I talk: Viviane Reding

I talk: Viviane Reding
Par Euronews
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“Bienvenue dans I talk, ici au coeur du Parlement européen à Bruxelles. L’occasion pour vous de poser vos questions aux décisionnaires de notre continent. Je m’appelle Alex Taylor et je ferai en sorte que vous obteniez des réponses. Notre invitée aujourd’hui c’est Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Justice, des Droits fondamentaux et de la Citoyenneté, vaste domaine. Bonjour, Mme Redding, merci d‘être avec nous.”

Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Justice, des Droits fondamentaux et de la Citoyenneté :

“Tout le plaisir est pour moi.”

Alex Taylor :

“Des questions courtes, des réponses concises, c’est le principe d’I Talk. On écoute tout de suite la première question :”

“Je m’appelle Nena Georgantzyi, de Grèce. Je voudrais poser une question sur la Charte fondamentale des droits de l’homme. Elle n’accorde pas de compétence particulière à la Commission européenne pour prendre des mesures positives en terme de droits. Mme Reding croit-elle que ce type de mesure positive est nécessaire afin que les droits fondamentaux soient réellement appliqués ? Parce qu’aujourd’hui ils ne sont que théoriques.”

Alex Taylor :

“La charte a-t-elle de l’influence ? Ou est-ce que ce ne sont que des idées ?”

Viviane Reding :

“Il est beaucoup question d’idées et je pense que c’est important parce que cela définit les valeurs de l’Europe. Certaines de ces valeurs deviennent des lois nationales, d’autres font l’objet de lois européennes. Quand on parle de la liberté de mouvement des citoyens européens, c’est quelque chose qui figure noir sur blanc dans la charte et doit être appliqué par l’Europe.”

Alex Taylor :

“Est-ce suffisamment appliqué par les gouvernements nationaux ?”

Viviane Reding :

“Ca dépend. Les accords de Shengen par exemple doivent être supervisés par l’Union européenne et la Commission, c’est ce que fait la Commission. Nous allons publier une étude sur les acquis de Shengen afin de renforcer les droits des citoyens à la liberté de mouvement.”

Alex Taylor :

“C’est justement l’objet de la question suivante. On l‘écoute tout de suite :”

“Bonjour, Sahid Nihat, je suis Belge, je voudrais poser une question à Mme Reding. Pensez-vous qu’on respecte le droit des citoyens en fermant certaines portions des frontières européennes ?”

Alex Taylor :

“Et bien, c’est une question que vous avez déjà évoquée. La France et l’Italie ont commencé à fermer leurs frontières à cause de la crise tunisienne…”

Viviane Reding :

“Je pense qu’il n’y a pas eu de crise tunisienne. On a vu 10 000 Tunisiens se déplacer vers le Nord, et cela ne ressemble pas à une crise…”

Alex Taylor :

“…. Ce n’est pas l’avis de la France et de l’Italie qui ont subitement fermé leurs frontières.”

Viviane Reding :

“Oui, ils ont eu tort, j’estime que la fermeture de frontières ne peut se produire que pour des situations très graves et sur la base d’une décision à l‘échelle de l’Europe.”

Alex Taylor :

“Comme… ? Qu’est-ce qui serait très grave ?”

Viviane Reding :

“On peut imaginer que des hooligans veulent passer pour un match de football. Cela peut engendrer de graves problèmes de contrôle des frontières. On peut aussi imaginer une épidémie grave qui se propage nécessitant le contrôle des marchandises, mais certainement pas le fait de voir 10 000 Tunisiens arriver en Europe.”

Alex Taylor :

“Bien, on passe à notre troisième question pour Viviane Reding :”

“Pensez vous que l’Union européenne puisse jouer un rôle en faveur de la légalisation du mariage homosexuel dans tout ses Etats membres ?”

Alex Taylor :

“Il y a de réelles disparités d’un pays à l’autre : la Grande Bretagne autorise le mariage gay, pas la France. Les positions diffèrent également selon les pays pour l’adoption. Les homosexuels ne sont pas tous égaux au sein de l’Union européenne.”

Viviane Reding :

“Les lois sur le mariage et la famille et la définition même du mariage et de la famille ne sont pas du ressort de l’Union européenne. Il s’agit très clairement de compétences nationales.”

Alex Taylor :

“…Mais pourquoi ? Pour ceux qui souffrent de ne pas pouvoir se marier, c’est un problème européen, c’est leur problème.”

Viviane Reding :

“Oui mais voyez-vous, l’Union européenne ne peut faire que ce qui lui est permis par le Traité. Et le Traité prévoit que les questions relatives à la famille et au mariage restent dans le domaine des compétences nationales.”

Alex Taylor :

“A titre personnel, qu’en pensez-vous ?”

Viviane Reding :

“Je n’ai pas à porter de jugement à ce sujet. C’est ce que les 27 ont décidé ensemble avec leurs parlements et c’est ce que je dois faire appliquer.”

Alex Taylor :

“Ok, question suivante :”

“Bonjour, je m’appelle Irina Leone, je suis de nationalités italienne et néerlandaise, mes parents sont divorcés. Je voudrais savoir quelles lois existent pour les enfants de parents divorcés et de nationalité différente ?”

