La Russie fait passer en Ukraine un test à l’alliance transatlantique

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Par Stefan GrobeEuronews
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Moscou a effectué le long de la frontière ukrainienne le plus grand déploiement de troupes depuis l’invasion de la Crimée.

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Le rassemblement de troupes russes le long de la frontière avec l’Ukraine inquiète les capitales européennes. Jamais depuis sept ans Moscou n’avait déployé autant de moyens militaires dans cette région. Pour l’UE et les Etats-Unis ces mouvements sont une épreuve de force et de diplomatie lancée par le président russe Vladimir Poutine. Euronews a interrogé Ian Brzezinski, chercheur à l’Atlantic Council.

Euronews :

Ces bruits de bottes russes, c’est un test auprès du président américain Joe Biden et de ses partenaires transatlantiques ?

Ian Brzezinski :

C’est très certainement un test mais c’est plus que cela car les Russes ont déployé des moyens significatifs, c’est le mouvement militaire le plus important le long de la frontière ukrainienne depuis 2014. En fait selon le Général Walter, le commandant en chef des Alliés en Europe, ce déploiement de force est similaire à celui observé juste avant l’invasion de la Crimée. Donc ce n’est pas seulement un test il s’agit aussi des capacités que la Russie pourrait activer très rapidement. Cela doit être considéré avec beaucoup d’attention non seulement par l’Ukraine mais aussi par les partenaires transatlantiques.

Euronews :

Est-ce que Vladimir Poutine est prêt pour une guerre qui pourrait être plus éprouvante et plus mortelle que lors de l’annexion de la Crimée ?

Ian Brzezinski :

Ma crainte est que la réponse occidentale aux provocations russes, qui n’ont cessé de progresser depuis 2014, reste mesurée avec des sanctions partielles et des déploiements graduels. Tout cela n’a pas vraiment dissuadé la Russie, cela a même encouragé Vladimir Poutine à poursuivre ses ambitions de revanche. Je crains que Vladimir Poutine soit prêt pour un nouveau conflit en Ukraine.

Euronews :

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères était à Bruxelles cette semaine pour dire au secrétaire général de l’Otan et au secrétaire d’Etat américain que cette fois son pays voulait plus que des encouragements. Jusqu’où souhaite aller l’Occident ?

Ian Brzezinski :

Nous allons le voir. Joe Biden a beaucoup d’influence et de crédibilité. Ce qui doit être fait dans l’immédiat, face à la menace immédiate posée par la Russie sur l’Ukraine, ce serait de déplacer des troupes en Ukraine. Je pense que nous devrions déployer une brigade internationale dans l’ouest du pays pour des exercices, un peu comme les exercices russes à la frontière est de l’Ukraine. Cela compliquerait les plans militaires russes. Ensuite il est temps de commencer à articuler des sanctions fortes si la Russie devait lancer de nouvelles hostilités contre l’Ukraine. Et là je ne parle pas des sanctions cosmétiques américaines et occidentales contre les agressions russes du passé. Je parle de sanctions contre des secteurs économiques qui auraient un impact sur l’économie russe et donc sur la politique intérieure russe.

Euronews :

Joe Biden a proposé de rencontrer Vladimir Poutine dans un pays tiers pour atténuer les tensions. Quelles sont les chances de voir cette rencontre ?

Ian Brzezinski :

C’est difficile à dire. Vladimir Poutine a besoin de reconnaissance donc je serais surpris qu’il refuse. Mais ces rencontres sont inutiles si elles ne sont pas complétées par des actions sur les points que je décrivais : un mouvement important de positions et l’articulation de sanctions prêtes à être déclenchées. Voilà le contexte qu’il faudrait pour un sommet bilatéral efficace.

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