Les pays de l'UE ne parviennent pas à se mettre d'accord sur une prolongation de 10 ans de l'utilisation du glyphosate

Les États membres de l'UE n'ont pas approuvé la prolongation de 10 ans de l'utilisation du glyphosate vendredi.
Les États membres de l'UE n'ont pas approuvé la prolongation de 10 ans de l'utilisation du glyphosate vendredi. Tous droits réservés Seth Perlman/AP2010
Tous droits réservés Seth Perlman/AP2010
Par Mared Gwyn JonesGregoire Lory
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié
Cet article a été initialement publié en anglais

Les États membres de l'UE ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans l'utilisation du glyphosate, une substance chimique controversée utilisée dans les herbicides.

PUBLICITÉ

Plusieurs États membres, dont la France, se sont abstenus lors d'un vote vendredi au sein d'un comité d’experts à l'issue de deux jours de discussions techniques à Bruxelles.

L'Autriche, le Luxembourg et la Croatie ont voté contre l'extension proposée par la Commission européenne.

En l'absence de majorité qualifiée, pour ou contre la prolongation, un comité d'appel va maintenant réexaminer le texte. Un second vote devrait avoir au cours de la première quinzaine de novembre.

Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé vendredi qu'un "dialogue" pouvait encore avoir lieu entre les États membres afin de parvenir à un compromis. De nombreuses capitales ont exprimé leurs inquiétudes quant à l'impact de l’herbicide sur la santé humaine et sur la biodiversité.

Si une majorité qualifiée n'est pas atteinte en novembre, ce sera alors à la Commission de prendre la décision finale sur le renouvellement.

En septembre, l’institution a recommandé de renouveler l'approbation de l'utilisation du glyphosate sur le marché de l'UE pour une période supplémentaire de 10 ans. Dans un rapport publié en juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) indiquait n'avoir trouvé "aucun domaine critique de préoccupation".

La Commission a toutefois reconnu que l'analyse de l'EFSA comportait des lacunes dans les données et n'avait pas permis de tirer des conclusions sur certains aspects, notamment en ce qui concerne l'alimentation des consommateurs.

Le glyphosate est une source de controverse depuis que le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondial de la santé a classé en 2015 l’herbicide comme "cancérogène probable".

En début de semaine, Euronews s'est entretenue avec Sabine Grataloup, dont le fils Théo est né avec de graves malformations après avoir été exposé à un désherbant à base de glyphosate alors qu'il était dans l'utérus de sa mère.

Pour tenter de convaincre les États membres, la Commission européenne a cherché à introduire des mesures d'atténuation des risques, notamment des bandes tampons de dix mètres autour des zones pulvérisées et l'utilisation de buses spécifiques pour réduire la "dérive de pulvérisation".

L'ONG Pesticide Action Network (PAN) Europe, qui avait violemment critiqué la proposition de renouvellement de la Commission, a salué la décision des Etats membres.

"Nous considérons qu'elle (la proposition de la Commission) ne prend pas en compte toutes les preuves scientifiques que nous avons que le glyphosate nuit à la santé humaine et à l'environnement et que, par conséquent, selon la loi européenne, il devrait être interdit", explique Angeliki Lysimachou, responsable science et la politique de PAN Europe.

"Le combat n'est pas encore terminé, mais il y a une date limite", ajoute-t-elle. "La Commission et l'Europe se sont engagées à réduire la dépendance aux pesticides et à adopter des méthodes alternatives telles que des solutions plus naturelles et respectueuses de l'environnement. La prolongation de l'utilisation du glyphosate pour dix ans est vraiment inquiétante".

L'Autriche et le Luxembourg avaient précédemment annoncé qu'ils s'opposeraient au renouvellement de l'autorisation.

En septembre, le ministre allemand de l'Agriculture a mis en garde contre les menaces que le glyphosate fait peser sur la biodiversité et a souligné la nécessité d'une élimination progressive coordonnée au niveau européen.

Selon des sources diplomatiques, l'Italie a voté vendredi en faveur de la prolongation de 10 ans, mais sous certaines conditions, notamment l'interdiction de l'utilisation du glyphosate lors de la collecte des récoltes.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Le pape François participera pour la première fois au G7 en juin prochain

Des milliers d'Espagnols manifestent pour Pedro Sanchez empêtré dans un scandale de corruption

Guerre en Ukraine : nouvelles attaques russes contre le secteur énergétique, Kyiv lance des drones d