Alex Taylor :

“J’ai été assez étonné. Plus d’un million de cas de divorce dans l’Union concernent des personnes de nationalité différente. Et les enfants dans tout ça ?”

Viviane Reding :

“Et il y en aura de plus en plus à cause de la liberté de mouvement et de la liberté de se marier avec qui bon vous semble, sous je ne sais quelles conditions de l’Etat membre dans lequel vous vous mariez. Mais une fois encore, nous n’avons pas de droit de regard sur la loi sur le mariage ou la loi sur le divorce. Ce que j’essaie de faire c’est de faciliter la liberté de mouvement des individus, pour que lorsque des ressortissants de différents Etats membres veulent divorcer il soit clairement définit quelles lois s’appliquent et ainsi éviter que le partenaire le plus fort ne se rue au tribunal au préjudice du partenaire le plus faible. Aussi concernant les enfants il existe des règles très claires.”

Alex Taylor :

“Ok, Viviane Reding, on écoute la question suivante :”

“Bonjour, je suis Jose Miguel García, je viens d’Espagne et je voudrais savoir quels types de lois sont mises en oeuvre afin de protéger les enfants sur l’internet. Merci beaucoup.”

Alex Taylor :

“Les enfants doivent-ils être protégés de l’internet ? De toute évidence c’est parfois le cas, mais il y a aussi la question de la censure.”

Viviane Reding :

“Je pense que les parents devraient savoir davantage ce qu’il se passe sur internet. C’est pourquoi nous avons développé le “programme pour l’internet plus sûr” grâce auquel nous informons les enseignants, les parents et nous leur permettons d’aider leurs enfants afin qu’ils soient mieux protégés.

J’ai également rencontré les responsables des réseaux sociaux pour que l’identité des enfants soit secrète par défaut, afin que les prédateurs ne puissent pas faire de mal aux jeunes enfants.”

Alex Taylor :

“Que répondez-vous aux parents qui disent : “mais ce n’est pas ma responsabilité. Il devrait y avoir des lois pour protéger les enfants. Des lois existent bien pour les protéger d’autres choses”.

Viviane Reding :

“Il y a des lois pour protéger les enfants. Ce qui est illégal l’est aussi sur internet. Cela n’empêche pas les prédateurs et les criminels de naviguer sur internet. Donc les parents doivent aider leurs enfants à être très prudents quand ils utilisent ce outil merveilleux qu’est l’internet. Mais les criminels aussi utilisent cet outil.”

Alex Taylor :

“Ok, question suivante :”

“Bonjour, je m’appelle Johanna Klütter, je suis Allemande. Je voudrais savoir ce que fait l’Union européenne pour protéger les données personnelles.”

Alex Taylor :

“Vaste question. Comment protégez-vous nos données personnelles, et quel type de données doivent être protégées ?”

Viviane Reding :

“Toutes sortes de données personnelles. Nous avons un principe très fort en Europe, et qui est également inscrit dans nos traités : mes données personnelles m’appartiennent, et vous ne pouvez les utiliser que si je vous donne ces informations et que je vous autorise à les utiliser. Et je peux également reprendre mes données si je ne veux plus que vous les utilisiez. C’est pourquoi nous allons proposer de nouvelles lois sur la protection des données afin de les adapter au nouveau monde de l’internet, parce que les lois qui existent aujourd’hui s’appliquent au monde d’avant, quand il n’y avait pas l’internet.”

Alex Taylor :

“Oui mais vous faites également face aux multinationales – banques et entreprises – qui ne respectent pas forcément toutes ces lois européennes, parce qu’elles veulent avoir accès à nos données personnelles pour les aider à faire du profit.”

Viviane Reding :

“C’est tout à fait exact. C’est pour cette raison que nous avons des loi très fortes. Une seule phrase suffit pour vous répondre si vous me permettez : Si une entreprise veut s’adresser aux citoyens, aux consommateurs européens, elle doit se conformer à la loi européenne, point final.”

Alex Taylor :

“Et bien c’est justement le principe d’I Talk, questions courtes, réponses concises. On passe maintenant à notre dernière question :”

“Les politiques sur le droit d’asile vont-elles faire l’objet d’une harmonisation européenne ?”

Alex Taylor :

“C’est une bonne idée d’avoir les même règles d’asile à travers l’Europe ? Il s’agit de droits de l’homme. Nous devrions tous appliquer les même droits.”

Viviane Reding :

“Tout à fait nous devrions avoir les même règles d’asile et je me réjouis de constater que les jeunes, essentiellement, sont très inquiets face à la gestion très restrictive par les gouvernements, des droits d’asile.

Le droit d’asile est un droit de l’homme. Si vous êtes en danger dans votre pays d’origine, nous avons le devoir de vous protéger. Mais si vous n‘êtes pas en danger, et que vous êtes un immigrant clandestin nous avons aussi la possibilité de vous renvoyer dans votre pays. Dès lors c’est très clair pour ceux qui peuvent prétendre à l’asile et c’est très clair pour les immigrés clandestins.”

Alex Taylor :

“Merci beaucoup Viviane Reding. C’est tout pour ce numéro d’I Talk. Pour le prochain rendez-vous, vous pouvez d’ores et déjà poser vos questions à Daniel Cohn-Bendit, co-président des Verts européens ici au Parlement européen. A bientôt.

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