"Il y a une terre de peur en Ukraine"

Le président du International Rescue Committee et ancien ministre britannique des Affaires étrangèrs David Miliband
Le président du International Rescue Committee et ancien ministre britannique des Affaires étrangèrs David Miliband Tous droits réservés Bilal Hussein/AP
Par Stefan GrobeEuronews
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L'ancien ministre britannique des Affaires étrangères et actuel président du International Rescue Committee, David Miliband, s'est rendu en Ukraine pour évaluer les besoins humanitaires sur place.

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Des centaines de civils ont pu être évacués de la ville ukrainienne de Marioupol grâce à la coordination de l’ONU et du Comité international de la Croix-rouge (CICR). D’autres évacuations sont annoncées mais sans assurance d'une éventuelle suspension des combats. L'aciérie d'Azovstal est la dernière poche de résistance ukrainienne de la ville portuaire face aux forces russes.

Euronews a interrogé David Miliband, président et directeur du International Rescue Committee et ancien ministre britannique des Affaires étrangères.

Euronews :

Selon vos informations quels sont les besoins humanitaires sur le terrain ?

David Miliband :

Je reviens d'un déplacement en Moldavie et en Ukraine où je me trouvais en début de semaine. Je pense que tous vos téléspectateurs savent qu'il y a une terre de peur en Ukraine. C'est la peur des personnes qui ont quitté leur maison, des millions de personnes. 5 millions de personnes ont traversé la frontière pour rejoindre l'Europe et il y a entre 5 et 7 millions de déplacés dans le pays. Les personnes que j'ai rencontrées ont laissé derrière elles des pères, des frères, des maris qui se battent. Ces personnes ont fui, parce qu'elles avaient peur pour leur vie, avec peu de chose et d'énormes besoins en matière de soins de santé, d'aide financière et de soutien réel pour faire face au traumatisme qu'elles vivent toutes.

Euronews :

Quels sont les besoins les plus urgents en Ukraine ?

David Miliband :

Je pense que la situation en Ukraine se divise en deux catégories. Tout d'abord il y a les villes assiégées, Marioupol est évidemment le cas le plus extrême. La priorité humanitaire sur place est de maintenir les habitants en vie, d’assurer l'accès à l'eau, aux soins de santé et de pouvoir se nourrir. Dans le reste du pays, c'est relativement sûr, relativement sûr, j'insiste. Les besoins sont de soutenir les moyens de subsistance économiques, ce que l'International Rescue Committee fait en distribuant de l'argent, comme je l'ai vu moi-même, et en soutenant les soins de santé, en aidant le gouvernement ukrainien à soutenir le système de santé qui a été soumis à des contraintes extrêmes.

Euronews :

Dans quelle mesure l'Ukraine est-elle différente des autres guerres où votre organisation est intervenue ?

David Miliband :

L'Ukraine est très très différente sur un point, à savoir qu'il s'agit d'une guerre entre Etats. Mais à d'autres égards, le conflit ukrainien représente le point culminant de ce que j'appelle l'ère de l'impunité. L'impunité signifie des actions sans conséquence, des crimes sans condamnation. Et ce que nous voyons en Ukraine et ailleurs ce sont des menaces sur la vie des civils.

Euronews :

Une question à l'ancien ministre des Affaires étrangères. Est-il possible véritablement de trouver une solution diplomatique ?

David Miliband :

Les guerres se terminent soit par la victoire d'un camp, soit par l'épuisement des deux camps. Je pense que ce que nous avons vu au cours des deux derniers mois c'est qu'il n'y aura pas une victoire claire de la Russie, de voir la Russie s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine, ce qui était le but à l'origine de cette guerre. Mais je pense qu'actuellement nous sommes loin de l'épuisement des deux côtés. Et cela ouvre la voie à un très long défi pour le peuple ukrainien avant tout, mais aussi pour les voisins européens qui doivent faire face aux conséquences du conflit. Je pense que personne ne peut savoir ce que le président Vladimir Poutine va dire lors de son discours, lundi, du 9 mai, le jour de la victoire de la Seconde Guerre mondiale. Mais je pense qu'il est très important, tout en espérant le meilleur en termes de solution diplomatique, de prévoir le pire. Et c'est certainement ce que nous faisons en tant qu'organisation humanitaire.

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