L'UE repousse le vote final sur l'interdiction des moteurs à combustion

La proposition prévoit l'interdiction à la vente à partir de 2035 des voitures diesel et à essence
La proposition prévoit l'interdiction à la vente à partir de 2035 des voitures diesel et à essence Tous droits réservés Michael Sohn/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.
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Par Jorge Liboreiro
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Les ambassadeurs de l’UE décident de reporter le vote prévu mardi qui devait entériner cette mesure forte du Pacte vert. L’Allemagne souhaite une exemption pour les véhicules qui fonctionnent aux carburants de synthèse.

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L'UE repousse le vote final sur l'interdiction des moteurs à combustion et révèle ainsi des divergences croissantes entre les États membres.

Les 27 ont décidé vendredi matin de reporter le vote sur la ratification de l'interdiction en 2035 de la vente de nouveaux véhicules à moteur à combustion. Cette suspension reflète le mécontentement croissant à l'égard de l'une des mesures phares pour atteindre la neutralité climatique d'ici le milieu du siècle.

Le texte prévoit que toutes les nouvelles voitures et camionnettes vendues sur le marché de l'UE présentent une réduction de 100 % des émissions de CO2, une disposition qui exclura de fait tous les véhicules diesel et à essence.

L’UE a fixé 2035 comme date butoir car la durée de vie moyenne d’une voiture est de 15 ans. Or le Pacte vert vise à rendre l'ensemble de l'économie européenne neutre en CO2 d'ici 2050.

Le vote de vendredi des ambassadeurs de l'UE était considéré comme une simple formalité après l**’accord provisoire en octobre dernier** entre le Conseil de l'UE et le Parlement européen qui maintenait intacte l'échéance de 2035.

Le Parlement a approuvé en janvier le document avec une marge étroite de 340 députés pour et 279 contre. Le texte a ensuite été transmis aux ambassadeurs pour préparer le feu vert final.

Mais à l'approche du vote de vendredi, un certain nombre d'États membres ont intensifié leur opposition.

L'Allemagne, l'Italie, la Pologne et la Bulgarie ne cachent pas leurs inquiétudes depuis plusieurs semaines, croit savoir Euronews.

Ensemble, les quatre Etats membres auraient été en mesure de mettre en place une minorité de blocage.

L'Allemagne, leader mondial de l'industrie automobile, fait campagne pour que les voitures qui fonctionnent aux carburants synthétiques, également connus sous le nom d'e-carburants, soient exclues de l'interdiction de 2035.

Ces électro-carburants sont une technologie émergente dont l'empreinte carbone et la viabilité commerciale sont contestées par les organisations environnementales.

Le ministre allemand des Transports, Volker Wissing, membre du parti libéral FDP, a déclaré en début de semaine qu'il avait demandé à la Commission européenne une nouvelle proposition visant à introduire l'exemption des e-carburants mais qu'il n'avait pas reçu de réponse positive de l’institution.

"Dans le contexte de l'énorme parc automobile que nous avons, rien qu'en Allemagne, il ne peut y avoir de compromis pour le FDP sur les limites du parc, que si l'utilisation des e-carburants est également possible", a insisté Volker Wissing.

Il n'est pas clair combien d'autres pays étaient également prêts à voter contre la loi.

L'Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie ont demandé l'été dernier que l**'interdiction soit reportée de 2035 à 2040**. Ils plaidaient pour un délai supplémentaire afin d'adapter les infrastructures existantes.

Leur demande commune n'a pas obtenu le soutien nécessaire pour faire basculer les rapports de force. Mais depuis vendredi la situation est désormais différente.

Face à l’incertitude du résultat, la Suède, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE, a décidé vendredi de reporter le vote.

Les ambassadeurs "reviendront sur la question en temps voulu", déclare un porte-parole suédois, sans fournir de date précise.

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A Bruxelles, la Commission européenne refuse de commenter le retard de procédure et les déclarations des ministres. Elle se dit en "mode écoute" pour comprendre les réserves émises par certaines capitales.

"La proposition que nous avons faite est basée sur la neutralité technologique quant à la manière d'atteindre l'objectif d'avoir des voitures à zéro émission de CO2 à partir de 2035", explique une porte-parole de la Commission. Elle insiste sur le fait que la mesure ne vise pas des carburants spécifiques mais l'effet aggravant qu'ils ont sur la crise climatique.

La porte-parole souligne que la législation comporte un considérant qui permettra d'examiner les développements technologiques réalisés d'ici 2026 dans le domaine du transport à émissions nulles. Cette étape pourrait en principe ouvrir la porte à l'exemption de nouveaux types de carburants durables.

Mais le considérant n'est pas juridiquement contraignant et il appartient à la Commission européenne de le déclencher.

"Ce considérant est là pour que nous le mettions en œuvre", ajoute la porte-parole. "Nous voulons mieux comprendre ces préoccupations, en particulier les nouvelles préoccupations, avant de décider de la meilleure façon de procéder."

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Depuis Rome, le ministre italien des Transports, Matteo Salvini, un détracteur virulent de l'interdiction de 2035, s'est ouvertement attribué le mérite du report, le qualifiant de "grand signal."

"La voix de millions d'Italiens a été entendue, et notre gouvernement a démontré qu'il offre des arguments de bon sens (...) pour défendre notre histoire et notre travail", écrit Matteo Salvini sur son compte Twitter.

"Il y a encore un long chemin à parcourir mais nous ne nous vendrons pas à la Chine".

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